En pleine promotion de leur deuxième album intitulé Blind Consequence, La Grosse Radio s’est entretenue avec Najib Maftah, chanteur de Stolen Memories. Retour sur un groupe qui a de l’ambition.
Au sommaire de cette interview, vous trouverez notamment :
- Le choix du nom "Stolen Memories"
- l'écriture de l'album
- les éventuelles erreurs que le groupe a essayé de corriger
- le sens du mot "progressif "
- la difficulté pour être original et se démarquer sur la scène métal prog'
"Stolen Memories" est un nom assez original. Qu’est-ce qui vous a amené à le choisir ?
On a fait un brainstorming pour trouver le nom du groupe. Chacun proposait des idées, et moi, j’ai lancé "Stolen quelque chose", un autre a proposé "quelque chose Memories". Et on s’est dit " ah tiens, Stolen Memories, c’est bien !". C’est un chouette nom de groupe, et on peut lui trouver plein de significations. On peut penser à la maladie d’Alzheimer, ou à plein d’autres choses… La mémoire, c’est quelque chose qui nous intéresse, on en parle dans nos textes. Et puis "stolen", tu te fais voler quelque chose, en l’occurrence, ta mémoire, et c’est plutôt flippant. C’est un concept qui nous a plu donc on a gardé Stolen Memories.
Cette année, vous avez sorti votre deuxième album, Blind Consequence. Comment avez-vous abordé son écriture, notamment par rapport au premier album.
Notre premier album, Strange Order, est résolument métal progressif, parce qu’on avait vraiment envie de faire ça. Avec le nouvel album, on a voulu un peu se détacher du cliché progressif. En fait, on s’est rendu compte qu’il y avait plein de gens qui n’écoutaient pas ce qu’on faisait, juste à cause du mot « progressif » ! [rires] On trouvait ça un peu con, donc on a décidé de mettre plus l’accent sur le côté métal de notre musique. Après tout, on est avant tout un groupe de métal ! Donc sur Blind Consequence, il y a moins de claviers, beaucoup moins même, moins de solo, de doublages, de quadruplages… L’accent est plus mis sur la guitare, Baptiste a beaucoup travaillé sur les sonorités de la guitare, et on en trouve pas mal sur ce nouvel album. Il y a aussi plus de place pour que la basse puisse s’exprimer et c’est aussi vrai pour les parties vocales. L’idée était de pouvoir toucher un maximum de personnes, et pas seulement les amateurs de métal prog’.
Lors de l’enregistrement d’un album, il arrive à certains groupes de faire des choix qu’ils regrettent plus tard. Et souvent, ils corrigent le tir sur l’album suivant. Est-ce que c’est votre cas ?
Absolument. Strange Order a été pas mal chroniqué. On a eu pas mal de chroniques positives, mais aussi beaucoup de chroniques « moyennes », disons. Là-dedans, t’as ceux qui te cassent, et t’as ceux qui font de la critique constructive. Nous, on a pris ça très au sérieux, et on a vu qu’un certain nombre de choses revenait à chaque fois : morceaux trop longs, parfois un peu trop compliqués… On a pris ces critiques en compte pour le deuxième album, sans pour autant faire du pop-rock, hein ? [rires] On a réussi à faire ça tout en gardant notre identité musicale, et je pense qu’on arrivera à toucher un peu plus de monde, ce qui est notre objectif.
Comment décrirais-tu Blind Consequence ?
C’est un album un peu plus… Violent que le précédent. Il est aussi plus mélancolique et sombre, avec un côté plus aéré par rapport au premier album, qui était plutôt chargé instrumentalement. Donc je pense que l’auditeur sera moins saturé en l’écoutant. Il y a des phases où ça joue, c’est technique, ça envoie, et d’autres où c’est plus tranquille. Je crois qu’on est bien arrivé à concilier violence et mélodie sur cet album.
Quelles sont vos influences musicales, ou en tout cas, les musiciens qui vous ont donné envie de former le groupe ?
En fait, Stolen Memories a été formé par les deux frères Baptiste et Antoine Brun. Ils écoutaient beaucoup de métal prog’ et du thrash aussi. Comme c’est Baptiste qui compose, forcément, ses influences se ressentent sur nos albums. Il adore Steve Vai, Tony Mc Alpine, Megadeth, Pantera, Metallica … Au niveau prog’, on retrouve Andromeda, Sun Caged ou Pain of Salvation.
