Derek Sherinian et Ron "Bumblefoot" Thal sont deux noms bien connus dans le monde du rock et notamment du prog. Les deux compères reviennent avec un nouveau projet, Whom Gods Destroy. Ils se sont adjoint les services de noms moins connus mais tout autant talentueux : le chanteur multi facettes Dino Jelusick, le batteur Bruno Valverde et Yas Nomura à la basse. Ensemble ils sortent le 15 mars leur premier opus intitulé Insanium. Alors, simple copie de Sons of Apollo ou vrai pas en avant pour le duo ?
Derek Sherinian et Ron "Bumblefoot" Thal sont notamment connus pour avoir fait partie du supergroupe Sons of Apollo en compagnie de Mike Portnoy, Jeff Scott Soto et Billy Sheehan. La pandémie ayant largement mis fin à leurs projets, les deux compères ont décidé de continuer leur collaboration pour former Whom Gods Destroy. A leurs côtés, des noms moins connus mais tout autant talentueux : Dino Jelusick, chanteur multi facettes qui a travaillé avec Whitesnake et Trans-Siberian Orchestra, le batteur Bruno Valverde que les fans d'Angra connaissent bien ainsi que Yas Nomura à la basse.
Le premier single d'Insanium, "In the Name of War" transportait les fans en terrain connu puisqu'il démarrait avec des arpèges jazzy de Derek Sherinian, tout à fait le genre de section qui semble tirée d'un de ses projets solo. Néanmoins, les plus sceptiques étaient rapidement rassurés avec la puissance émanant des riffs presque djent et de la voix très agressive de Dino. Alors certes le côté Sons of Apollo est toujours là, sur les refrains notamment, mais le groupe a clairement voulu passer un cap. Il perd quasiment le côté hard rock cher à Jeff Scott Soto pour passer du côté moderne du prog. En témoigne le travail très intéressant de Derek Sherinian au niveau du sound design. On retrouve certes ses sons signatures dans les soli ou dans l'intro d' "Over Again" avec cet orgue hammond puissant, mais en tendant l'oreille, dans beaucoup de titres, on se surprend à découvrir des parties plus techno, plus proches de groupes comme Haken.
La modernité est également apportée par Dino Jelusick qui donne tout simplement une masterclass sur l'intégralité de l'album. Proche de Jeff Scott Soto sur "Over Again", il se veut plus lyrique à la Russell Allen sur "Insanium" ou très agressif à la Meshuggah sur la plupart des titres comme "Crucifier". Le Croate est clairement la révélation de l'album et permet d'apporter une vraie diversité sur l'intégralité des titres.
Cette hétérogénéité dans les styles est également la force du groupe. Chacun a une identité profonde liée par ce metal progressif moderne. Notons la très agréable ballade "Find My Way Back", belle respiration dans un album qui globalement déroule sans compromis des riffs et des soli. Ce titre lorgne plus du côté lyrique d'Ayreon avec son ambiance seventies, son mellotron et son orgue hammond. Même constat pour "Keeper of the Gate" qui ravira les fans de groove metal à la Extreme. On retrouve ce côté sexy qu'on aimait tant chez Sons of Apollo mais avec plus de modernité.
Le groupe se repose tout de même sur ses racines prog metal, le tout soutenu par une section rythmique hyper solide. La basse de Yas Nomura a l'occasion de briller sur des titres extrêmement heavy comme "The Decision" qui dévoile un déluge de riffs asymétriques à la Meshuggah. On voit déjà venir les détracteurs du prog qui voudraient passer leur chemin devant une certaine complexité annoncée. Oui, les riffs sont audacieux mais l'autre force du groupe est de proposer des lignes mélodiques et de chant assez lisibles et surtout des refrains mémorables comme celui d' "Over Again".
Alors il est vrai que sur la longueur, surtout si vous connaissez la discographie de Bumblefoot et Derek Sherinian, il peut pointer une petite lassitude notamment lors des soli. Ils sont certes impressionnants et très bien exécutés mais à force, on connait les gimmicks des deux complices. Un exemple flagrant est l'instrumentale "Hypernova 158" qui n'apporte pas forcément grand chose, c'est l'exemple classique d'un titre instrumental prog de plus qui ne révolutionne pas le monde de la musique.
Par contre les fins connaisseurs des deux musiciens peuvent se reposer sur quelques morceaux très solides et novateurs comme "Crucifier", ou "Crawl". Avec des bases prog faciles à reconnaître, le groupe retrouve ce côté moderne proche d'Haken qui permet de casser une éventuelle lassitude. L'album se termine par le morceau éponyme, très classique avec un petit côté Symphony X sur la fin. Mais il faut absolument écouter le bonus track qui a le mérite de clore l'album de façon plus audacieuse avec un lead sublime de Sherinian et de très belles parties guitares de la part de Bumblefoot.
Alors qu'on n'attendait pas forcément de grosses nouveautés de la part de Sherinian et Bumblefoot qui évoluent dans un style reconnaissable, ce premier opus de Whom Gods Destroy est une très bonne surprise. Dès le premier album, le groupe semble avoir trouvé son style grâce notamment à de belles prises de risques de la part de Derek et à un casting de très haute qualité. On espère que le groupe passera la barre du live et que Dino Jelusick viendra nous y mettre une belle claque.
Tracklist
1. In The Name Of War
2. Over Again
3. The Decision
4. Crawl
5. Find My Way Back
6. Crucifier
7. Keeper Of The Gate
8. Hypernova 158
9. Insanium
10 Requiem
Sortie le 15 mars sur le label Inside Out Music. L'album est disponible à l'achat ici
Crédit photos : Greg Vorobiov et Inside Out Music