Arven – Black is the Colour

Je vous vois déjà venir : « Il a le cul bordé de nouilles, ce Till Felden ! Seul musicien au milieu de cinq jolies filles, il en a de la chance ! ».

Par contre, sur les photos promo, ça augmente sérieusement le capital pilosité de la formation. Mais peu importe, car le sujet qui nous intéresse, c'est la musique, et pas le physique de ces allemand(e)s. Arven, de leur petit nom, n'est pas à son premier coup d'essai. Leur précédent disque, Music of Light, était même plutôt sympathique dans son genre. Question apparence, on est sur la même ligne de conduite : la pochette est sensiblement similaire, mais dans une variante plus sombre. Un changement dans la continuité ? Trêve d'interprétations foireuses et lançons nous dans Black is the Colour.

Aux premières notes du single et opener « Believe », on reconnaît immédiatement le style d'Arven, à savoir un metal mélodique vaguement symphonique où la section rythmique contraste avec le chant fluet et tout mignon de Carina, qui n'a pas perdu une once de son talent. Le combo laisse souvent porter les mélodies par la beauté de la voix féminine, assez particulière et offrant une part non négligeable de charme aux diverses compositions. Le timbre de la belle rousse a le mérite, déjà, d'être maîtrisé et varié, mais aussi (et surtout) d'offrir un vent de nouveauté dans le petit monde du « metal à chanteuse » : loin des clichés de la chanteuse lyrique ou même des voix pop ou rock qui font fureur en ce moment, Carina joue bien plus dans la douceur, à l'instar d'une Liv Kristine (Leaves' Eyes) mais se basant davantage sur l'aspect haut-perché de son chant.

Seulement, nos chers allemands tombent bien vite dans leurs travers les plus tenaces. On dénote donc une (trop) grande tendance à jouer sur la douceur et la sensualité, ce qui peut s'avérer légèrement exaspérant sur la longueur de l'opus. Le résultat ? Une abondance de morceaux plus calmes et doux, qui peuvent s'avérer aussi mignons qu'ennuyeux. « Rainsong » est bourrée de clichés, nous envoyant aux oreilles un refrain kitsch, presque irritant. Qui plus est, le violon (déjà présent sur « Don't Look Back ») arrive en grandes pompes, histoire d'ajouter un peu de miel à ce thé presque indigeste. La carte de la sobriété marche bien mieux pour la formation, qui démontre qu'elle sait aussi écrire des ballades charmantes : « All I Got », où le duo piano / voix se taille la part du lion, est une réussite. L'ambiance dégagée permet à la chanteuse de faire passer quelques belles émotions, histoire d'attendrir les cœurs de pierre. D'une manière générale, une certaine résistance à l'eau de rose sera demandée avant de se lancer dans l'écoute de Black is the Colour, sous peine de ne pas tenir cette abondance de pistes calmes, plus ou moins réussies.

Arven

Je ne dénonce pas, mais elle n'est pas très bien épilée, la jeune fille de gauche ...

L'écoute de l'album nous fait également regretter la discrétion des parties médiévales, qui donnaient réellement un cachet particulier à Music of Light. La musique délivrée ici est plus classique, banale même, et les touches exploitables d'originalité sont bien plus en retrait qu'elles ne l'étaient par le passé. Le choix du groupe est un peu étrange, sachant que les jeunes femmes avaient largement de quoi faire concurrence aux multiples formations qui commencent à se faire un nom sur la scène. Attention toutefois, ces considérations restent à prendre avec des pincettes : le manque flagrant d'originalité ne signifie en rien que la musique pratiquée par Arven est dénuée d'intérêt. La production de qualité et le professionnalisme du chant et de l'écriture des titres permet à ces six allemands de pouvoir prétendre à être digne d'une écoute, ou plus si affinité.

Les retrouvailles avec l'atmosphère folk peuvent être célébrées sur une piste instrumentale nommée « Cercle d'Emeraude », qui dégage un côté taverne médiévale assez réussi. Enfin, ça, c'est pour le bref moment de fête, car on enchaîne tout de suite après avec une mid-tempo (oui encore une), « In Your Dreams ». Pas un échec mais ça reste du déjà vu, et ce même avec un refrain bien ficelé et entêtant. Le constat est un poil similaire pour « Fireside Stories », plus réussie cependant que le titre pré-cité, et où le point d'orgue concentre une grande partie de l'intérêt de la piste et transforme l'essai en réussite. On ne pourra malheureusement en dire autant de « My Fall », maladroite conclusion tirant trop en longueur pour convaincre. Dommage, car le début de la galette propose quelques morceaux dynamiques qui filent la pêche. « Believe », « Don't Look Back » ou « The One For Me » se démarquent ainsi par leur puissance (le terme est relatif, mais l'idée y est). La dernière nommée propose un duo plutôt réussi avec Stephan Schmidt (Van Canto, Heavatar), même si ce dernier joue parfois un peu trop sur l'aspect forcé de sa voix.

Si le propos peut sembler sévère à la lecture, Black is the Colour n'en reste pas moins un disque agréable et soigné. L'écoute de cette offrande est plaisante, la sortie idéale pour des moments de rêverie ou d'émotion. Attention, cependant : à trop jouer sur la corde de la ballade, le groupe pourrait perdre du public en chemin. Et ce serait tout à fait regrettable vu le grand potentiel détenu par Arven. Et puis, ne serait-ce que pour la voix si mélodieuse de Carina, on croise les doigts pour que le charme ne se brise pas … pour le moment.

Note finale : 6,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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