Plus d'un mois avant sa sortie (le 16 octobre 2009, chez Nuclear Blast), je vous propose un exercice de style assez inédit sur lagrosseradio.com : une découverte en avant-première du nouvel album d'Epica "Design Your Univers", sous la forme d'une chronique "track by track". De quoi faire patienter et/ou saliver les fans...
1) "Samadhi" : Ce nouvel opus s'ouvre sur une introduction assez classique et "calme" que les italiens de Rhapsody (of Fire) n'auraient pas renié. De l'épique symphonique relevé d'une chorale, pas de doute nous sommes bien en train d'écouter du Epica...
2) "Resign to Surrender": Le prélude se poursuit jusqu'à l'arrivée d'un Mark Jansen très en forme, place faite directement au chant extrême et à un son de guitare quelque peu différent (qui marque ainsi le remplacement d'Ad Sluijter par l'ancien guitariste de God Dethroned Isaac Delahaye). Simone Simons fait son entrée en produisant un refrain de qualité dans la lignée de ce qu'elle a pu nous offrir sur les précédents albums mais avec une encore plus grande maîtrise. A noter que ce morceau regorge de choeurs ainsi que d'une narration plaçant très probablement l'album dans un esprit conceptuel... Voici en tous les cas un premier grand moment, l'album s'annonce sous les meilleures auspices !
3) "Unleashed" : Après une introduction toute en choeurs, on reprend un rythme effréné tout en revenant dans un Epica plus "classique", notamment au niveau du refrain - envolé et accrocheur juste comme il faut. Un potentiel single en puissance... Si on excepte le break assez mystique qui vient donner une couleur spécifique à ce morceau.
4) "Master of the Free Word" : Une intro quasiment death mélodique qui surprend quelque peu, enrichie de ces arrangements symphoniques qui font la marque de fabrique d'Epica. Quelques ambiances sympathiques accompagnent l'entrée d'une Simone à la voix quelque peu différente (d'ailleurs, selon un de mes collègues chroniqueur sur le webzine Heavylaw, il s'agirait en fait d'Amanda Somerville au chant sur ce titre... à confirmer), avec un riff constant et puissant. Pas de doute, le nouveau Epica est plus "metal" ! Le refrain fait mouche, ultra efficace, renforcé par une partie extrême toujours aussi bien maîtrisée. Quelques chants grégoriens puis un solo endiablé à la Scar Symmetry plus loin, et on sait d'ores et déjà qu'on tient ici l'un des moments forts de l'album !
5) "Our Destiny" : On démarre dans un épique symphonique plutôt traditionnel avant de se calmer via un duo piano/Simone aérien. Intervient ensuite la batterie et une basse clinquante sur laquelle une guitare assez crunchy de vient merveilleusement s'insérer. Quelques growls, le refrain s'avère très correct même s'il ne tutoie pas les étoiles, ce qui n'empêche pas ce morceau de nous entraîner du début à la fin, notamment avec son break/solo tantôt speedé, tantôt extrême, tantôt "symphonichoeurisé" qui ne laisse pas indifférent.
6) "Kingdom of Heaven" : Ambiance aborigène associé à une touche mystique que ne renierait pas Danny Elfman et on attaque un gros riff lourd très "black sympho"... Pénétrons ainsi dans le royaume du paradis ! Une chanson ultra complexe où tout y passe (ou presque), de l'extrême poussé à son paroxysme aux mélodies ultra accrocheuses portées par une Simone et un choeur endiablés, de breaks surprenants (avec notamment des passages très orientalisants, très filmiques, et même un break acoustique rappelant le Opeth des plus belles heures) aux parties metal headbangantes à mort, un chef d'oeuvre de 13'35" que certains auront du mal à appréhender mais qui pourrait bien faire date dans la discographie du groupe.
7) "The Price of Freedom" : Interlude assez étonnant, sous fond de piano et d'archives reprenant directement des discours de Malcolm X, Martin Luther King Jr. ou encore Barack Obama...
