Dub incorporation était à l’Elispace de Beauvais pour la 1ère date de leur tournée Paradise le 14 novembre dernier. Pour l’occasion ils ont accepté de répondre à quelques questions.
Une interview naturelle et intéressante avec Zigo , le batteur de la family Dub Inc'…
Auréroots : Ce soir c’est la première d’une longue série de dates, comment vous vous sentez ?
Zigo : Motivés, chauds (rire) (regardant dehors, pluie, vent, froid).
A : Vous existez officiellement depuis 1999, vous souvenez vous de votre 1ère prestation live ?
Z : Ho oui, bien sûr, c’était dans une petite salle des fêtes à coté de Saint-Etienne. C'est le jour où on s’est dit qu’il fallait continuer le groupe, qu’ensemble ça fonctionnait. Autant dans la cohésion musicale que l’entente entre chacun.
A : Vous avez joué dans plusieurs salles et festivals, quel est votre meilleur souvenir ?
Z : La dernière fête de L’Huma était impressionnante, 80 000 personnes je crois, tout comme à Bogota. Mais à partir de 20 000, c’est tellement vaste que l'on ne fait plus la différence. Mais ce ne sont pas forcément les meilleurs souvenirs, nous avons grandi avec les petites salles et parfois il y a un aspect nostalgique. C’est compliqué de donner un exemple, on a tellement de bons souvenirs et très peu de mauvais.
A : En 2004, vous avez été lauréat du FAIR (soutien et aide au démarrage de carrière d’artistes ou de groupes musicaux domiciliés en France) , est ce à partir de là que les choses sérieuses ont commencé pour vous ?
Z : Alors pas spécialement par rapport au FAIR, mais à l'époque, notre tourneur actuel, était membre du jury. Il nous a repérés et voulait travailler avec nous. C’est quelqu’un qui à compris que nous voulions rester indépendant, qu’il fallait faire du développement avec nous et voir sur du long terme. On lui a expliqué qu' on ne voulait pas faire les choses trop vite. Il nous a fait arrêter de tourner pour tout reprendre du début, il a su structurer nos dates et accélérer les choses.
A : Quel est votre processus de création chez Dub Incorporation ?
Z : De manière générale, on travaille de notre coté sur nos ordinateurs. On note nos idées, riddims, et lorsque qu' on commence le projet d’un album, chacun expose ses trouvailles. On sélectionne, on trie, on voit ce qui inspire les chanteurs. Après un nombre conséquent de morceaux on se retrouve dans notre studio à Saint-Etienne, ou parfois en campagne isolé pendant une semaine en huis-clos. On en discute, c’est énormément de temps de préparation. On partage tout et tout le monde a un vrai droit de parole.
A : Depuis la sortie de l’album Hors control vous avez réalisé autour de 200 concerts, le jour où on vous a dit que vous alliez jouer en dehors de la France quelle a été votre réaction ?
Z : une nouvelle expérience, la même sensation que le jour où on a joué hors région stéphanoise. C’est une aventure, on a commencé par l’Allemagne, le Portugal, la Grèce, la Pologne, on se décomplexe par rapport à la langue française. On a la chance d’être encore indépendant, on peut choisir où aller sans que se soit rentable, c’est un réel plaisir. C’est devenu un but, on veut vraiment faire le tour du monde, on a beaucoup de chance.
A : Sur le film Rude Boy Story, on a pu comprendre votre méthode d’autoproduction, qu’est-ce qui est le plus dur au quotidien ?
Z : la communication est importante surtout que nous n’intéressons pas les médias, et ce n’est pas un choix, c’est d’ailleurs une frustration notamment par rapport aux médias spécialisés, "les Inrocks", "Rock & Folk" par exemple. Notre jeune attaché de presse ne comprend pas d’ailleurs, on a jamais été contre un passage "France Inter" ou "Radio Nova". On fait bouger du monde, mais on ne suscite pas l’intérêt de ces gens la. Peut être le fait que l'on soit indépendant et que l’on ne paye pas pour notre publicité, on n’attire pas la sympathie des médias. Mais ce n’est pas grave dès que nous sommes sur scène on oublie tout ça. On fait avec notre imagination, on a plusieurs casquettes, on ne connait pas les moments de relaxations dans le bus les jours de concerts. On plie des t-shirt, on installe le stand, on répond aux questions, on fait notre promo.
A : Vous êtes indépendant, que reprochez-vous au système de production musical classique ?
Z : On veut rester indépendant, car personne ne peut nous proposer mieux. Au début aucune major ne veut prendre le risque car c’est pas rentable.On n’a jamais eu le sentiment que notre musique, notre entité, était un produit. On ne réfléchit pas à ce qui est le plus vendeur. Les maisons de disques imposent souvent des règles aux artistes, on ne les juge pas, c’est à l’artiste de faire son choix. Nous, on souhaite composer de la musique, parler des choses dont on a envie et vivre une vie de saltimbanques.
