Hellfest 2024 – Avenged Sevenfold, le grand retour (vers le futur) du metal contemporain

Avenged Sevenfold -  Jeudi 27 juin – Mainstage 1 – 23h30

Les habitués du Hellfest ont peut être souvenir du dernier passage en France de Avenged Sevenfold (A7X) en 2018. Le groupe, qui finissait alors la promotion de The Stage, sorti deux ans plus tôt, avait délivré une prestation plutôt décevante. Les membres semblaient éreintés par la tournée et le chanteur avait la voix cassée, invitant même un spectateur à venir chanter “Nightmare”. Depuis, le groupe a connu de nombreux rebondissements avant de sortir Life Is But A Dream en 2023. Un album qui a certes divisé, mais qui a surtout été une proposition innovante particulièrement saluée par la critique. Il y avait donc de nombreuses raisons pour assister au show tant attendu des Américains, tête d’affiche du jeudi.

Comme sur ses autres concerts de la tournée, Avenged Sevenfold prépare son entrée avec une bande-son absolument pas metal : Kavinsky et son tube “Nightcall”. Si le public est assez nombreux, il reste facile de circuler pour une tête d’affiche. A7X doit manifestement encore convaincre pour arriver au niveau des plus grosses têtes d’affiches. Tout de suite, on voit que les écrans vont jouer un rôle prépondérant dans l’immersion du show. En effet, ils diffusent des sortes de spores qui évoquent la série post apocalyptique HBO Last Of Us (du jeu vidéo du même nom).L'introduction folk/mélancolique à la guitare jouée simultanément est d’ailleurs similaire au thème musical du jeu, avant une montée en puissance avec une grosse débauche d’énergie. La force du son se ressent lors du riff principal de "Game Over", au côté punk rock à la Bad Religion, notamment dans son refrain, avant de redescendre comme il avait commencé, sur des notes de guitare plus mélancoliques. 

Ambiance HF

Crédit photo : Sara Jisr/@GroovyMochi 

Le morceau “Mattel” et son atmosphère encore plus heavy confirme notre première impression. Celle de puissance et de qualité sonore. Le groupe a travaillé dans les moindres détails son interprétation live. Le son des riffs principaux de guitare de Synyster Gates et de Zack Vengeance sont juste parfaits. La saturation impeccablement ajustée de la guitare apporte un effet de lourdeur, mais aussi une certaine touche de modernité. Un son vraiment unique et authentique. Les effets de guitare ont dû être longtemps travaillés pour trouver la formule idéale en live. Et cela encore plus sur celles du dernier album Life Is But A Dream (LIBAD). Un album véritablement avant-gardiste, tant il mélange les genres. D’ailleurs, disons-le, le son d’Avenged Sevenfold a été l’un des meilleurs de tous les sets du festival, sur la qualité du mix comme des effets.

Juste après retentit le lourd riff d’”Afterlife”, autre classique du groupe. On note alors les effets de réalité augmentée sur les écrans. Les artistes y sont représentés comme s’ils étaient en fumée et que leur corps commençait à s’évaporer. Ce qui permet de créer une immersion encore plus forte dans le show. Le groupe continuera d’ailleurs d’utiliser de tels effets, vraiment bluffants, pendant tout le concert, s’adaptant en temps réel de façon dynamique aux mouvements des artistes. Ce soir, il n'y aura ni pyrotechnie, ni explosions, dont les Américains étaient pourtant particulièrement friands par le passé.

A la fin de la chanson, M. Shadows, le chanteur leader du groupe, commence à communiquer un peu plus avec le public. Il rend hommage aux autres groupes du festival et dédie ainsi à Megadeth une des chansons les plus célèbres d'A7X, “Hail to the King”. Les artistes montrent toutefois une certaine  distance, presque une indifférence, avec le public. Cette impression d’un esprit rock star encore plus assumé contraste un peu avec leur côté plus cool et posé de 2018. Et comment ne pas évoquer le style vestimentaire du groupe, à commencer par la veste blanche de Synyster Gates ! A7X se serait-il un peu “hipstérisé” ces six dernières années ?  Ceci dit, la direction artistique assez sombre du spectacle peut expliquer un peu ce côté sérieux. 

