Queens of the Stone Age - Dimanche 30 juin - Mainstage 1 - 19h25
Le show des Queens of the Stone Age est particulièrement scruté cette année. Le groupe américain est en effet considéré plutôt comme un groupe de rock, et sa place sur une affiche de festival metal comme le Hellfest fait donc bien débat. Mais Josh Homme et sa bande étaient bien sur scène, après avoir livré des réponses croustillantes en conférence de presse.
Queens Of The Stone Age pour la première fois au Hellfest ! Pour l'occasion, le groupe nous a mis l’eau à la bouche en conférence de presse quelques heures avant son set avec des réponses croustillantes. Une conférence exclusive lors de cette tournée européenne pour les quelques journalistes présents sur place. Nous avons d’ailleurs même pu poser la question au groupe sur la possibilité d’un DVD live pour célébrer la dernière trilogie d’albums. Le leader Josh Homme nous a alors dévoilé le scoop et projet invraisemblable du tournage d’une performance live à l’intérieur des catacombes de Paris ! Particulièrement détendu et en bonne santé, le chanteur américain nous a semblé très content de jouer sur le festival. De quoi s’attendre à un show des plus intéressants.
Le groupe a pourtant longtemps refusé de jouer au Hellfest. Ce à quoi Josh Homme nous a répondu que le groupe aurait dû venir bien plus tôt et qu’il avait été fou de décliner l’invitation par le passé. Mais on peut bien lui pardonner ça. D’ailleurs, le mal est réparé sur scène dès la première chanson avec “Regular John”, qui met d’entrée tout le monde d’accord. Le groupe apparait très décontracté et content d’être là. Ce choix de chanson surprend ceux qui ont regardé les dernières setlists du quintette, mais on ne peut qu'apprécier qu'un groupe sorte des sentiers battus. D’autant plus que ce concert est un peu un événement, tant pour le groupe que pour le public. Cela dit au moment du live Josh semble un peu plus fermé, concentré et un peu froid avec la foule.
Le son est de haute qualité, et la patte Queens of the Stone Age se sent tout de suite avec des guitares et un son unique. Un son vintage, old school, mais aussi très gras et très percutant, qu’il faut vraiment entendre en vrai. D’ailleurs les plus audiophiles d’entre vous pourront remarquer que le son de la guitare de Josh Homme est un peu différent de celui de Troy van Leeuwen. Ce qui permet au groupe de jouer sur un jeu de strates sonores particulièrement intéressant. Pas étonnant d’ailleurs que le leader de QOTSA soit si peu enclin à partager la recette de son son…
Conférence de presse des QOTSA, Hellfest 2024
Par moment, les musiciens s’autorisent des petites pauses ou des baisses de volume pour mettre en valeur tel ou tel instrument. Même si le public profite surtout de la mise en avant de la partie lead de Josh. Sur “The Art of Keeping a Secret”, le chanteur donne d’ailleurs la preuve de ses capacités vocales et alterne un chant sur différents registres. Notamment dans un falsetto avec lequel il semble réaliser un dédoublement de personnalité. De son côté, le batteur Jon Theodore déborde toujours autant d’énergie, une force impressionnante aux fûts qu’il garde du début à la fin du set.
Les chansons suivantes s'enchaînent très rapidement. La foule assiste au classique “Little Sister” ou au plus récent “Paper Machete”, tiré du dernier album In Times New Roman. L’ambiance est certainement plus rock et plus posée qu’au début. Ce qui permet de souffler un peu et d’apprécier la subtilité des différents instruments. Mais c’est aussi ce qui ennuiera certainement une partie du public, plus adepte de musiques extrêmes. Mais comme le dirait Josh, “It’s time to dance” ou “C’est l’heure de danser”. Et le public semble globalement adhérer à la proposition. On adore cette petite touche très vintage des guitares qui se lie très bien avec quelques passages plus hard rock stoner. C’est notamment encore plus le cas sur “Burn The Witch”.
Crédit photo : Antoine_D
Le set continue alors sur des chansons très plaisantes telles “Smooth Sailing” de l’album Like Clockwork, album sur lequel la batterie est enregistrée par un certain… Dave Grohl. Ce dernier jouera d’ailleurs un peu plus tard dans la soirée. Un artiste qui est toujours une forte source d’inspiration pour Josh Homme (en plus d’avoir formé le groupe Them Crooked Vultures avec lui), comme évoqué plus tôt dans la journée. Le chanteur américain sera d’ailleurs bien présent en backstage en clôture du festival pour aller voir son pote des Foo Fighters.
