Cinq ans (et une pandémie) après la sortie de Vile Nilotic Rites, Karl Sanders et sa bande sont de retour avec le dixième album de Nile, The Underworld Awaits Us All. L’avant-dernier opus avait su nous séduire après un What Should Not Be Unearthed efficace mais relativement classique. Avec cette nouvelle galette, Nile reste fidèle à son propos tout en tentant d’amener du renouveau par petites touches.
Malgré le changement de line-up récent opéré dans le groupe (avec l’arrivée de Zach Jeter à la guitare et celle de Dan Vadim Von à la basse), « Stelae of Vultures » qui ouvre l’album est dans la droite lignée des derniers albums de Nile. De quoi montrer que le big boss reste Karl Sanders. Riffing brutal, gammes orientales et modes phrygiens sans oublier les blasts de George Kollias, on reste en terrain connu sur les premiers titres de cette nouvelle galette. Le direct « To Strike With Secret Fang » (moins de deux minutes au compteur) montre que les Américains ont toujours envie d’aller à l’essentiel et ne s’assagissent pas avec le temps.
En effet, ce qui frappe à l’écoute des premiers titres de ce dixième opus, c’est la place moins importante laissée aux orchestrations et aux atmosphères égyptiennes (il faudra attendre le cinquième titre, « The Pentagrammathion of Nephren-Ka » pour retrouver ces ambiances et les instruments acoustiques), et des compositions bien plus orientées vers la brutalité. Là où par le passé Nile a toujours su trouver un juste équilibre entre les interludes orientaux et la violence de ses riffs (ce qui était encore le cas sur Vile Nilotic Rites), les premiers titres vont pied au plancher, à la manière de l’album de 2015, What Should Not Be Unearthed. Les interludes basés sur des instruments traditionnels sont moins nombreux que d’habitude, comme si la récente sortie de Saurian Apocalypse, un album solo de Sanders uniquement consacré à ce style, lui avait permis d’assouvir ces envies.
C’est seulement à partir de « Naqada II Enter the Golden Age » (et son pont tirant sur le prog à 1:50) que de petites touches nouvelles titillent l’oreille de l’auditeur. Un passage groovy, presque dansant, à 1:38 sur « Overlords of the Black Earth » auquel succèdent des chœurs féminins (chantant « Spirits of Fire Crossover »), que l’on retrouve ponctuellement (« Under the Curse of the One God » ou à 7:20 sur le morceau titre) ou encore quelques leads de guitare particulièrement mélodiques et mélancoliques (sur « True Gods of the Desert » ou sur le titre instrumental final « Lament for the Destruction of Time » encore agrémenté de chœurs féminins). Ces quelques apports nouveaux distillés çà et là permettent enfin de démarquer cet album de ses prédécesseurs.
Au-delà de ces petites touches, on retrouve ce qui plait habituellement chez Nile, à savoir des riffs qui sentent toujours la putréfaction des catacombes, ce chant possédé où les trois vocalistes se complètent parfaitement, et quelques passages plus lents qui apportent un peu de dynamique à l’ensemble. La production est moderne, mais l’apport ponctuel des chœurs (réels) donne un ancrage plus organique. Certains titres comme « Doctrine of Last Thing » ou « Chapter for Not Being Hung Upside Down on a Stake in the Underworld and Made to Eat Feces by the Four Apes » (record battu!) restent relativement classiques mais toujours jouissifs à écouter.
The Underworld Awaits Us All ne révolutionnera probablement pas la discographie de Nile, mais il reste un album de bonne facture. Si les éléments orchestraux de l’opus précédent ne sont pas renouvelés, l’apport des ensembles vocaux et des lamentations amène une plus-value non négligeable à ces nouvelles compositions. Nile nous plonge une fois de plus dans les abîmes de la brutalité et le fait toujours avec talent. On n’en demande pas plus !
Tracklist :
Stelae of Vultures
Chapter for Not Being Hung Upside Down on a Stake in the Underworld and Made to Eat Feces by the Four Apes
To Strike with Secret Fang
Naqada II Enter the Golden Age
The Pentagrammathion of Nephren-Ka
Overlords of the Black Earth
Under the Curse of the One God
Doctrine of Last Things
True Gods of the Desert
The Underworld Awaits us All
Lament for the Destruction of Time
Disponible chez Napalm Records depuis le 23 août 2024
Photographie promotionnelle : © Casey Coscarelli / Photographie fournie par le label