Sci-Fi or Die !
Après leur concert au Hellfest, qui marquait la première visite de Vektor en Europe, David DiSanto, chanteur et guitariste, et Blake Anderson, batteur, ont accordé quelques minutes à La Grosse Radio aux cours desquelles ils ont évoqué leurs aspirations en tant que groupe, leurs influences et surtout l'état d'avancement de leur prochain album et une idée de ce qu'il contiendra.
Merci David et Blake de nous accorder cette interview. Vous avez donné au Hellfest votre premier concert en Europe. Qu’en avez-vous pensé ?
David : Ce n’est pas seulement notre premier concert en Europe, c’est aussi le meilleur !
Blake : Ouais, c’est notre meilleur concert en Europe [rires]. C’était excellent, le public était dingue, tous les groupes sont géniaux, on passe un super moment.
Aviez-vous déjà entendu parler du Hellfest avant de venir jouer ?
David : oui, on en avait entendu beaucoup de bien, et on le constate aujourd’hui. Avant de venir, notre plus gros concert s’était tenu devant 1000 personnes. Aujourd’hui, je n’ai pas compté le nombre de personnes qui sont venues nous voir, mais c’était énorme.
Blake : Valait mieux pas essayer ! C’était juste énorme.
Est-ce que vous vous attendiez à voir autant de monde ?
David : Pas du tout. Vu qu’on jouait à 12h50, on se demandait si les gens viendraient, et finalement la réponse a été très positive.
Vous avez parlé de groupes géniaux qui jouent au Hellfest. Lesquels vous intéressent ?
David : J’espère que je pourrai voir Absu, je suis déçu parce que Testament joue en même temps et je ne sais pas quel groupe choisir, je suis déjà déçu parce que j’ai raté Aura Noir. J’espère que je pourrai aussi voir Kreator. Je serai aussi à NoFX, je pense que je suis le seul du groupe à vouloir les voir…
Blake : Il y sera tout seul ! [rires] J’ai très envie de voir Cryptopsy et Immortal, de toute façon on y sera tous, il y a aussi Voivod, Sleep… Il y a plein de groupes qu’on veut voir !
Quelle vision de la France aviez-vous avant de venir ici ?
Blake : Des membres de ma famille avaient déjà visité la France et m’en avaient parlé, donc je ne suis pas tombé des nues quand j’ai vu ce que c’était, même si j’ai vu de très belles choses.
David : Les gens nous ont traités de bien meilleure manière que ce à quoi on s’attendait. Je sais pas si c’est parce qu’on est des metalleux, et donc qu’on ne ressemble pas aux américains typiques, mais on n’a eu aucun problème à ce niveau.
Avez-vous déjà pensé à une éventuelle tournée européenne ?
Blake : Pas immédiatement, le Hellfest est pour l’instant notre seule date en Europe. Nous ne savons pas exactement quand, mais nous comptons de toute évidence faire une tournée en Europe.
David : Ce concert est le résultat de notre première opportunité de voyager en dehors des Etats-Unis. Nous avions toujours voulu jouer en Europe, mais nous n’avions juste pas les moyens de payer les billets d’avion. Là, notre voyage a été financé et nous avons sauté sur cette opportunité.
Blake : Après la sortie du prochain album, nous aurons quelque chose à promouvoir, avec en plus le concert au Hellfest dans notre liste de dates, donc ce sera une belle opportunité pour faire une tournée en Europe. Nous verrons bien ce qui arrivera.
Avez-vous hâte d’arriver à cette étape ?
David : Bien sûr ! Cela fait des années que nous voulons jouer en Europe !
Blake : Les metalleux américains voient l’Europe comme le Paradis et se disent "un jour, j’y arriverai !" En termes de fans et d’évènements, c’est l’endroit où il faut être.
Outer Isolation, votre deuxième album, est sorti il y a un an et demi. Avez-vous déjà pensé au suivant ?
Blake : En fait, on en est déjà à la moitié du processus de composition. On est toujours en train de travailler dessus.
David : L’écriture est actuellement notre objectif principal. On travaille sur un album concept, on a déjà quelques chansons qu’il reste à peaufiner. On aura peut-être fini à la fin de l’année, on verra. Nous essayons de ne pas nous presser et de donner le meilleur de nous-mêmes.
Est-ce que votre signature chez le label Earache a accéléré le processus ?
David : Non, nous avions déjà à travailler dessus commencé à ce moment-là. C’est assez facile de travailler avec eux, ils n’essaient pas de nous pousser ou de nous forcer. Nous faisons un nouvel album sous notre propre initiative.
Blake : Peu importe sous quel label il sort, on continue à faire de la musique à notre manière. Le dernier était sorti sous Heavy Artillery, le prochain sortira sous Earache, c’est tout ce qui change.
Puisque vous avez déjà commencé à travailler dessus, avez-vous des pistes sur la direction prise, est-ce qu’on peut le comparer aux deux albums que vous avez déjà sortis ?
David : Il y a un genre de mélange entre Outer Isolation et Black Future, mais aussi quelques nouveaux éléments. Nous gardons quand même notre son, ça reste du thrash technique, ou du thrash progressif si vous préférez.
