"La musique est un bon moyen de combattre tes démons"
Floor Jansen, actuellement chanteuse pour ReVamp, son propre projet formé en 2009, et pour Nightwish, figure de proue du metal symphonique, a accepté d'accorder quelques minutes à La Grosse Radio pour évoquer le prochain album de son projet, Wild Card, ainsi que la tournée avec Nightwish ainsi que quelques perspectives d'avenir.
Bonjour Floor, merci de nous accorder cette interview alors que tu es en pleine tournée avec Nightwish. Comment as-tu trouvé le temps pour enregistrer le dernier album de ReVamp ?
Beaucoup de gens pensent que l’album a été écrit en un mois et enregistré juste après. Evidemment, cela a pris plus de temps pour l’écrire. On peut dire que l’album était déjà fini à 90% avant que je rejoigne Nightwish. Je les ai rejoints en septembre 2012 et l’album a été enregistré en décembre. Avant cela, on a apporté les dernières touches aux compos en octobre et novembre. Les gars avaient commencé à enregistré quand j’étais en tournée, et j’ai pu enregistrer mes parties après être revenue, entre mars et avril et m’occuper de la promo de l’album.
Cet album semble être le plus agressif dans lequel tu aies chanté. Était-ce le but recherché ?
Oui, on voulait quelque chose de très heavy dès la phases d’écriture. Il fallait mettre en valeur les riffs. Tout cela a été pensé dès le départ.
Tu es aussi plus agressive, vocalement parlant. As-tu eu recours à de nouvelles techniques ?
Oui, j’ai dû travailler ma technique vocale dans ce sens. J’avais cette ambition dès le premier album de ReVamp, j’avais dû me mettre au point sur les techniques vocales pour ne pas m’abîmer la voix pendant les screams et les growls. Dans ces moments-là, il faut savoir ce que tu fais ! [rires] Il fallait ensuite que je trouve le bon moment pour pouvoir appliquer ces techniques, me mettre dans le bon état d’esprit. C’était donc très intéressant de travailler tout ça et d’appliquer ces techniques à ce nouveau disque, ça m’a permis de le rendre plus agressif et plus diversifié.
Au-delà de l’aspect agressif, cet album est aussi plus moderne musicalement. Etait-ce aussi voulu ?
Oui, il nous fallait quelque chose de plus frais. Je suis contente que les gens s’en rendent compte ! C’était notre but de sortir des sentiers battus. Bien sûr, c’est impossible de faire quelque chose de complètement nouveau, ce n’est pas ce qu’on a cherché à faire. Cela s’est fait avec le son de l’album, les riffs, les claviers aussi, qu’ils n’utilisent pas encore les mêmes samples. Le résultat obtenu correspond bien à ce qu’on recherchait. Pour faire cela, on s’est réunis avec notre producteur pour voir ce qui se faisait de nouveau et avons cherché des sons qui nous correspondaient. Evidemment, c’est notre musique, donc les éléments qu’on a pris sont impossibles à reconnaitre, mais ont fait office de source d’inspiration.
Les paroles de cet album sont très personnelles. T’ont-elles servi de thérapie ?
Oui, complètement. La musique en général est un bon moyen de combattre tes démons. La musique est bien thérapeutique, surtout si tu arrives à coucher tes sentiments sur le papier, ce que j’ai fait, et ça procure un réel sentiment positif. Habituellement, l’inspiration me vient de l’intérieur, mais cette fois, il fallait vraiment que ça sorte, ça m’a permis de me débarrasser de certains démons.
D’où vient le titre Wild Card ?
C’est toujours compliqué de couvrir l’ensemble d’un album avec un mot ou une phrase, surtout quand il est aussi varié. De fait, la « Wild Card » représente un facteur imprévu et imprévisible. Tu ne sais pas ce que la wild card va t’apporter, c’est la même chose avec ce disque. La 2e chanson est assez différente de la première et ainsi de suite, voilà pourquoi Wild Card représente bien l’ensemble du disque.
