En ce dimanche 3 novembre, le Divan du Monde nous présentait une bien belle affiche. Le collectif The Ocean allait donner un concert en tête d’affiche pour promouvoir son dernier album Pelagial, accompagné de Shining, Tides From Nebula et les frenchy Hacride. Voilà une meute de groupes qui a été à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’elle !
Tides From Nebula
C’était aux polonais d’ouvrir le bal. Au programme : du post rock/métal instrumental ! Après quelques minutes d’une écoute concentrée, on se rend compte que leur musique prend une autre dimension lorsqu’elle se montre plus agressive. C’est le moment où le groupe se lâche, et joue avec une passion qui ne trompe pas, en plus de nous délivrer quelques expérimentations bruitistes plutôt réussies !
Le son aurait gagné à être plus précis, le guitariste rythmique étant parfois quasiment inaudible. Tides From Nebula se cherche un style avec ses riffs bourrés d’échos et ses rythmiques oscillant entre lourdeur métal et rock sobre. Le groupe aura donc délivré un concert plus qu’honnête dans ce rôle ingrat qu’est être le premier à jouer sur une affiche avec plus de trois groupes. Cependant, le tout manquait peut être d’un peu plus de folie pour vraiment marquer les esprits. Peut être avec le prochain album ?
Shining
La pression monte d’un cran dans la salle, car c’est au tour de Shining de monter sur scène ! Sans surprise, le groupe entame son set avec "I Won’t Forget", première chanson de son dernier album, One One One. On se rend très vite compte que le black jazz de la formation norvégienne est taillé pour les concerts. Les hurlements de Jorgen Munkeby sont peut être un peu moins glaçants et rageurs que sur album, mais on a vite fait d’oublier ce léger désagrément lorsqu’il empoigne son saxophone pour être brillant de classe à chacune de ses interventions.
Bien vite, le Divan du Monde est complètement acquis à la bande. Encore une fois, le son n’est pas totalement satisfaisant et aurait peut être pu être un poil plus puissant, ne serait-ce que pour bien ressentir l’agressivité qui se dégage de la musique de Shining. Mais cessons d’être médisant, Jorgen et son groupe ont assuré un concert à la fois débridé et maîtrisé ! Tobias Ornes Andersen (Leprous) se déchaîne comme un diable derrière les fûts tout le long du set, et a un jeu encore plus agréable à regarder avec Shining.
En fait, on se sait pas bien où nous emmène la musique du grouep : jazz ? métal ? musique expérimentale ? Un peu de tout cela en vérité, et l’ensemble est superbement bien pensé ! Après avoir remercié les autres groupes et l’audience, Shining se lance dans un morceau presque free jazz, dans lequel chaque musicien révèle la maîtrise qu’il a de son instrument, en plus de montrer à quel point le groupe ne perd rien en intensité lorsqu’il joue en instrumental. Et que dire de ce final dantesque avec la reprise de "21st Schizoid Man" de King Crimson ? Pas grand-chose, si ce n’est qu’on croit avoir sur scène King Crimson et Nine Inch Nails. Tout est dit. (ou presque)
Hacride
Décidément, nos compatriotes de Hacride sont partout ! Après les avoir écouté au Metal Sphere III à Voisin le Bretonneux et au Brutal Assault en République Tchèque, il est plutôt appréciable de voir que le groupe a encore progressé depuis ! C’est particulièrement le cas pour le chanteur Luiss Roux, qu’on sent plus à l’aise, à la voix, mais aussi scéniquement. Cette fois, le son est vraiment bien équilibré, tous les éléments sont présents pour passer un bon moment avec Hacride !
Après avoir joué les deux premières chansons de son excellent dernier album Back to Where You’ve Never Been, le groupe continue sa lancée avec "Overcome", où l’influence de Meshuggah se ressent particulièrement, avec un blast beat magistral de Florent Marcadet qui accompagne la guitare d’Adrien Grousset. Mis à part quelques pogoteurs, le public est plutôt statique, mais est complètement dans le concert à en juger par les vivats que le groupe récolte à chaque temps mort.
Hacride enfonce le clou avec "Act of God", qui remporte un franc succès dans la fosse. Et c’est avec "My Enemy" que les français terminent un set qui est passé à la vitesse de l’éclair. Le seul solo joué par Adrien pendant la soirée nous confirme que c’est bien en rythmique que la formation révèle tout son potentiel, mais passons. Hacride a donné un concert très prometteur pour la suite, qui ne fait que confirmer la place du groupe dans le fleuron du métal français. Chapeau ! Les fans qui n’ont pas pu se déplacer ce soir-là seront heureux d’apprendre qu’il semblerait que le concert ait été filmé.
The Ocean
C’est maintenant au tour de la tête d’affiche d’entrer dans l’arène. La fosse est bien remplie, mais il ne faut pas oublier que le balcon du Divan du Monde n’est pas accessible. Qu’importe, force est de constater que le groupe a vu les choses en grand pour sa tournée, avec un énorme écran placé derrière la batterie, sur lequel sont projetées de superbes images sous marines, mais pas seulement. La où un groupe se contente souvent de plusieurs vidéos qu’ils répètent en boucle le long du concert, The Ocean a fait un effort de diversité qu’il faut saluer !
Le groupe commence son set avec les cinq premières chansons de son très bon dernier album Pelagial. Le chanteur Loïc Rossetti est très en voix ce soir, à la fois en chant clair comme en growl. Visiblement en bonne forme, il fera de nombreux slams dans le public tout le long du concert avec une belle ferveur. La suite des évènements nous révèlera qu’il avait plus d’un tour dans son sac. Il y a une sacré ambiance dans le Divan du Monde, et le son est plutôt bon ! La basse de Louis Jucker est très bien mise en valeur dans le mix, fait assez rare et appréciable pour être signalé, d’autant que le bassiste se révèle être un fin artilleur.
En plus d’être franchement efficace dans le registre qu’on leur connaît, à savoir un métal teinté de sludge qui rappelle parfois Mastodon, The Ocean sait se révéler tout aussi habile dans la quasi-ballade "Hadopelagic II : Let Them Believe". Comme pour Hacride, le public est assez statique, et apprécie la musique pourtant bien agressive de The Ocean tranquillement. Dommage que les parties de piano et de violon soient jouées par un sample, mais vu leur présence épisodique dans les compos du groupe, on comprend qu’ils aient opté pour cette solution plutôt que de prendre des musiciens supplémentaires. Sur un morceau, le groupe invite Luiss de Hacride pour pousser la chansonnette avec eux.
On assiste à une scène de pur rock n’ roll lorsque Loïc monte au balcon pour y hurler sa partie, avant de se jeter dans la foule en délire. Heureusement, il est bien réceptionné ! Et c’est déjà l’heure du rappel, où The Ocean va déterrer quelques morceaux plus anciens de son répertoire. Ou comment clôturer cette soirée de la meilleure des manières ! Les quatre formations auront été du bon à l’excellent, ce qui est rare pour un concert avec autant de groupes. On leur souhaite bon vent pour la suite de la tournée. A venir, les interviews vidéo de Jorgen Munkeby de Shining et Adrien Grousset de Hacride !
Photos : Arnaud Dionisio / © 2013 Deviantart
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