Les sorties d'album sont tellement nombreuses chaque année qu'il nous arrive de passer à côté de très beaux albums. Alors, pour commencer 2024, nous avons voulu, une semaine durant, faire un focus sur des albums de 2023 que nous n'avions pas eu le temps de traiter.
Aujourd'hui, nous vous parlons de Reign of the Reaper, quatrième album des Suédois de Sorcerer.
Lors du Hellfest Open Air 2022, Sorcerer avait été l’une des révélations marquantes de cette édition, proposant pour son premier concert en France, une prestation habitée. Lamenting of the Innocent, troisième opus et petit joyau de doom épique sorti en 2020 avait en effet permis au combo suédois (pourtant formé en 1988) d’enfin se faire un nom dans nos contrées. Fort de cette réputation à la fois sur scène et en studio, nous attendions donc avec impatience ce quatrième album.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Reign of the Reaper est dans la lignée de son prédécesseur et ne déçoit pas. Bien sûr, aucun titre ne se hisse à la hauteur de « Lamenting of the Innoncent », le titre éponyme de l’opus précédent, mais des compositions telles que « Morning Star » ou « Reign of the Reaper » sont portés par la voix puissante d’Enders Engberg.
Tout comme sur l’album précédent (ainsi qu’en live comme nous l’avions constaté au Hellfest), le chanteur est impérial et donne toute son identité au groupe. D’ailleurs le collectif suédois arrive à s’extraire de ses influences parfois marquées (pour résumer Candlemass et le Black Sabbath des années Tony Martin) et propose une musique toujours plus personnelle qui tire désormais plus sur le heavy traditionnel (« The Underworld ») que le doom (à l’exception de « Break of Dawn »), parfois agrémentée de chœurs épiques ou de growls discrets (« Morning Star », « Reign of the Reaper »).
Outre le chant (Engberg se distingue d’ailleurs comme l’un des meilleurs vocalistes du style, avec un timbre à la fois clair et rocailleux), la musique de Sorcerer se remarque également par les lignes de guitare de Kristian Niemann (ex-Therion, dont on retrouve parfois le côté lyrique). Ces dernières raviront à la fois les amateurs de plans techniques et de shred époustouflant (« Curse of Medusa » ou « Unveiling Blasphemy ») sans jamais sacrifier l’approche mélodique (comme sur la seconde moitié du solo de « Unveiling Blasphemy »). Car c’est en effet une autre des forces du quintette suédois, celui de toujours proposer des mélodies et des refrains immédiatement assimilables (« Reign of the Reaper », « Thy Kingdom Will Come ») à reprendre en chœur le poing levé lors des prestations live.
« Eternal Sleep » est peut-être le titre la composition la plus classique de l’album, introduite par une jolie mélodie de guitare acoustique, mais à la succession couplet / refrain peu aventureuse. L’exercice de la ballade avait été mieux réussi trois ans auparavant à travers « Deliverance ». Mais les sept autres morceaux constituant ce quatrième album rattrapent largement cette (très légère) baisse de régime.
Alors certes, depuis le précédent album, la surprise de la découverte est passée et la claque ressentie lors de la première écoute de Lamenting of the Innocent n’est pas reproduite ici. Reign of the Reaper n’en reste pas moins un grand album, où toutes les attentes sont satisfaites et où le groupe sait mettre en avant ses nombreuses qualités d’écriture et d’interprétation. De quoi faire en sorte que Sorcerer règne en Maître sur la scène heavy / doom.
Tracklist :
Morning Star
Reign of the Reaper
Thy Kingdom Will Come
Eternal Sleep
Curse of Medusa
Unveiling Blasphemy
The Underworld
Break of Dawn
Disponible depuis le 27 octobre 2023 chez Metalblade Records.