On retrouve sur ce disque deux invités célèbres, Mark Jansen (Epica) et Devin Townsend. Pourquoi les as-tu choisis ?
Avec Mark, on se connait depuis notre adolescence, on a travaillé ensemble sur plusieurs projets ces deux dernières années, Epica et ReVamp ont tourné ensemble, je l’ai rejoint sur son projet Mayan, sur scène avec Epica pour le concert qui fêtait leurs 10 ans il y a quelques mois. J’ai donc pensé que ce serait bien de l’avoir aussi dans ma musique, et il correspondait bien à ce que je voulais avoir comme résultat avec les growls. En ce qui concerne Devin Townsend, cela fait des années que je suis fan de lui, j’avais été honorée qu’il me demande de chanter sur l’album Deconstruction (2011), donc je lui ai demandé, sans trop connaître le résultat, s’il accepterait de chanter sur Wild Card, et il a dit oui ! Il voulait participer à l’écriture des lignes vocales et des paroles, mais, par manque de temps, je lui ai envoyé mes idées. Du coup, il a chanté ses parties de la manière dont on les avait écrites, mais en les mettant à sa sauce, ce qui a donné un super résultat.
Marcela Bovio et Daniel De Jongh assurent les chœurs. Peux-tu nous parler de ta collaboration avec eux ?
D’expérience, je sais qu’il est très difficile d’enregistrer un gros chœur, et de faire en sorte qu’il sonne gros. Pour moi, il était important d’avoir une bonne combinaison de voix et de sons, de manière à donner de l’ampleur aux chœurs. La voix de Marcela est très différente de la mienne donc, nos deux voix donnent plus d’ampleur au résultat. Daniel est un chanteur assez versatile, il peut donc apporter différentes couleurs à la musique. En plus, ils connaissent bien le metal, donc ils savent précisément quand chanter, en plus ils ont un bon anglais et ils peuvent trouver des idées au moment de l’enregistrement. De fait, on n’a pas eu besoin de rédiger des partitions qui coûtent cher pour les donner à des choristes qui ne savent pas lire autre chose. Donc ils ont pu apporter leur patte et la diversité de leur style à ma musique, pour donner le résultat que je voulais.
As-tu d’autres envies en termes d’invités, pour tes projets futurs ?
Je n’y ai pas vraiment pensé. Devin Townsend était déjà bien placé sur ma liste. Il y a peut-être Jorn Lande avec qui j’aimerais bien travailler, même si nos voix sont déjà réunies sur 01011001. J’adore sa voix et son style, donc ce serait bien.
A l’avenir, penses-tu pouvoir gérer deux groupes comme Nightwish et ReVamp, qui doivent demander du temps et de l’énergie ?
Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment pensé. Pour cette année, mon emploi du temps est plein à craquer, donc je n’ai pas eu le temps de me pencher sur ce que pourrait éventuellement me réserver le futur. D’ailleurs, la décision de continuer avec Nightwish, n'est pas encore prise. Pour l’instant, je profite du moment présent. Bien sûr, j’aimerais rester, mais c’est une décision à prendre l’année prochaine et je déciderai si je peux continuer à gérer ces deux groupes quand ce sera le moment opportun.
Et comment s’est passée la tournée avec Nightwish ?
C’était super. Depuis le début, et la tournée a commencé sur les chapeaux de roues [rires], tout se passe bien, aussi bien sur le plan musical que personnel, nous avons une connexion naturelle. Les gars sont satisfaits de mon interprétation des chansons, il en est de même pour le public, heureusement. Donc tout se passe bien avec ces Finlandais, et aussi avec Troy (le joueur de cornemuse britannique).
Un dernier mot pour les fans français ?
Cela fait une éternité que je ne suis pas venue en France ! Dommage qu’on ne vienne pas avec Nightwish, mais nous allons amener ReVamp ici et, espérons-le, à quelques festivals l’année prochaine. Merci beaucoup pour votre soutien !