Blake : Il y a certaines choses qu’on a jamais faites qui se retrouveront sur cet album, ce qu’on essaie toujours de faire d’ailleurs, de nous élargir et de garder de la fraicheur dans notre musique. Par rapport à Outer Isolation, je dirais qu’il est un peu plus rock, mais les parties techniques sont encore plus techniques… C’est dur à expliquer, nous considérons que nous franchissons avec cet album une nouvelle étape, c’est dans la logique des choses.
Le terme "thrash progressif" est relativement rare. Comment définissez-vous vos influences ?
Blake : Elles viennent d’un peu partout. On aime le rock, le punk, le black metal, le thrash metal…
David : On a des influences variées qu’on inclut dans notre style en tant que musiciens et avec ça on construit le concept du groupe lui-même. C’est pour cela qu’on trouve de tout dans le son de Vektor.
Si chacun participe au son du groupe, est-ce que c’est la même chose pour le processus de composition ?
David : En gros, j’écris les riffs, Blake ajoute sa patte à la batterie, Frank [Chin] s’occupe de la basse, Erik [Nelson] pose ses solos et ses harmonies…
Blake : Nous écrivons chacun nos propres parties, mais David est le compositeur principal en ce qui concerne la structure générale des chansons. On y apporte tous notre patte, on change quelques arrangements, mais David reste le compositeur principal et le parolier.
En termes de paroles justement, peut-on considérer Outer Isolation comme un concept album ?
David : Ce n’était pas l’intention de base, mais disons que toutes les chansons que j’avais écrites à ce moment-là avaient des thèmes communs, notamment la découverte de soi-même, sur le plan philosophique.
Blake : Vu qu’il contient certaines chansons qui étaient déjà écrites il y a quelques années et qu’on a retravaillées, comme "Tetrastructural Minds", cela ne peut pas être un concept-album à proprement parler. Le prochain, en revanche est écrit dans l’optique d’un album-concept sur le plan musical.
David : L’ensemble sera conceptuel, alors qu’Outer Isolation est constitué d’un ensemble de concepts qui se trouvent être liés.
Puisqu’il est pensé comme un concept, avez-vous déjà une idée concernant les paroles ?
Blake : Oui, cette fois-ci, on travaille sur les paroles en même temps que la musique, de manière à ce que les deux s’imbriquent, alors qu’avant on posait les paroles quand la musique était déjà finie. Cet ensemble prendra tout son sens quand tu écouteras la musique en lisant les paroles en même temps.
David : Avec les riffs, j’associe une idée, de manière à mettre des mots sur les riffs que je trouve. Une fois le processus de composition fini, on solidifie les paroles, en se calquant sur l’idée de base.
Il semblerait que cette année marque le 10e anniversaire de Vektor, avez-vous prévu de faire quelque chose pour fêter ça ?
David : Non, on fera peut-être quelque chose pour les 10 ans de Black Future, mais pas avant. J’avais quelques idées de riffs vers 1999, ensuite, notre premier enregistrement "officiel", la démo Nucleus, a été effectivement enregistrée en 2003, mais à l’époque il y avait d’autres musiciens et cela sonnait comme un groupe totalement différent, même si j’étais dedans. Nous avons réellement solidifié Vektor en 2007, quand Blake et Frank ont intégré le groupe.
Tu as donc commencé à faire du thrash à la fin des années 90, quand le genre n’était plus vraiment populaire, qu’est-ce qui t’a mené à cela ?
David : J’ai commencé avec le punk rock , notamment The Exploited et English Dogs, et, à partir de là, j’ai continué à évoluer en écoutant des choses plus heavy et plus rapides. Je crois que Seasons In The Abyss de Slayer est mon premier album de metal, ensuite il y a eu Kill’Em All de Metallica, Schizophrenia de Sepultura, Eternal Devastation de Destruction… et ainsi de suite, je me suis dit "Il faut que je fasse ça, avec ma propre patte !". Je pense que je suis tombé dedans grâce à Roadrunner, qui rééditait tous ces albums légendaires à la fin des années 90. Je n’ai jamais téléchargé, je préférais chercher dans les rayons.
Vektor est étroitement lié à la science-fiction. Pourquoi ?
David : Parce que ça déchire ! [rires]
Blake : Ce n’est pas bien plus compliqué que ça ! Nous aimons tous la science-fiction [David montre son tatouage "Sci-Fi or Die" à l’épaule, Blake montre le sien au mollet]. Nous y rattachons des thèmes philosophiques, ou même politiques, dans les paroles. Tu aussi prendre une expérience personnelle et en faire une métaphore. Si l’histoire de base n’est pas explicitée, on y retrouve la même thématique.
David : Tu peux aussi prendre une problématique qui est complexe actuellement, l’imaginer évoluer sur 1000 ans et dire "si on continue comme ça, ce vraiment sera la merde".
David, à propos de ta voix, est-ce que c’est un style que tu travailles ou est-ce que c’est ta manière naturelle de chanter ?
David ; Oui, c’est naturel, il faut juste que j’arrête de fumer avant que cela ne change complètement ma voix. Je ne fais que des cris expirés, je n’inspire pas en chantant, c’est probablement pour ça que c’est assez fort.
Nous vous laissons le dernier mot pour les fans français.
Blake : Merci d’être venu nous voir en concert, c’était génial.
David : Restez connectés en vue du prochain album ! Sci-Fi or Die !
Photos d'ambiance par Ju de Melon.
Photo live : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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