En ce mois d’avril, Lyon et Paris avaient la chance de recevoir deux légendes du heavy britannique pour le prix d’une. Live-report croisé pour l’occasion, avec le récit du concert parisien et les photos du concert lyonnais.
Saxon
Judas Priest comme Saxon ont beau être de relatifs habitués des terres hexagonales, cela n’empêche pas le public d’être toujours au rendez-vous. A peine quelques minutes après le début du set de Saxon, la salle est déjà bien remplie. Depuis quarante-cinq ans, le quintette britannique délivre un heavy metal typique, qui a contribué à façonner le genre. Si sur disque, on peut trouver que cela finit par être un peu répétitif, parce que moins novateur que des formations comme Iron Maiden, sur scène, le groupe est dans son élément, et continue d’envoyer une énergie remarquable, malgré l’âge qui commence à être avancé des musiciens.
Le public a dans un premier temps l’air d’apprécier sans que ce ne soit non plus la folie. Mais entre chaque titre, les acclamations fusent, amplifiées par un Biff Byfford qui en rajoute, faisant des signes pour augmenter le volume. Le chanteur est extrêmement en forme et sa puissance vocale toujours impressionnante. Il scande presque à toute allure les paroles de « Heavy Metal Thunder » et va même jusqu’à du chant saturé sur « Crusader ». Il parle un peu sans trop en faire et se déplace sur scène avec un flegme qui tranche avec l’énergie de la musique, condescendant à peine à mettre un pied sur un praticable ou sauter approximativement trois secondes en début d’un morceau.
Ses quatre comparses ne sont pas en reste, Nigel Glockler perché avec sa batterie en haut de l’escalier central, les deux guitaristes Brian Tatler et Doug Scarrattet ainsi que le bassiste Nibbs Carter en bord de scène, tout est carré. Les deux guitaristes alternent les soli d’école. S’ils sont assez statiques, le bassiste va et vient sur scène, harangue la foule, monte sur les praticables et semble nettement plus agité que les autres.
Les morceaux tour à tour lourds ou rapides, parfois vraiment agressifs (pour le genre) s’enchainent. Le groupe a clairement mis l’accent sur sa première partie de carrière, dans la première moitié des années 80, avec quatre de ses six premiers albums représentés sur scène. A l’exception du titre éponyme de Sacrifice, seul le dernier album Hell, Fire and Damnation (dont le rédaction vous dit tout le bien qu'elle pense ici) est également présent, avec trois titres.
Le public s’agite de plus en plus, notamment sur les gros classiques comme « Heavy Metal Thunder », « Dallas 1st PM » ou « Crusader » (Byfford demandera d’ailleurs au public de choisir entre quelques titres, ces deux derniers remportant les suffrages). Les quatre membres en bord de scène headbanguent en rythme au centre de la scène, notamment vers la fin sur « Princess of the Night » où ils prennent de grandes poses de guitar hero. A part quelques plongées dans l’obscurité tandis que retentissent divers bruitages, la scénographie reste très épurée. Après plus d’une heure de show, les Britanniques tirent leur révérence sous les acclamations après que le chanteur a remercié à la fois le public et ses « bons amis de Judas Priest ».
Setlist
Hell, Fire and Damnation
Motorcycle Man
Sacrifice
There's Something in Roswell
And the Bands Played On
Madame Guillotine
Heavy Metal Thunder
Strong Arm of the Law
Crusader
Dallas 1 PM
Denim and Leather
Wheels of Steel
Princess of the Night
Judas Priest
Quand "War Pigs" retentit dans la sono, une bonne partie du public reprend le titre culte de Black Sabbath. S'ensuit une musique plus orchestrale, présentée comme l'hymne de la tournée Invincible Shield. Et là, l'immense drap reprenant les paroles du morceau éponyme, qui masquait la scène, tombe, dévoilant les cinq Anglais sur l'escalier menant à la batterie de Scott Travis. Tout en arborant des poses de guitar heroes un peu cliché et donc parfaitement irrésistibles, ils lancent avec conviction "Panic Attack", morceau très efficace du dernier album en date. Le public est à fond dès le début.
