C'est parti pour le deuxième jour du Heavy Week-End. Le line-up du jour un peu plus heavy quoique très éclectique, avec les Français de Sortilege, les Danois Pretty Maids qui font leur grand retour, Megadeth et Deep Purple.
La météo s'annonce un peu plus clémente que la veille mais on sent tout de suite qu'il y a moins de monde à quelques minutes de l'ouverture des portes en ce deuxième jour du Heavy Week-End : très peu de queue pour accéder au parking et moins de monde dans les gradins et la fosse. Selon la presse, 10 000 personnes ont fait le déplacement contre 15 000 la veille. Exit l'avant scène qui permettait aux groupes de s'approcher un peu des gradins, on est sur une configuration classique.
Sortilege - 17h30
Avec deux minutes d'avance, Sortilège prend possession de la scène du Heavy Weekend sans chichis, comme des roadies qui viendraient installer le matos. Et pourtant, le groupe est acclamé directement par de nombreux fans qui se bousculent à la barrière. D'emblée, "Amazone" met tout le monde d'accord. Alors certes le frontman Christian Augustin n'a plus sa forme d'antan mais il tient parfaitement la barre. Il va chercher directement le public qui lui répond. Même les cieux semblent verser une larme et bénissent le public d'une petite bruine. Le groupe continue avec "Phoenix", extrait de l'album éponyme et même s'il date de 2021, ça chante toujours parmi les fans. Bruno Ramos, impérial sur tout le set, gratifie l'auditoire d'un magnifique solo de guitare. Da formation d'origine, il ne reste que Christian mais il a su s'entourer de musiciens de qualité qui font le show.
Le chanteur annonce qu'il est temps de chasser le dragon, et instantanément le public y met de la voix. Les flammes se font sentir, Olivier Spitzer (guitare rythmique) saute, Bruno est hyper communicatif. Visiblement, le groupe est très en forme et ravi d'être là. Le tout récent "Poseidon" montre toute l'étendue du talent de Christian lorsqu'il monte dans les aigus sur le refrain. Clément Rouxel à la batterie est magistral et tellement polyvalent entre parties metal, hard rock et latines. Retour en arrière avec "Progéniture". Olivier harangue la foule, qui tape dans les mains et chante, du moins dans la fosse, les gradins restant plus timides.
Le groupe enchaîne sur un combo issu de l'album Métamorphoses avec tout d'abord le classique "Délire d'un Fou", que Christian introduit en expliquant qu'on vit dans une époque de dingue et que les politiques devraient tous être enfermés. Sur le refrain il montre que son vibrato n'a pas disparu et se permet même de pousser plus haut vers la fin. Les paroles très souvent descriptives de Sortilège peuvent manquer parfois de poésie, mais l'interprétation de Christian donne une nouvelle dimension en live. "D'Ailleurs" est encore une fois bien accueilli par le public. Dommage que la basse de Sébastien Shaget soit un peu en retrait et mangée par la batterie de Clément qui dégomme tout sur son passage.
Avant de sortir LE tube du groupe, retour au nouvel album Apocalypso avec "Vampire" et son riff très rock 'n roll. Un mini pogo se forme, Bruno et le lightshow sont survoltés. Christian feint même de mordre au cou Sebastien et Olivier. Puis vient le temps pour le chanteur de démarrer a cappella "Sortilege". La communion entre le groupe et le public est totale, les flammes se déchaînent autour de la fosse et pour nous achever, Christian remonte dans les aigus.
Pour un début de journée, Sortilège nous a fait vraiment plaisir et nous a même gâté. Malgré un public clairsemé, les fans ont répondu présent et ont transmis tout leur amour pour un groupe iconique qui le mérite vraiment.
Setlist Sortilege :
Amazone
Phoenix
Chasse le Dragon
Poseidon
Progéniture
Délire d'un Fou
D'Ailleurs
Vampire
Sortilège
Pretty Maids - 18h35
Petit événement sur la scène du Heavy Week-End, le retour des Danois de Pretty Maids. Plus vus en France depuis six ans et après une longue pause due aux problèmes de santé du chanteur Ronnie Atkins, ils ont seulement joué deux dates chez eux au Danemark quelques jours plus tôt. La France est donc gâtée car ce concert est le seul hors de Scandinavie. Les attentes étaient donc grandes, tout comme les craintes de voir un groupe affaibli. Eh bien que nenni ! Le groupe démarre à l'heure devant une fosse un peu plus remplie et immédiatement Ronnie montre, sur "Mother of All Lies", morceau devenu classique, qu'il est en forme et content d'être là avec son compère de toujours Ken Hammer (guitare). Le son n'est pas encore au top, les claviers de Chris Laney sont vraiment en retrait mais peu importe, le public assiste au retour des Danois et ça fait vraiment plaisir. C'est donc parti pour un voyage qui va nous emmener des années 80 aux sorties plus récentes du groupe. Le très power metal "Pandemonium" confirme la puissance de Ronnie. Quant à Ken, c'est lui le patron : il est posé, balance ses riffs et charge Rene Shades à la basse de faire le show. Puisque ce début de setlist est antéchronologique, elle revient aux sources avec "Back to Back" issu du premier album. Après une intro inspirée de Carmina Burana, Chris prend sa guitare pour envoyer en compagnie de Ken, des gros riffs influencés par la New Wave of British Heavy Metal. Ce classique est repris en chœur par le public, et cette fois-ci même les gradins s'y mettent. "Red, Hot & Heavy" et son refrain implacable enfonce le clou. Ken nous gratifie d'un petit solo sympa et Allan Tschicaja semble possédé, tel un John Bonham : ça frappe très fort et très précis.
L'atmosphère se réchauffe avec le plus récent "Serpentine" : les flammes sont de sortie, notamment lors du final. L'énergie du groupe et la chaleur du public chassent les nuages et le soleil pointe le bout de son nez pour la première fois du week-end. Ronnie fait chanter le public sur "I.N.V.U", qui annonce une partie plus calme du concert avec notamment "Please Don't Leave Me", reprise de John Skyes. Le public chante toujours et visiblement, de chaque côté de la scène, il y a un plaisir partagé. Ronnie annonce "Little Drops of Heaven" et montre encore une fois ses qualités de frontman. Pour achever en beauté, le groupe puise dans l'album Future World avec "Love Games" et le morceau éponyme. Retour dans les années 80, riffs classiques, Ken assure avec un sublime solo et la foule accompagne le groupe en tapant des mains. "Future World" clôt donc la soirée avec ses riffs plus heavy, belle transition pour Megadeth. Ronnie, en chef d'orchestre, se permet même de faire chanter le public.
Pour un retour sur scène, le groupe a montré qu'il était toujours en forme, avec un Ronnie en pleine possession de ses moyens, accompagné par Ken toujours aussi solide. Le public a su être réceptif et beaucoup ont savouré la chance de voir Pretty Maids. Espérons que ces quelques dates de concerts (une demi douzaine cet été en Scandinavie) donnent envie au groupe de poursuivre l'aventure.
Setlist Pretty Maids :
Mother of All Lies
Pandemonium
Back to Back
Red, Hot & Heavy
Serpentine
I.N.V.U
Please Don't Leave Me
Little Drops of Heaven
Love Games
Future World
Megadeth - 20h05
Vu les t-shirts portés par le public du Heavy Week-End, aucun doute sur la tête d'affiche : beaucoup sont là pour Megadeth. Le parterre est bien rempli : en effet, l'organisation a enlevé les barrières qui séparaient le bas des gradins de la fosse. Une foule chauffée à bloc accueille à coups de "Megadeth, Megadeth" la bande à Dave qui démarre avec ponctualité. Et là, le Zénith de Nancy bascule dans un autre monde. Si le public a été réactif pour Scorpions la veille ou vient de réserver un bel accueil à Pretty Maids, la fosse va se déchainer instantanément face aux riffs thrash.