8) "Burn to a Cinder" : Et on enchaîne directement sur un rythme orientalisant et entraînant porté par la grâce de Simone, une vraie symphonie filmique qui capte l'attention. Pré-refrain et refrain typiquement Epica mais qui ne sont pas sans nous surprendre par leur grande clarté et maturité d'exécution. Une chose est certaine : Epica a évolué et en bien ! Beaucoup moins naïf, plus adulte, cette chanson à elle seule le prouve en un clin d'oeil - et ce jusqu'au thème abordé. A noter un final très grâcieux, avec une Simone quasiment en solo juste accompagnée d'un thème synthé atmosphérico-symphonique...
9) "Tides of Time" : S'en suit la ballade "gentillette" de l'album. Une grâce piano/voix pour débuter, Simone Simons laisse libre cours à son lyrisme romantique pour le plus grand plaisir de ses fans. Je ne vous le cache pas, le côté un peu trop rose et sirupeux de cette chanson ne m'a pas trop emballé, mais il en faut pour tous les goûts comme on dit... puis Simone se débrouille très bien, c'est déjà ça !
10) "Deconstruct" : On attaque direct, sans chichi, du Epica pur jus avec du bon gros riff metal et du lyrisme exarcerbé. Merci Mark pour tes growls toujours bien placés, merci Simone pour ton entrain toujours aussi communicateur. Une chanson très efficace, aux arrangements très travaillés, qui ne figure pas forcément pas parmi les meilleures mais qui reste très largement dans le ton général de l'album : réussie !
11) "Semblance of Liberty" : Intro heavy thrashisante qui active tous les muscles du cou... Bam, prends ça dans ta gueule ! Probablement un des débuts de chansons les plus "directs" dans l'histoire d'Epica. Et comme si cela ne suffisait pas, c'est Mark qui prend les reines du chant pour un morceau qui reste dans des tonalités plutôt extrêmes y compris lorsque Simone intervient. Une belle réussite pour une chanson qui ne fait pas de compromis et devrait même attirer ceux qui jusque là boudaient les productions du groupe batave. Pour les férus d'histoire, on peut relever une nouvelle intervention d'archives avec le fameux discours "Read my lips" de George Bush (père) adressée à la convention nationale républicaine de 1988, promesse qui lui permit à l'époque d'être élu président.
12) "White Waters" : Et voici Simone en charmante compagnie du chanteur de Sonata Arctica Tony Kakko, duo que nous avions annoncés en exclusivité ici-même dans l'interview de ce même Tony. Une nouvelle ballade, dans le style de "Trois Vierges" (figurant sur l'album "Consign to Oblivion" et chantée elle aussi en duo avec Roy Khan de Kamelot), plus intéressante peut-être que "Tides of Time" (car moins ouvertement "pompeuse") mais qui révèle une légère déception me concernant. J'aurais préféré entendre Tony sur une chanson autrement plus rythmée, même si celle-ci le met particulièrement en valeur. Le duo prend en tout les cas plutôt bien, petite consolation même si ce morceau ne restera pas forcément dans les mémoires collectives...
13) "Design Your Universe" : La conclusion éponyme de l'album débute sur un thème assez celtique, petit son de flûte et léger effet de violon (tous deux probablement faits au synthé) qui donnent un charme à une introduction qui progresse lentement et sûrement afin de placer le décor, avant de laisser place à un gros riff très vite coupé par l'apparition de Simone sous fond de guitare acoustique. Puis Mark se déchaîne, plus fort que jamais, jusqu'à un refrain assez lyrique-néo classique venu d'ailleurs. La chanson fonctionne très bien mais s'avère plutôt complexe, parfois peut-être trop tant certaines transitions apparaissent légèrement maladroites... du moins elles en donnent parfois l'impression. Une conclusion efficace certes, où le duo de chanteurs s'en donne à coeur joie, mais qui me laisse un léger sentiment d'inachevé.
Ce "Design Your Universe" sonne donc comme une petite révolution dans l'univers d'Epica. Certains fans vont être surpris, d'autres qui rejetaient en bloc ce groupe jusqu'alors pourraient bien vite changer d'avis... Seul petit bémol, une fin peut-être un peu plus poussive selon moi même si la qualité reste présente, ce qui laisse donc la possibilité à nos amis bataves de frapper encore plus fort la prochaine fois.
Sans aucun doute l'album de la maturité pour des hollandais qui sortent ainsi grandis de ce nouvel opus. Sans oublier la performance de choix d'une Simone Simons qui s'améliore d'album en album et s'affirme de plus en plus.
Ma note : 8.5/10