French-Manhattan, l’Ambulancier ne s’arrête jamais pour souffler

L'ambulancier vit dans l'urgence, dans les hurlements et les cris. Et entre deux courses, il trouve le temps de vivre des histoires imagées dans sa tête, où il voyage entre souvenirs teintés de sons rétro et grands espaces ornés de guitares crues.

Après un EP en 2021, ce premier album nous perfuse 10 chansons (plus une reprise, et pas des moindres : « Donatello» avec Peter Lorne, le chanteur du générique des Tortues Ninja) toutes plus aiguisées les unes que les autres et nous emmène au son des sirènes, celles qui envoûtent comme celles qui stressent.

French Manhattan, puisque c'est le nom de la galette, promet la démesure et les paroles qui ont du sens.

La chanson-phare, pardon, la chanson-gyrophare, reste « L'Ambulancier», hymne de l'homme stressé.

Puis on est entraîné à toute berzingue entre les flash lumineux des néons dans la nuit, on ne voit plus rien passer, l'air crépite d'effets, le sang pulse aux tempes au rythme de la batterie qui se change en défibrillateur.

Le synthé clignotte dans tous les sens, les guitares nous enveloppent comme des couvertures de survie, on essaie tout, à l'instar d'un médecin qui teste divers remèdes afin de trouver le bon.

Pas mal de prog, un peu de fuzz («Iowa»), un peu de blues (« Panne sèche»), même de l'autotune (« Central·e»), on allume l'autoradio et les beats roulent.

Les sonorités électroniques sont triturées dans tous les sens, avec l'apothéose sur l'ultime « Cheat Code », les brouillages numériques sur la basse nerveuse appellent à la pause, mais s'arrête-t-on vraiment quand on veut dans ce monde en effervescence perpétuelle ?

On ne s'arrête pas, il faut poursuivre ce rythme effréné de guitares survoltées et de synthés prog. On n'a pas le temps de souffler entre deux missions ni entre deux morceaux.

Ça sent la nuit blanche, l'anxiété et les questions existentielles de l'aube.

On prend quand même le temps de se questionner sur la fin du monde imminente, de s'alarmer encore un peu plus s'il le fallait avec les sons tambourinés à la caisse claire du foisonnant « Ocre ».

Mais comme il est impossible de demeurer dans l'angoisse éternelle, on préfèrera s'évader dans l'imaginaire de sa petite bande de super combattants des égouts, kowabunga !