Nightwish – Yesterwynde

Cela fait déjà quatre ans depuis la sortie du dernier album de Nightwish, Human Nature. Le groupe finlandais pionnier du metal symphonique revient finalement ce vendredi 20 septembre avec Yesterwynde, leur dixième album studio. Cela fait aussi aussi bientôt dix ans que Floor Jansen est arrivée dans le groupe, ce qui fait de Yesterwynde le troisième album  avec la chanteuse néerlandaise. Et il faut bien dire que cet album était certainement l'un de ceux que l’on attendait le plus cette année. Alors que penser de cette nouvelle sortie ? On a assurément beaucoup de choses à en dire ! 

Pour commencer, ce qui marque après plusieurs écoutes, c’est vraiment la structure toute particulière de Yesterwynde. L'album oscille entre des moments puissants épiques, mais surtout des passages plus calmes, sombres et introspectifs. Bien sûr, l'auditeur est toujours dans un terrain bien connu lorsque retentissent des titres tels que "Ocean of Strange Island" ou "Spider Silk". Des moments musicaux qui incarnent bien la grandeur symphonique de Nightwish, avec des orchestrations riches, des arrangements soignés et des moments culminants de puissance. 

Sur de nombreux morceaux de l’album on retrouve ces moments épiques reprenant des influences de compositeurs de bande-originales de films tels que Hans Zimmer, John Williams ou encore les musiques de contes de Grimm en version metal symphonique. L’utilisation de chœurs d’enfants est d’ailleurs encore très présente sur cet opus. Mentionnons aussi la petite référence à Danny Elfman sur la fin de la sympathique “The Antykythera Mechanism”. En outre, petit détail intéressant, l’album commence et se termine par le bruit d’une bobine de cinéma, une preuve de la direction artistique souhaité par le claviériste compositeur Tuomas Holopainen sur cet album. 

Certains morceaux sont aussi particulièrement entraînants et inédits comme "The Children of Ata". Ce dernier introduit des éléments inattendus, notamment des sonorités disco des années 80, ajoutant une touche rafraîchissante et dansante au metal symphonique des Finlandais. Sûrement notre coup de cœur de cet album à n’en point douter. On peut également citer "The Day Of ", un peu moins réussie selon nous, avec ses éléments de musique industrielle et électroniques. Ce titre apporte une ambiance un peu futuriste, ce qui est assez inédit pour le groupe. 

Mais s’il y a bien une sensation qui ressort de cet album de Nightwish, c’est celle d'une ambiance très mélancolique, cinématographique, mais aussi particulièrement sombre. A de nombreuses reprises, on se dit que l’album aurait pu être un peu plus joyeux et on est parfois surpris, même dérangé par des sons un peu distordus, et des accords mineurs inattendus. Si l’album s’inscrit parfois dans la continuité de Human Nature, il s’en éloigne aussi pour nous rappeler à l’excellent opus Imaginareum (2011) lorsque Anette Olzon occupait le rôle de chanteuse. Floor Jansen, toujours excellente dans sa prestation chante d’ailleurs dans un registre plus bas qu’à l’accoutumée. Qu’on se rassure il y a bien quelques envolées lyriques qui nous feront apprécier comme toujours la puissance de sa voix. Par exemple, sur la fin du sombre morceau "Something Whispered Follow Me". Cela dit, on peut tout de même souligner que sa présence est un peu moins marquée que sur les deux précédents opus.

De son côté, Jukka Koskinen, le bassiste nouvel arrivant dans le groupe depuis 2023, apporte ses influences progressives ainsi qu'un son très plaisant et chaud dans le mix.  

Les ballades occupent une place importante en cela, avec quatre morceaux construits majoritairement autour de sonorités très calmes et douces. Le groupe prend d’ailleurs en cela un vrai parti-pris qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Les deux plus belles ballades de l’opus sont très certainement l'introduction majestueuse "Yesterwynde", ainsi que la conclusion de l’album "Lanternlight". Cette dernière chanson (mais aussi quatrième single de l'album) met particulièrement en valeur le caractère très éthéré de la voix de Floor. C’est en fait une valse construite sur un rythme ternaire, ce qui la rend particulièrement inédite. Finir un album par une ballade est d’ailleurs osé car on a souvent l’habitude de morceaux finaux beaucoup plus épiques avec les Finlandais. 

