Motocultor 2024 : Le Gros Dossier

Après quatre jours de metal, de rock et même de musique traditionnelle, il était temps de dresser le bilan de la XVe édition du Motocultor. Entre développement et petites galères, le festival s’impose dans le paysage metal.

L’équipe de La Grosse Radio vous propose ici un retour en mots et en images sur cette 15ème édition du Motocultor. Vous trouverez dans ce dossier des liens vers les concerts que nous avons couverts chaque jour, et de quoi revivre ces quatre jours de bruit, de belles découvertes et de fête.

Un grand merci à Nadège (Lil'Goth Live Picture) pour ses superbes clichés !

Comme d’autres festivals, le Motocultor a pérennisé sa formule sur quatre jours. L’occasion pour le public de profiter d’encore plus de musique, et pour le festival, de consolider un peu ses finances. En effet, malgré un samedi sold out pour la deuxième année consécutive (16 000 entrées), et 54 000 entrées sur quatre jours, soit l’égalisation du record de 2023, le président de l’association, Yann Le Baraillec, expliquait en conférence de presse “On bat des records de fréquentation mais on est tout juste à l’équilibre, il suffit d’une canicule ou de trop de pluie…”. Parmi les difficultés financières, il cite notamment l’inflation, qui affecte tout, du coût de l’énergie aux cachets. Et selon lui, augmenter le prix du billet n’est pas une option, un seuil psychologique étant à ses dires déjà atteint.

Et côté festivaliers, où en sommes-nous ? Encore une fois, la programmation a été de grande qualité. Le festival propose de vraies grosses têtes d’affiches (Meshuggah et Opeth en tête), mais se fait plus que jamais défricheur de talent. Sans oublier quelques artistes what the fuck, pour coller à l’ADN de l’événement, et l’accent mis sur la musique folk et celtique, pour mettre en avant l’ancrage territorial du Motoc, qui a déménagé de Vannes à Carhaix, restant bien implanté en Bretagne. Et pour preuve : cette année, le fest a enfin renoncé à l’abominable 8-6 pour revenir aux partenariats avec des bières locales ! Les membres de notre équipe qui se sont dévoués pour les tester les ont trouvées fort agréables et variées, chaque bar proposant des brassins uniques (bière à l’hibiscus, IPA citron, etc).

Cet ancrage local, aux dires de l’équipe, passe aussi par des actions communes avec les commerçants locaux (un festival off, des offres culturelles conjointes…), un rapprochement avec les riverains (qui se voient offrir des passes gratuits), et des recherches de partenariats avec des entreprises locales, qui montent en puissance cette année. Une tâche facilitée selon l’équipe par une culture finistérienne très tournée vers les festivals.

Ce développement des partenariats, qui a aussi pour but de consolider la billetterie, est une des raisons qui ont conduit à la mise en place d’offres VIP et d’une plateforme avec vue sur les deux scènes principales. Très pratique pour avoir une vue d’ensemble en tant que journaliste.

Retravailler les offres VIP

Mais les offres VIP sont peut-être à retravailler : en effet, en-dehors de la plateforme, pratique (mais qui prive forcément de l’immersion de la fosse), l’espace VIP cette année manquait cruellement de stands de restauration (un seul), et de toilettes, en moins grande quantité alors que les usagers étaient plus nombreux. Et forcément, beaucoup plus de files. Un comble, qui met à mal la volonté du festival de développer ces offres VIP plus rémunératrices mais pour l’instant pas à la hauteur du prix payé. Alors que du côté de l’espace tout public, au contraire, l’accès aux toilettes a été grandement amélioré, avec une augmentation du nombre et surtout une propreté sans commune mesure avec l’année précédente. Signe que le festival a vraiment écouté le public sur ce gros point noir de 2023.