Contrairement à de nombreux autres groupes en Mainstage, le groupe joue sur une mise en scène très sobre et épurée. Le point fort de la production : un système de lumières plutôt classe en forme de triangle. Le public ne pourra d'ailleurs pas l'apprécier à sa juste valeur du fait de l'horaire du set encore en journée. Il y a ce côté toujours très brut chez les Queens, et cette envie de ne performer que par la musique. Même si le côté showman et charismatique du personnage du frontman est indéniable. Tout comme son côté très classe sur scène. Sûrement est-il le seul artiste du festival à pouvoir se ramener sur scène avec un verre de vin rouge, posé sur un ampli vintage. Il se raconte d’ailleurs que certaines bouteilles auraient tourné entre QOTSA et Royal Blood. Mais ce qui se passe au Hellfest reste au Hellfest.
Crédit photo : Sara Jisr/@GroovyMochi
Le show commence à devenir de plus en plus chaud avec des morceaux plus lourds. “Millionnaire” et son riff bien pêchu est parfait pour cela. Un riff beaucoup plus gras et heavy que les autres morceaux. Autre claque ensuite avec le cultissime “Go With The Flow”, dont les notes permettent de mettre en valeur la partie clavier de Dean Fertita qui s’accorde parfaitement au lead de la guitare.
Le set devient complètement fou à partir du morceau “Straight Jacket Fitting”. Dès le début de la chanson, le riff lent et un peu syncopé contraste avec un effet de résonance produit par la guitare de Josh Homme, qui joue sur son delay et sa reverb. Cet effet contribue à l'atmosphère mystérieuse et immersive du morceau. Le chanteur devient alors fou. Il fait chanter le public sur l’air du morceau, avec un petit “Sing Motherfucker” adressé au passage. Comme s'il était alors en train de convoquer ses démons et de devenir un Trent Reznor en pleine transcendance.
Par la suite, le chanteur s’accorde un bain de foule. Un peu fou, il n’accorde cependant aucune attention aux spectateurs qui essayent de lui taper dans la main. Et c’est là qu’arrive le drame. Sa chemisette fétiche, aussi appelée par les fans la chemise “Spinning in Daffodils”, en référence à cette chanson d'un autre groupe du chanteur, Them Crooked Vultures, est déchirée par un spectateur. Mais cela n’empêche pas de continuer le set avec elle jusqu’à la fin. Un moment dont on se souviendra des années ! A noter aussi, la scène où Josh Homme se prend à caresser la joue d'un garde de sécurité. Ou encore celle où un slammeur passe la barrière et arrive près de lui. L'artiste le prend alors par l’épaule lorsqu’il marche pour revenir sur scène. Mais bien sûr, il ne lui accorde aucun regard, et garde ce côté un peu dédaigneux de rock star américaine.
La fin du show approche, les morceaux les plus cultes du groupe arrivent avec “Make It Wit Chu” et “No One Knows”. Le bassiste assez fou Michael Shuman prend alors tout l’espace lors d’un interlude de basse. Alors qu'une fois de plus, le chanteur improvise à la guitare et s'éloigne fortement de la version studio. Il déteste en effet jouer tout le temps la même chose. Peut être est-ce ce genre d’état d’esprit qu’il manque à la scène rock metal actuelle.
Toujours un peu perché, Josh Homme lâche un mythique “Mon ami, mon amour, my love”. Alors que se prépare le final “A Song for the Dead”, le frontman demande de “séparer l’océan” ou “Split the sea Hellfest”, pour laisser place à un wall of death mémorable. Le tout sur un des morceaux les plus énervés de la formation, notamment lorsque le riff final démarre. Une fin épique pour un show épique. Troy en jette sa guitare. Josh lui, la lâche autour de son pied de micro avec toujours ce côté un peu hautain. Puis il laisse un son de guitare résonner pendant de longues secondes du fait de l’effet de feedback de son instrument avec l’ampli. Un concert qui restera sans aucun doute dans nos têtes pendant longtemps.
Setlist
Regular John
The Lost Art of Keeping a Secret
Little Sister
Paper Machete
Smooth Sailing
Burn the Witch
My God Is the Sun
Carnavoyeur
You Think I Ain't Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire
Go With the Flow
I Sat by the Ocean
Straight Jacket Fitting
Make It Wit Chu
No One Knows
A Song For the Dead
Crédit photos : Sara Jisr / @GroovyMochi
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