Cela commence sans répit avec "The Sick, the Dying...and the Dead!" extrait du dernier album du même titre. Les flammes sont de sortie et le groupe démonte tout sur son passage. Malheureusement Dave Mustaine n'est pas au meilleur de sa forme dans les aigus, le son ne permet pas de distinguer vraiment les paroles. Cela s'améliore sur "Dream and the Fugitive Mind". Derrière les fûts, Dirk Verbeuren explose tout avec ses bras dignes d'une pieuvre tentaculaire. Le petit nouveau Teemu Mäntysaari gratifie l'auditoire d'un solo très technique. Deux chansons et le public est déjà sous le charme. Il retombe un petit peu sur "Angry Again" mais donne de la voix à chaque fin de morceau en scandant le nom du groupe.
"Hangar 18" permet au bassiste James LoMenzo de prendre un peu le devant de la scène en haranguant la foule. La force de Megadeth est définitivement de proposer des riffs iconiques pour faire participer la fosse, entrecoupés de soli techniques impressionnants. Pas de répit pour "Sweating Bullets" : les premiers slams commencent. Ce morceau permet à Dave d'être plus à l'aise dans le registre bas avec ses intonations cyniques. Mais c'est vraiment à partir de "She-Wolf" qu'on ne tient plus les fans : ça pogote sévère, le tout rythmé par la double grosse caisse de Dirk Verbeuren qui donne tout ce qu'il a et qui guide le public sur l'intro de "Trust". Toujours dans le même registre, Dave reste le maître. Ensuite vient LE temps fort du set, celui que tout Français attend : "A Tout le Monde", tellement facile à chanter avec son refrain dans la langue de Molière. Le public s'en donne à cœur joie dans ce moment de belle communion entre les fans et le groupe. Dave en semble même ému à la fin du morceau et remercie les fans. Sur des riffs plus rock 'n roll, "Tornado of Souls" enfonce le clou et Teemu nous crucifie avec un énième solo. On se demande où le groupe va chercher toute cette énergie : le public peut-être ?
Retour au nouvel album avec "We'll Be Back" qui fonctionne vraiment bien. Peut-on faire plus heavy ? Pas sûr mais peut-on faire plus iconique que "Symphony of Destruction" qui suit direct ? Le public danse comme des marionnettes et Dave est comme le Pied Piper (joueur de flûte) d'Hamelin. James et Teemu assurent les chœurs, pour une grosse communion dans l'enceinte du Zénith. Comme si ça ne suffisait plus, le groupe démarre "Peace Sells", au refrain tellement iconique que Dave n'a même pas besoin de chanter. Rattlehead, la mascotte du groupe, vient secouer sa tête sur scène, avant un énorme solo bien thrash. Pour le rappel, Megadeth sort le grand jeu avec "Mechanix" et ses riffs hallucinants balancés par Dave Mustaine et termine le set par "Holy Wars... The Punishment Due". C'est la folie à la fois sur scène, dans la fosse avec un slammeur toutes les secondes, et autour du complexe avec des flammes en veux-tu en voilà.
Même si Dave Mustaine était parfois un peu en dessous vocalement, le groupe a pu compter sur un public d'enfer bien différent de Scorpions qui mérite la palme des fans les plus fidèles. Avec des riffs thrash efficaces et des soli impressionnants, le combo légendaire Megadeth confirme encore son statut indéniable de membre des Big Four of Thrash.
Setlist Megadeth :
The Sick, the Dying… and the Dead!
Dread and the Fugitive Mind
Angry Again
Hangar 18
Sweating Bullets
She-Wolf
Trust
Tornado of Souls
A tout le monde
We'll Be Back
Symphony of Destruction
Peace Sells
Rappel :
Mechanix
Holy Wars... The Punishment
Deep Purple - 22h00
Timing respecté pour Deep Purple qui démarre même son intro deux minutes avant 22h. La fosse du Heavy Week-End est bien remplie, la luminosité faible pour profiter des animations et surtout des nombreux gros plans sur les membres. Car oui, Nancy s'apprête à avoir une belle leçon de musique.