Pour rester sur le côté logistique, les fontaines à eau et la possibilité de venir avec ses gourdes sont de gros points positifs. Côté restauration, c’est un peu cher pour la quantité même si c’est globalement bon, mais le déplacement de l’espace derrière les scènes pose question. Impossible  de suivre un concert de loin comme auparavant. Surtout, il est absolument scandaleux que l’un des food trucks ait diffusé non stop de la musique globalement médiocre (bonjour Francky Vincent), empêchant au minimum d’écouter les concerts à défaut de les voir en attendant son repas. Au moins, cette fois, les exposants des stands de restauration avaient tous accès à un point d’eau.

Les files d’attente ont également posé problème le premier jour, que ce soit pour l’entrée principale, l’entrée VIP, l’accès au camping - certains festivaliers ont été obligés de refaire la queue devant l’entrée principale après être passés par le camping. Cependant, ces problèmes étaient réglés dès le lendemain, et l’ouverture d’un deuxième camping proche du site et d’une deuxième entrée pour fluidifier la circulation ont été de vrais points positifs. On était loin du vendredi cauchemardesque de l’an dernier.

Enfin, la présence  visible des équipes de prévention des violences, notamment sexuelles, est à signaler. Même si Yann Le Baraillec expliquait en conférence de presse que les festivals metal étaient selon lui en pointe sur ce sujet, ce qui semble excessif, le partenariat avec une association féministe locale (NousToutes29) laisse penser que le sujet est traité un minimum sérieusement. Le président du Motocultor vante une “très forte collaboration et cohésion”, et entre les maraudes, le stand dédié, la signalétique assez conséquente sur place et la communication en amont sur les réseaux sociaux, le festival veut montrer qu’il est actif sur le sujet.

Un son qui laisse à désirer mais un festival toujours à taille humaine

Pour revenir sur la musique, le festival, qui n’en est qu’à sa seconde édition sur Carhaix (avec des infrastructures en dur, celles des Vieilles Charrues, ce qui assure à l’organisation plus de confort et surtout réduit les coûts), a changé la disposition des scènes, avec les deux scènes ouvertes, la Dave Mustage et la Supositor Stage, côte à côte. Le but, selon l’orga, éviter aux festivaliers et festivalières de se prendre la pluie et les vents dominants de face. Les deux scènes couvertes, la Massey Ferguscène et la Bruce Dickinscène, étaient côte à côte plus loin. Problème : cette disposition faisait que le son de la Supositor Stage, dédiée aux musiques les plus extrêmes, empiétait régulièrement sur celui de la Massey Ferguscène, jouant en même temps. Surtout sur les passages plus calmes et atmosphériques de la seconde. Cela a aussi été ponctuellement le cas entre la Dave Mustage, au son plus fort, et la Bruce Dickinscène. On peut également regretter le manque d’affichage permettant de distinguer les scènes, seulement présent au niveau des plateformes PMR. Enfin, globalement, le son a souvent été mal réglé sur l’ensemble des scènes. Si c’est forcément plus compliqué en festival, cela gâche l’immersion dans la musique. Le festival a promis de recueillir l’avis du public sur plusieurs sujets, dont celui-ci. Espérons qu’il saura remanier sa disposition pour la prochaine édition.

Il n’en reste pas moins que le festival garde un esprit bon enfant, avec des festivaliers d’horizons et d’âges différents. Il est toujours familial (évitez tout de même de montrer ça à des enfants trop jeunes) et à taille humaine. Yann Le Baraillec a d’ailleurs assuré que le festival ne voulait plus grossir : il souhaite se rapprocher de la jauge maximale instaurée (16 000 personnes par jour), mais pas aller au-delà. Une position qui a du sens, car le site est très agréable, arboré, la circulation fluide et l’accès aisé à toutes les scènes, même le samedi, jour de majeure affluence. Cela fait du bien de ne pas suffoquer au milieu de la foule sans pouvoir se déplacer, comme c’est devenu régulièrement le cas à Clisson.

On reviendra, avec déjà la certitude d’y voir plusieurs groupes inédits ! Car pour la première fois, le festival a été capable d’annoncer le dernier jour du festival une douzaine de noms de l’édition suivante. Avec notamment Machine Head et Dimmu Borgir en têtes d’affiches. Un moyen de travailler encore la notoriété du festival, et attirer entre autres plus de public international.

Photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 



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