La scène progressive est extrêmement riche, mais comporte aussi son lot de redites. Ca doit être difficile d’arriver à se démarquer et d’être original, non ?
C’est vrai que c’est pas évident, mais on y travaille ! Tu vois, avec un premier album, tu arrives, tu essayes de te trouver un son, une identité… Et je pense qu’avec le deuxième album, on commence à se trouver, et aussi petit à petit à se démarquer. Sans doute qu’avec le troisième album, on sera bons sur ce point, parce que c’est difficile ! [rires] On a beaucoup d’influences, et elles ressortent forcément. Et pour trouver ton identité, il faut un peu de temps et de maturité.
Justement, le terme "progressif" peut paraître un peu obscur. Comment tu définirais le terme à quelqu’un qui n’y connaît rien ?
En fait, "progressif", c’est une mauvaise traduction de « progressive » en anglais. Il serait plus exact de traduire par "progressiste". Et le terme est beaucoup plus clair : quelqu’un qui est progressiste veut toujours aller de l’avant, expérimenter des choses… Et le courant prog’ essaye d’appliquer cela à la musique. Pour moi, la référence reste Pink Floyd. Ils ont une recherche sonore, une recherche d’ambiance. C’est aussi pour ça que souvent, les morceaux sont longs, parce qu’on essaye de raconter des histoires, qui sont parfois un peu compliquées. Donc en fait le prog’, c’est l’expérimentation, pour ouvrir d’autres horizons, et essayer d’être original.
Est-ce que vous avez des concerts prévus ?
Pas tout de suite. Ca sera certainement début 2014, on est en train de bosser là-dessus. On vient d’intégrer un nouveau bassiste dans le groupe, il a très bien intégré le groupe et rapidement compris notre méthode de travail. Actuellement, il joue notre set de concert quasiment en entier, donc je pense qu’il sera prêt pour début 2014, pour que ça soit vraiment parfait. On a rien pu prévoir avant, parce qu’on avait plus de bassiste, et quand il te manque un musicien, c’est pas facile de prévoir ce genre de choses. Donc là, on est en train de voir pour des festivals, j’espère que ça va aboutir.
Est-ce que vous avez d’autres projets ? Que ça soit avec Stolen Memories ou ailleurs ?
Notre objectif principal est vraiment de faire des concerts, si possible avec une tournée. Après, on va aussi travailler sur le troisième album. Il est déjà entièrement composé, et on est en train de bosser dessus pour une sortie vers début 2015. On projette aussi de faire un clip, et aussi de trouver quelques trucs pour rendre les concerts un peu plus magiques, avec des images, des lumières…
Quelles sont tes dernières découvertes musicales ?
Le dernier groupe que j’ai découvert, et qui m’a vraiment bluffé, c’est Leprous. Je suis absolument sous le charme. J’arrête pas de fredonner leurs chansons ! [rires] C’est une très belle découverte. Sinon, il y a Tesseract que j’adore, aussi. C’est à peu près tout en ce moment. D’ailleurs, Leprous joue à Lyon en Novembre, et j’ai hâte de les voir en concert.
Tous les musiciens ont des rêves. Quels sont les tiens ?
Ah ouais ! C’est ce qui nous aide à vivre, le rêve ! [rires] Clairement, ça serait vivre de notre musique. Au lieu de te lever le matin, et d’aller bosser dans une boîte de logistique, aller en studio, et travailler ta musique, faire des concerts, partager ça avec des gens. Tout simplement.
Est-ce qu’il y a des formations de métal prog’ français que tu apprécies ?
Oui, il y a Awacks. J’ai découvert ça grâce à leur bassiste, qui est aussi graphiste. D’ailleurs, il va sans doute faire la prochaine pochette de Stolen Memories. Après, il y a Adagio, les plus connus, et que j’aime bien aussi.
Le mot de la fin : as-tu un mot pour vos fans et nos lecteurs ?
Ecoutez notre album si c’est pas déjà fait ! [rires] N’hésitez pas à le manifester sur notre page Facebook si vous l’avez fait. On adore ouvrir la page et trouver des messages, c’est ce qui donne la pêche pour continuer. Et on remercie La Grosse Radio d’être venu nous interviewer !