Du Coq, on ne sait pas grand chose, tout du moins de ce coq là, si ce n'est qu'il est nantais, qu'il chante en français, et que le bougre a un sacré talent d'écriture.
Dans le texte et dans la musique, c'est un univers somnambulique et sombre dans lequel nous invite le plumé en chef, qui signifie bien dès le départ que sa patte est là. Alors oui, on pensera immanquablement à Dominique A ou dans une moindre mesure à Art Mengo, mais il reste au coq une identité bien trempée qui n'aura cependant jamais l'audace de s'imposer, préférant laisser à l'auditeur le choix de rentrer ou pas dans ces ballades solitaires. C'est une sorte de Blues folk avec l'efficacité de la variété qui s'offre à nous. Tout est mis aux service des cordes, la guitare acoustique bien sûr (les slides de "chaconnes") mais aussi et surtout la basse qui se fait très enveloppante, coucounant le reste de la musique; un choix de mix tout sauf innocent. En effet, jamais la musique ne se fait agressive, tout se fait dans la fluidité la plus totale et sonne comme une rivière tranquille.
La voix, sensuelle et traînante, nous conte des déambulations de façon doucement narquoise, un peu fatiguée, voire désabusée mais jamais cynique. Cette jolie voix toute en retenue, par son petit coté jazzy, est le véritable fil rouge de l'album, incarnant en général la mélodie principale venant se poser sans mal dans un superbe écrin musical.
L'album est assez court, une dizaine de titres pour une petite quarantaine de minutes. Et c'est tant mieux; car si Chaconnes est maîtrisé d'un bout à l'autre, il ressort de l'écoute une certaine lassitude. Pas assez varié, un peu trop austère, effroyablement calme, un calme qui avec le temps se transforme malencontreusement en platitude.
Et il faut avouer que c'est bien dommage, car force est de reconnaître la qualité des compositions ("Je positive", "Allons en guerre") et de leur interprétation. Reste que cette aventure ressemble encore trop à une promenade sous un ciel grisonnant en plein désert; en somme quelque chose qui sans être déplaisant, n'est pas spécialement attirant non plus.
En résumé, si les retournements de tripes avec un scalpel en mousse ne vous font pas peur, ce disque risque de vous plaire... Dans le cas contraire, vous profiterez d'un petit voyage intérieur sympathique et musicalement érudit, mais pas inoubliable.