Enfin, on ne peut pas oublier de parler de la petite pépite de l’album, Hiraeth, chantée en partie en gallois par Troy Donockley. Elle est à ce titre particulièrement réussie justement parce qu’elle arrive à monter progressivement sur une partie épique soutenue par des sons de cornemuse et des mélodies de guitare entêtantes.

Cela dit, l’album n’est pas exempt de tout reproche, et il divisera très certainement les fans de la formation. L'album est certes audacieusement varié jusqu’à dire carrément progressif. Il pourrait néanmoins déstabiliser certains auditeurs qui s'attendent à plus de morceaux rapides et intensément épiques. Le grand nombre de ballades et l'ambiance sombre peuvent donc surprendre.  

Certains morceaux peuvent sembler légèrement décousus et on retrouve par moment cet effet “Patchwork” du style Nightwish sur certaines chansons. Aussi excellente soit-elle, “The Children Of Ata” est bien victime de cet effet. La chanson utilise des chanteurs de natifs des Iles Tonga mais ce n’est pas ce détail qui rend la chanson mémorable (à part pour l’intro et lors d’un moment de transition dans la chanson). Qui plus est, quel est le rapport entre les sons disco des années 80 et les chœurs Tonga ? De plus, la partie cornemuse à la fin de “An Ocean of Strange Islands” prolonge la chanson sans apporter grand chose après un final déjà très épique. Pour finir “Perfume of the Timeless”, nous semble un peu trop recyclé. Elle s’apprécie bien, mais ne reste pas en tête au fil des écoutes. 

En critique, on pourra peut-être regretter parfois le manque de créativité et la faible présence des riffs et solos d'Emppu Vuorinen. La place de la guitare est malheureusement trop peu mise en avant sur cet opus, ce qui fait assez peu concurrence en la matière à la période Nightwish du début des années 2000. La présence au chant de Troy n’est pas exempt de critiques non plus. Ses passages chantés sont certes parfois très bien sentis (comme sur “Hiraeth”). Mais ils sont parfois aussi très obsolètes (comme sur “Perfume Of The Timeless” ou sur “Sway” en duo avec Floor sur cette chanson)

Parlons enfin du mixage qui constitue peut-être la critique la plus grande que l'on peut émettre sur Yesterwynde. Même si l’album a été mixé en "Dolby Atmos", des problèmes de mixage affectent la clarté des arrangements. Le rendu final peut parfois donner une impression d’un son un peu brouillon, ce qui empêche de souvent mettre en valeur Floor Jansen. Ces petits détails nous ont parfois vraiment sorti de l’immersion. 

En conclusion, malgré ces quelques critiques, ce dixième opus a vraiment ce quelque chose de particulier qui le rend tout à fait unique. On ne peut que saluer la prise de risque de Tuomas Holopainen sur cet opus. Plus progressif, plus sombre, plus cinématographique, il en fait une sortie incontournable de cette fin d’année. Un très bon album, qu’il faudra sûrement se repasser en boucle de nombreuses fois pour en déceler toutes les subtilités car il fait assurément partie de ces albums que l'on apprécie plus on les écoute.

D’ailleurs les versions orchestrales des morceaux de l’album permettent également de découvrir les morceaux d’une manière particulièrement originale. Ces versions sont d’ailleurs vraiment très réussies. 

Cet album est peu être un peu moins accessible que ses prédécesseurs et il a quelques défauts qui dérangent un peu. Mais dans tous les cas, il y’aura sans aucun doute des chansons qui raviront les fans. Pour finir, quel dommage que Nightwish ait mis en pause ses tournées pour le moments, car on a très hâte de découvrir en live certains des morceaux de ce nouvel opus. L'attente sera longue...

 

Morceaux à ne pas rater : "The Children Of ‘Ata", "An Ocean of Strange Islands", "Spider Silk", "Hiraeth", "Lanternlight"

  1. Yesterwynde
  2. An Ocean Of Strange Islands
  3. The Antikythera Mechanism
  4. The Day Of...
  5. Perfume Of The Timeless
  6. Sway
  7. The Children Of 'Ata
  8. Something Whispered Follow Me
  9. Spider Silk
  10. Hiraeth
  11. The Weave
  12. Lanternlight

Yesterwynde, disponible dès aujourd’hui chez Nuclear Blast. 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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