Histoire de calmer tout le monde, le groupe commence par "Highway Star" l'un des classiques de l'album Machine Head (1972). Ian Gillan (chant) arrive tranquillement pendant que ça groove direct du côté du bassiste Roger Glover et du batteur Ian Paice. On sent toutefois que cela va être dur pour le chanteur. Il faut dire que le doyen du week-end a choisi de commencer par une chanson assez technique vocalement. A la six-cordes, Simon McBride, le petit nouveau qui remplace Steve Morse depuis 2022 montre d'entrée qu'il n'est pas là pour rigoler. A peine la foule en délire, Deep Purple décide de casser un peu l'ambiance avec un nouveau titre issu du prochain album =1, intitulé "A Bit on the Side". Don Airey gratifie le public d'un petit solo au clavier et Ian Gillan reprend de l'énergie en faisant mine de boxer à l'arrière de la scène.
Même si les gradins sont clairement moins remplis que pour Scorpions la veille, le groupe a décidé de faire plaisir à ses fans avec un retour dans le passé et se lance dans deux extraits de Deep Purple in Rock (1970) : "Hard Loving Man" et "Into the Fire". Gillan est plus à l'aise dans les médiums mais il semble tout de même fatigué, il fait des allers retours entre la scène et les coulisses à chaque intermède instrumental. Sur le deuxième titre, forcément les flammes sont de sortie et le Zénith est plongé "Into the Fire". Le titre se termine par un solo un peu long de Simon McBride mais ce style d'instrumental est habituel avec Deep Purple. Le guitariste se permet même d'amuser la galerie lorsqu'il reprend "Misirlou". Duo avec Don Airey pour introduire "Uncommon Man" du récent Now What? qui est devenu un classique du groupe et cela se comprend. Dommage encore une fois que le groupe n'adapte pas les lignes de chant pour que Gillan soit plus à l'aise. Le morceau est suivi d'un solo de Don Airey qui est définitivement le chef d'orchestre du groupe. Même si on regrette Jon Lord, le claviériste est devenu un membre à part entière et va jusqu'à se faire servir un verre de vin pendant que sa pédale tient la note de son orgue hammond.
L'intro hyper groovy de "Lazy" résonne dans l'amphithéâtre et voilà que démarre un moment magique. Les flammes accompagnent les riffs de Simon et deviennent le septième homme. Ian Gillan est bien plus à l'aise et nous sort un petit solo d'harmonica. Définitivement LE morceau du set avec ses impros à rallonge. Comme un retour au temps du Made in Japan. L'énergie retombe avec le nouveau single du groupe intitulé "Portable Door". La composition est cependant toujours aussi exigeante et annonce un opus de qualité. Retour en arrière avec "Anya", la foule commence à danser, le chanteur est de plus en plus en forme, puis Don Airey offre un autre solo bien différent, bien plus classique avec de l'orgue d'église et du piano, ponctué de références.
C'est le moment que choisit Deep Purple pour présenter un autre extrait de =1 avec "Bleeding Obvious" une composition très prog. Mais ce que les fans attendent vraiment va arriver : le diptyque Machine Head avec tout d'abord "Space Trucking". Les "Come on" sont compliqués pour Ian qui se met même à tousser. Le morceau permet de faire briller Ian Paice avec un mini solo. Le batteur est un métronome tout en insufflant un groove imparable. S'ensuit LE morceau mythique "Smoke on the Water" qui fait sentir la communion du public avec le groupe. Glover est toujours aussi posé, Gillan, définitivement remis, s'amuse avec le public. Dommage que beaucoup de spectateurs du Heavy Week-End partent car Deep Purple n'en a pas fini. C'est le traditionnel duo "Hush"/"Black Night" qui clôt ce set avec un déluge de flammes et des soli à n'en plus finir. Simon ira même jusqu'au bord de la scène pour jouer au plus près de la fosse.
Les Anglais de Deep Purple ont montré encore une fois qu'ils étaient les patrons et que sans eux, pas de hard rock ni de heavy metal. Dommage que Ian Gillan ait mis autant de temps pour montrer ses capacités. Simon McBride a quant à lui bien pris ses marques, épaulé par les éternels Ian Paice, Roger Glover et Don Airey.
Setlist The Machine :
Highway Star
Bleeding Obvious
No Need to Shout
Into the Fire
Uncommon Man
Lazy
Portable Door
Anya
Bleeding Obvious
Space Truckin'
Smoke on the Water
Rappel :
Hard Lovin' Man
Hush
Black Night
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