Avenged Sevenfold, récap de leur tournée européenne (Youtube)

Le côté très prog et mélange des genres se matérialise encore plus sur "We Love You”. Elle alterne entre des parties techno un peu malsaines et de gros riffs de guitare, le tout associé aux growls de M. Shadows. Encore une chanson du nouvel album sublimée en live, qui nous a particulièrement marquée. De son côté, Synyster Gates montre qu’il est toujours techniquement très au point en récitant ses gammes à une vitesse hallucinante. Son shred infernal n’a pas pris une ride. 

L’immersion atteint un point d’orgue sur “Buried Alive”, grâce aux écrans hyper réalistes qui donnent l’impression d’être littéralement entourés d’étoiles et dans l’espace. Cela rappelle un peu le thème de l’album The Stage - dont aucun morceau n'est joué ce soir (pas même la très attendue chanson éponyme). L’ambiance change radicalement et devient squelettique et rouge, une fois le pont et le solo passés. Un vrai plaisir visuel et sonore. 

Le groupe entame une nouvelle version live de “Unholy Confessions”, mise en scène avec des flashs lumineux partout sur les écrans, sans oublier un solo de batterie des plus plaisants de la part de Brooks. Cela dit, la palme de la réinterprétation est véritablement la chanson la plus écoutée du dernier album : “Nobody”. L’ambiance en noir et blanc du morceau est assez unique, mais ce qui frappe le plus c’est quand Synyster Gates sort sa guitare spéciale sans tête de manche pour nous en mettre plein les oreilles. Le guitariste a vraiment pris grand soin à étoffer son son et laisser libre cours à son imagination. Tout le set témoigne de son goût à tester différentes sonorités, différents effets. C’est sans doute dans ce domaine qu’il a le plus progressé depuis son dernier live au Hellfest, certes technique mais avec un son beaucoup plus brut et à l’ancienne. 

Crédit photo : Sara Jisr/@GroovyMochi 

Le concert se poursuit avec deux grands classiques du groupe, “Nightmare” et “A Little Piece of Heaven”. Sur la premier morceau, peut être l’hymne d'A7X,  la toute nouvelle production est appréciable. Sur les écrans les artistes se transforment en faucheurs grâce à la réalité augmentée. Sur la deuxième, le côté malsain des paroles ressort bien avec différentes animations de celles-ci sur les écrans. Et notamment le passage du fameux “Eat It, Eat It”. La chanson du défunt batteur The Rev, reste assurément un classique de la formation californienne. 

Place ensuite à une des pépites progressive de Nightmare, à savoir "Save Me". Un morceau de près de dix minutes plus entendu en live depuis 2011 ! La production est aussi visuellement impressionnante avec des effets de fumée et de couleurs sur les écrans, plus vrais que nature. Et le final de cette chanson fait toujours son petit effet.

Enfin, comment ne pas mieux terminer que dans une ambiance étoilée, avec la pépite du dernier album “Cosmic”. Synyster Gates fait une dernière démonstration de son talent, lors d’un solo des plus mémorables. La chanson fait vraiment penser aux premiers albums de Muse (notamment la fin de “Space Dementia” après le solo). Le Hellfest finit le concert la tête dans les étoiles. Ce set a bien été une grosse claque et donne à espérer de revoir le groupe, peut-être dans une grande salle la prochaine fois, pour l'y voir jouer la trilogie de chansons "GOD" du dernier album. Cette performance est sûrement ce à quoi devrait ressembler une jeune tête d’affiche de festival metal, surtout en matière de production et d’innovation technologique sur scène. Avenged Sevenfold a su montrer la voie vers les concerts du futur, perfectionnés à la réalité augmentée ? 

Setlist

Nightcall (intro)
Game Over
Mattel
Afterlife
Hail to the King
We Love You
Buried Alive
Unholy Confessions
Nobody
Nightmare
A Little Piece of Heaven
Save Me
Cosmic

Crédit photos : Sara Jisr/@GroovyMochi 
Reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 



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