Tous les musiciens sont en place, ça joue bien, c'est plein d'énergie. La musique du combo, très ancrée dans le heavy metal mais un peu plus aventureuse que celle de Saxon, prend encore plus d'ampleur sur scène. Les deux guitaristes Richie Faulkner et Andy Sneap (remplaçant de Glenn Tipton) occupent chacun un côté de la scène, le bassiste Ian Hill est en retrait au pied de la batterie.
Rob Halford arpente la scène, et les débuts sont en retrait, avec une voix très en-dessous des instruments. Ce qui est probablement dû à un problème technique, puisqu'au bout de deux ou trois chansons, cela ne s'entend quasiment plus. Le chant reste par ailleurs très maîtrisé, et le vocaliste, entre deux passages derrière un rideau pour changer ses manteaux brillants, impressionne lors de ses nombreuses montées dans les aigus, récoltant à cette occasion des acclamations fournies (on peut citer « Love Bites » ou encore "Victim of Changess.
Côté scénographie, c'est fourni sans en faire trop. Plusieurs écrans sur des palissades et en fond diffusent différents visuels liés de plus ou moins près aux chansons (des émeutes sur "Breaking The Law" , c'est assez logique, comme Nosferatu sur « Love Bites »). Un immense fanion s'agite au fond sous les courants d'air, et une gigantesque croix à trois branches, symbole du groupe, diffuse la lumière de projecteurs fixés dessus. Elle descend parfois sur scène – Rob Halford va même s'y accrocher à mi-descente comme pour l'amener sur scène.
Pour les musiciens, c'est pareil : de l'interaction sans trop en faire. Le chanteur s'adresse régulièrement au public, très enthousiaste depuis le début. Les guitaristes haranguent aussi la fosse à tour de rôle. On finit par voir apparaître quelques slams et divers mouvements de foule. On voit aussi les musiciens régulièrement prendre la pose, seuls ou à plusieurs. Grand moment d'ailleurs sur le break de « The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) », où Faulkner et Sneap alternent les soli de guitare, Halford courant de l'un à l'autre.
Comme pour Saxon, on est plutôt sur un enchaînement de classiques, sur une période cependant plus étendue, du deuxième album de 1976 Sad Wings Of Destiny à Painkiller de 1990, plus « Lightning Strike » de Firepower et trois titres du dernier opus qui donne son nom à la tournée. Difficile de résister à « Turbo Lover » et « Breaking the Law », entonnés par toute la fosse.
Judas Priest conclut sur « The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) » de Fleetwood Mac puis l’indémodable « Painkiller » avant de revenir pour le rappel. Et là, comme d'habitude, des vrombissements retentissent, et Halford revient seul sur scène chevauchant sa Harley-Davidson, avant que le groupe n'entame « Electric Eye » puis « Hell Bent for Leather ». S'ensuivent « Metal Gods » et l’irrésistible « Living after Midnight », pour lesquels le guitariste Glenn Tipton rejoint ses comparses. Il a officiellement quitté le groupe il y a quelques mois car souffrant de la maladie de Parkinson, mais est revenu en invité sur quelques dates. A cette occasion, tout le public dans les gradins est debout.
Le concert semble être passé plus vite que la moto de Halford sur scène. Pas de temps mort, pas de faute de goût. Le frontman, qui a déjà assuré que ce dernier concert de la tournée devait se dérouler dans une ville spéciale, et qu’ils savaient que cela devait être Paris, donne rendez-vous au Hellfest en juin - le groupe sera auparavant au Heavy Week-end Festival de Nancy le 23 juin.
Pendant tout le concert, le chanteur n’aura cessé de remercier le public de « garder vivant l’esprit du heavy metal », rappelant que Judas Priest a contribué à fonder le genre avec Black Sabbath. Les années passent mais les prêtres de Judas méritent toujours autant leur culte.
Setlist Judas Priest :
Invincible Shield Tour Anthem
Panic Attack
You've Got Another Thing Comin'
Rapid Fire
Breaking the Law
Lightning Strike
Love Bites
Devil's Child
Saints in Hell
Crown of Horns
Turbo Lover
Invincible Shield
Victim of Changes
The Green Manalishi (With the Two Prong Crown)
Painkiller
Electric Eye
Hell Bent For Leather
Metal Gods
Living After Midnight
Crédit photo : Florentine Pautet - photos prises lors du concert à la Halle Tony Garnier de Lyon le 5 avril 2024. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe.