Il parait que l'hiver c'est dans un peu plus d'un mois... Et pourtant, c'est dans une atmosphère très fraîche que nous nous rendons sur Paris en ce mercredi soir. La traversée du Parc de la Villette se fait quelque peu en grelottant, ainsi nous ne sommes pas fâchés lorsque le Trabendo nous ouvre ses portes pour une soirée qui s'annonce bien plus chaude que la température extérieure.
Il faut dire que le passage de Dark Tranquillity dans la capitale est toujours un évènement, surtout cette année avec un European Construct Tour très attendu après un superbe album paru plus tôt cette année chez Century Media. Et si en plus on rajoute à cela le groupe norvégien plutôt culte Tristania en première partie, on ne peut absolument pas se plaindre et ainsi s'attendre à un show des plus agréables.
TRISTANIA
Il est environ 19h50 lorsque le mythique combo de metal gothique monte sur scène. Il est à noter que, depuis deux albums, ce n'est plus Vibeke Stene qui exerce le rôle de frontwoman mais la charmante italienne Mariangela Demurtas. Un vrai rêve pour la jeune demoiselle comme elle nous le confiait en entretien il y a quelques mois, et on peut dire que la belle sait montrer son bonheur sur scène...
Tout commence avec une introduction quelque peu décadante avant d'installer le groupe pour un "Number" bien agressif extrait du nouvel album paru plus tôt cette année. Malheureusement, le son n'est pas à la hauteur, plutôt médiocre sur cette entame et à peine amélioré au fur et à mesure que le show avancera. Ce sera le seul véritable écueil majeur d'un concert plutôt bien maîtrisé, en mode diésel certes mais qui montre une envie globale de la part de nos amis scandinaves.
Si Mariangela rayonne, parfaitement en voix et sans fausse note tout au long de la prestation, le chanteur Kjetil Nordhus sera parfois moins à la fête (quelques soucis de retour par instants) même s'il saura se montrer à la hauteur notamment sur la fin du show lorsque par exemple la miss s'éclipsera le temps d'un "Darkest White" 100% masculin, le frontman étant d'ailleurs souvent épaulé par les growls plutôt black du guitariste Anders Høyvik Hidle totalement survolté. Pour le reste, les musiciens joueront parfaitement leur rôle, le bassiste Ole Vistnes et la guitariste Gyri aidant aussi aux choeurs comme par exemple sur le splendide "Beyond the Veil" old school aux accents latins.
Une setlist assez représentative d'ailleurs de la carrière "en deux temps" d'un groupe en pleine évolution. Le côté sympho gothique d'antan sera représenté par le trio "Beyond the Path" / "The Shining Path" / "Sacrilege", tandis qu'en contre partie les deux derniers opus de l'ère Mariangela seront largement mis à l'honneur, jusqu'à ce "Year of the Rat" final parfaitement réussi sur lequel la chanteuse lâchera un "je t'aime" au public parisien plutôt réceptif malgré des débuts timides.
Un bon moment donc, sublimé vous l'aurez compris par une voix féminine en or, probablement l'une des meilleures chanteuses de la scène metal actuelle et qui devrait s'assurer une fort belle carrière avec Tristania et même au-delà.
Setlist :
- Number
- Night on Earth
- Himmelfall
- Exile
- Beyond the Veil
- The Shining Path
- Sacrilege
- Requiem
- Darkest White
- Year of the Rat
DARK TRANQUILLITY
Le grand moment tant attendu se fait enfin réalité aux alentours de 21h, une foule compacte se presse près de la scène alors que chacun observe le décor assez sobre installé sur scène autour du kit batterie. Mais lorsque le show démarre, on se rend compte que le backdrop est remplacé par un écran géant qui jouera un rôle visuel primordial tout au long du concert, présentant plusieurs images ou projetant titres et paroles de certaines chansons émaillant la setlist. Certaines auront même droit à leur vidéo clip diffusé en simultané, comme "Zero Distance" issu d'un EP bonus entre les deux précédents opus ou bien la conclusion "Unformity" qui viendra achever les troupes lors d'un rappel presque aussi inattendu qu'intense.
En parlant de "Uniformity", comment ne pas mentionner qu'il s'agissait là d'une date du Construct Tour, mettant donc en vedette l'un des tous meilleurs albums sortis cette année et qui a valu à Dark Tranquillity un grand succès d'estime ? Pas moins de six morceaux de ce chef d'oeuvre seront en effet joués ce soir, et on n'aurait pas été contre une ration supplémentaire ! Le choix de ceux-ci s'est cependant avéré fort judicieux, que ce soit en ouverture avec un "The Science of Noise" bondissant, "State of Trust" et son break atmosphérico-romantique ou bien "Endtime Hearts" à l'intro épileptique qui déchaine les pulsions d'une foule de plus en plus folle et totalement conquise. Un disque qui passe donc parfaitement l'épreuve du live, preuve qu'il est promis à une belle durée de vie.
