Actuellement sur la côte Est des États-Unis, et après une tournée européenne, les très populaires canadiens de Islands défendent leur nouvel album sorti en Septembre par la maison de disque Manqué Music. Ski Masks, une création fantaisiste sans pour autant être incontournable, qui est néanmoins particulièrement appréciable du fait de sa douceur et de sa légèreté dans cette période automnale. Censé "être vraiment sur la colère", ce nouvel album pourrait résumer, selon les mots de Nick Diamonds, le meilleur comme le pire de l'experience d'avoir été et d'être dans un groupe.
Mais occupons-nous tout d'abord des quelques points faibles de l'album qui sans être insignifiants ne sont pas non plus rhédibitoires. Le premier reproche vient du côté trop lisse que revêt la galette, chaque accord semble millimétré et répété, ne laissant aucune place à l'improvisation d'un côté, mais relevant d'une technique sans failles de l'autre. Plus lisse en tout cas que leur quatrième album A Sleep & A Forgetting, sorti courant 2012, qui avait été inspiré du divorce du chanteur, guitariste et clavériste Nicholas Thorburn, et qui reste l'album le plus prenant du groupe à ce jour. Ensuite, et enfin, le groupe s'est quelque peu éloigné du rock indé expérimental affectionné par ses deux fondateurs Nicholas Thorburn et Jaime Tambeur (batterie) (avec The Unicorns) en lui préférant des accents plus pop. De même le lyrisme qu’on retrouvait sur les autres galettes du fait des violons est mis de côté.
Cependant l'une des caractéristiques du groupe qui n'a pas changé durant cette année est la diversité. En effet, l'album présente plusieurs facettes, passant de la pop psyché à un rock plus traditionnel, capables de plaire à un grand nombre d'auditeurs qui pourront s'identifier à ces différentes nuances. A tel point qu'il me faudra quasiment vous décrire toutes les pistes une par une...
Commençons d'abord avec « Wave Forms », un morceau pop guilleret posé par un duo clavier-guitare très efficace et également soutenu par des percussions fantaisistes qui ouvre l'album sur une note joyeuse et légère. Toutefois, cette piste d'ouverture nous pousserait plutôt à reléguer Islands dans la case des groupes délivrant une pop insipide sans grande profondeur ni originalité, et cela peut être le cas d'autres pistes qui prises une par une ne révèlent pas toute la richesse proposée par les quatre garçons. Grande erreur ! Car s'ensuit un tourbillon d'influences, allant de la ballade au rock vintage des 70's, en passant par un rock désertique ou même légèrement planant.
Vient ensuite « Death Drive » qui marque une rupture avec le premier morceau car plus rock. Un virage pris cependant en douceur grâce aux notes pop toujours présentes, en particulier sur le refrain, ainsi que ce rythme caractéristique déjà remarqué lors de « Wave Forms » qui sera le fil conducteur de la galette, lui donnant ainsi un aspect plutôt linéaire.
Puis s'avance « Becoming The Gunship », une belle ballade larmoyante et traînante qui laisse une vraie place aux guitares et inscrit le quatuor dans un registre un brin romantic rock. Suivi du particulièrement surprenant « Nil » qui se joue de l'auditeur grâce à un rock très 70's enjoué faisant légèrement penser au légendaire « Bohemian Rhapsody » de Queen sur certains couplets. Un peu de poésie nous transportera ensuite sur « Sad Middle », qui mêle rock planant, rythme victorieux et guerriers, envolées pop et motifs plus profond.
Islands se dirige par la suite, avec « Hushed Tones », vers des sons et effets faisant davantage songer aux français de Phœnix ou à The Drums car plus lent et paradoxalement à la fois aérien et profond grâce à une opposition percu/clavier. Abandonnant la légèreté pour une ambiance plus mélancolique « Shotgun Vision », comme son nom l'indique, est un brin plus déprimant et apporte un petit effet stoner à l'album grâce à la phrase de refrain chantée comme au bord du vide. « Of Corpse » restera dans le même registre, pour revenir avec « We'll Do It So You Don't Have To » à un rock mélodique et léger chauffé à l'acoustique. La galette s'achèvera enfin par un alliage de rock marqué et de pop planante résumant à elle seule, non seulement l'album, mais aussi l'univers dans lequel évolue le groupe depuis 2005, j'ai nommé : « Winged Beat Drums ». La voix se durcit, la batterie prend enfin toute sa place, la gratte s'affirme et le clavier nous entraîne toujours plus pour un final en douceur.
On apprécié donc les qualités d'Islands qui restent toujours présentes, tout en regrettant un peu un virage quelque peu plus consensuel, qui sans faire fuir l'auditeur, ne peut que le faire regretter le côté plus aventureux des précédentes réalisations du groupe.
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Tracklist
1. Wave Forms
2. "Death Drive"
3. "Becoming the Gunship"
4. "Nil"
5. "Sad Middle"
6. "Hushed Tones"
7. "Here Here"
8. "Shotgun Vision"
9. "Of Corpse"
10. "We'll Do It So You Don't Have To"
11. "Winged Beat Drums"