Fort d’une tournée en compagnie de Sabaton et Eluveitie, les hongrois de Wisdom ont réussi à convertir un certain nombre de curieux à leur power metal rhapsodiesque, si bien que ce 3e album, Marching For Liberty, méritait que l’on se penche dessus. Si leur précédent effort, Judas, ne révolutionnait en rien le power mélodique, l’album était bien produit avec des musiciens au niveau et des compositions bien faites à défaut d’être réellement mémorables. Certains titres, tels que l’éponyme "Judas", arrivaient à sortir du lot et à laisser entrevoir de belles perspectives pour le prochain opus. Wisdom a-t-il réussi à franchir un cap avec ce Marching for Liberty ?
Répondons avec fermeté et concision : non, Marching For Liberty ne devrait pas bouleverser la carrière de Wisdom et peine à transcender le niveau atteint sur Judas. Néanmoins, il serait malhonnête d’accuser le groupe de reprendre point par point la formule de leur précédent opus. La production a été améliorée avec des guitares plus tranchantes, particulièrement efficaces sur les mid tempo "Have No Fear" et surtout "Failure Of Nature" au riff grave rappelant le bon heavy 80s. Autre amélioration, les chœurs. En effet, ces derniers ont gagné en ampleur et sont souvent au cœur des compositions avec une utilisation systématique sur les refrains. Ces refrains construits toujours sur un même schéma avec des chœurs très pompeux pourront rendre l’écoutable globale de l’album assez redondante voir indigeste pour les allergiques à Rhapsody. Car si le groupe ralentit parfois le tempo, c’est bien à du bon speed mélodique des familles auquel nous avons droit. En témoigne ce "Dust Of The Sun" introductif au riff typique de l’école Helloween avec ces solo à l’unisson devenus un cliché du power à l’allemande.
Si l’on navigue en terrain connu, cela n’empêche pas de prendre du plaisir sur le véloce "God Rest Your Soul" avec sa double pédale bien dosée, son refrain épique et kitsch à souhait et ses soli vifs et mélodieux. Le chanteur osera même un beau scream final qui ravira les fans de vocalises suraigus typiques du style. Si notre frontman est juste, on pourrait déplorer une certaine linéarité dans ses lignes vocales qui fait qu’on peine à les mémoriser. Judas faisait preuve à ce niveau de plus de diversité, les couplets étaient plus inventifs et c’est bien dommage que les hongrois se soient relâchés en mettant l’emphase sur les refrains, comme Edguy sur ses récents albums par exemple. Si "War Of Angels" et ses chœurs conquérants arrive à nous imager une quête héroïque en Terre du Milieux (on est d’accord, c’est Gandalf sur la pochette ?), il faudra attente le pavé final pour avoir des couplets un peu plus consistants, notamment grâce à la présence de Fabio Lione. Sans être transcendant, l’italien fait passer le chant à un niveau supérieur et embellit cette composition d’une certaine qualité avec un refrain entrainant et gai à souhait digne de la paire Turilli/Staropoli.
De cet album, on ressort avec une sensation mitigée. Le power proposé est bien foutu et l’écoute assez plaisante mais l’on peine à voir une once de talent chez nos amis hongrois, que l’on aura vite fait de recaler dans les formations de seconde zone offrant un travail honnête mais manquant de cet éclair de génie capable de les faire passer à la postérité. Finalement, on ne conseillera l’achat qu’aux fans de power en manque de metal grandiloquent et pompeux, les autres devraient attendre une offrande plus novatrice et inventive.
6.5/10