Pour le reste de sa setlist, Dark Tranquillity a joué large et surpris son monde en proposant un florilège de ses débuts : l'étonnant "Silence, and the Firmament Withdrew" de The Gallery (alors que chacun aurait attendu un "Punish My Heaven") mais aussi un extrait du tout premier album Skydancer fêtant cette année ses 20 ans, cela semblait donc presque une évidence. Il fallait cependant oser déterrer un "A Bolt of Blazing Gold" quelque peu maladroit dans son chant féminin d'époque, mais ici parfaitement dépoussiéré et amélioré par le guest d'une Mariangela de Tristania totalement habitée par son rôle ! Cela sera encore plus flagrant sur "UnDo Control" qui mettra en scène un magnifique duo entre Mary et Michael Stanne, clairement faits pour être ensemble... sur scène, entendons-nous bien ! Projector, album à part dans la discographie du combo suédois, sera d'ailleurs également représenté par le splendide "ThereIn" sur lequel le public se laissera aller à quelques chants de rigueur sur la demande du frontman. Setlist variée donc mais qui oubliera totalement l'album Character et son tube "Lost to Apathy" que l'on aurait bien vu rajouté à la fête, pour le reste Fiction sera également à l'honneur avec notamment le très remuant et moderne "Terminus" où tout le monde descend se donner à fond dans la fosse. Mention spéciale également aux hymnes "The Wonders at Your Feet" aux hands-clapping vigoureux et "Monochromatic Stains" sur lequel Mikael se laissera aller à un bain de foule collé à la crash barrière et au premier rang.
Parlons-en, du père Stanne, qui a une nouvelle fois justifié ses galons de redoutable frontman lors de cette soirée parisienne. Sourire constant aux lèvres, gestuelle diabolique et mobilité extrême qui démontre sa grande forme physique, le chevelu suédois ne faiblira à aucun moment que ce soit dans ses parties extrêmes ou sur son chant clair parfois encore plus touchant qu'en studio. Heureux d'être là avec ses fans, il se montrera également très communicatif, multipliant les interventions bercées de quelques "fuckin'" très spontanés, affirmant que les shows dans la capitale française sont toujours uniques et spéciaux pour le groupe. Bref, lâchons un bon "holy shit" à sa façon et saluons là le grand professionnalisme d'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) chanteurs de death mélodique scandinave.
Derrière lui, les musiciens ne sont pas en reste et jamais ne faiblissent, se montrant très appliqués et précis comme des métronomes. Si on excepte quelques larsens sûrement dus à la mobilité sans limite du frontman, aucun problème ne sera à déplorer et le son - pas toujours optimal au Trabendo - se montrera à la hauteur d'un show haut en couleur et aux lights soignées. Niveau instrumentistes, notons les riffs acérés de Martin Henriksson, les excellents soli de Niklas Sundin (notamment sur "The Wonders at Your Feet"), les sons claviers parfaitement maîtrisés d'un Martin Brändström déchaîné derrière son piano ou encore la batterie à la fois subtile et puissante d'Anders Jivarp qui se permet un final au groove impitoyable sur "Uniformity", justifiant le port de son t-shirt Rush. A noter l'absence de bassiste sur scène, pas spécialement remplacé par des samples mais plutôt compensé par un mixage très fort en basse des deux guitares, le départ de Daniel Antonsson n'ayant toujours pas été palié.
En résumé, un show quasi parfait qui a mis le public à terre. Dark Tranquillity ne faillit jamais en live, et on espère désormais très vite retrouver le groupe sur nos terres. Pourquoi pas un petit passage au Hellfest 2014 ? Cela ne serait pas de refus.
Setlist :
- The Science of Noise
- White Noise / Black Silence
- What Only You Know
- The Fatalist
- The Silence in Between
- Zero Distance
- A Bolt of Blazing Gold (feat. Mariangela Demurtas)
- UnDo Control (feat. Mariangela Demurtas)
- Monochromatic Stains
- The Wonders at Your Feet
- Indifferunt Suns
- Silence, and the Firmament Withdrew
- Terminus (Where Death Is Most Alive)
- State of Trust
- Endtime Hearts
- ThereIn
- Misery's Crown
- Uniformity
Photos : Arnaud Dionisio / © 2013 Deviantart
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