A : Que conseilleriez-vous à un jeune groupe qui a les mêmes espérances que vous ?
Z : On recherche surtout l’intérêt commun du groupe, en oubliant les trucs personnels. Dans un contrat classique, on sait bien que le ou les chanteurs vont passer en avant et ça, ça peu créer des tensions. Nous, on a de la chance que nos chanteurs n'aient pas cédé à cet égo, ce n’est pas souvent que le batteur d’un groupe répond aux questions. Au début, nous n’avons eu personne pour nous aider car il n’y avait aucune structure sur Saint-Etienne. Nous avons pris notre camionnette et parcouru tous les bars susceptibles de nous accueillir. C’est notre technique mais ce n’est pas forcément valable pour tout le monde, on est déjà chanceux d’être 7 et de s’entendre et cela depuis presque 15 ans. Il faut surtout faire attention dans la signature d’un contrat, de ce que veut faire de vous la maison de disque.
A : Il y a beaucoup de polémiques autour de la SACEM, comment vous débrouillez vous ?
Z : La SACEM reste un moyen de redistribution des droits d’auteur classique, mais c’est un système compliqué pour s’adapter à toutes les situations. Nous percevons des droits de manière égale et que sur nos live, on n’a jamais reçu de droits en dehors. On ne se plaint pas du téléchargement ou copiage mais si ces droits n’existaient plus, nous n'aurions plus rien. Mais la manière de l’utiliser reste un débat.
A : On vous a conseillé de chanter plus en anglais pour une réussite internationale, n’avez-vous pas l’impression que suivre ce conseil vous éloignera du public français ? Vous sentez vous à votre aise avec cette langue ?
Z : D’une manière personnelle, ça a été bénéfique, Bouchkour et devenu quasi-bilingue en 10 ans, maintenant l’inspiration vient parfois en anglais.Les thèmes que nous choisissont concernent souvent et directement les français, on voit bien que par exemple au Portugal, le public n’a pas la même ferveur. C’est un principe artistique, on fait les choses comme on les ressent, on ne dénature pas notre inspiration.
A : L’album Paradise est le fruit de deux ans de travail, comment avez-vous trouvé le temps entre les dates de concerts, pour travailler cet album ?
Z : On ne s’arrête jamais de bosser, on a commencé par préparer des choses sur la route, puis on s’est arrêté pendant 6 mois pour travailler tous les jours, pour rentrer dans un processus créatif qui était au début difficile mais plus les années passent et plus ca devient facile et normal.
A : Sur Paradise, ce paquebot multicolore à des airs de Greenpeace, vous sentez vous les messagers, le détonateur d’un changement social et culturel ?
Z : Nous sommes en réalité des gens timides, nous ne nous sentons pas des têtes de files contestataires, on essaie juste de faire le lien entre les gens et les sujets qui nous touchent. Pour nous les gens engagés sont ceux qui sont dans la rue, qui vont se battre pour des idéaux, on accompagne ces gens pour aider les autres à ouvrir les yeux, à réfléchir. Nous sommes des journalistes sérieux (rire).
A : 13 titres, vous sortez d’un voyage enrichissant, n’avez-vous pas l’impression d’oublier des sujets qui vous tiennent à cœur ?
Z : c’est du travail, nous avons vraiment mis les morceaux terminés, nous mettons beaucoup de temps pour être satisfait d’un titre donc ce n’était pas possible de sortir un double album, ça aurait peut être mis deux ans de plus.
A : l’enregistrement et le travail de Paradise a t-il été différent de celui de Hors Contrôle sorti en 2010?
Z : Je vois Paradise comme une suite direct de Hors Contrôle. A la fin de Hors Contrôle, je le sentais comme un album pas terminé et Paradise est un aboutissement du premier. D’ailleurs "Dub contrôle" qui apparait sur Paradise était prévu sur Hors Contrôle. C’est vraiment une suite. Nous avons développé des techniques sur Hors controle qui se reflètent sur Paradise. Mais j’ai la sensation que le travail sur le prochain album sera différent, on explora une autre façon de faire comme la prise live en studio.
A : Vous êtes 7 personnes sur scène, mais en réalité la Dub Inc’ Family ça chiffre à combien de personnes ?
Z : Sur la route on est 14 mais tu peux rajouter toutes les personnes qui nous suivent de loin ou de près.
A : Ce soir vous sentez votre live comment par rapport aux prochains ?
Z : On ne la considère pas totalement comme notre première date car on joue 1h15 à peu près, on ne peut pas mettre tout ce que l’on désire dans ce lapse de temps, mais par contre jouer dans ce genre de salle à 3000 personnes, taille plus humaine, rend le show beaucoup plus chaleureux.
A : Merci beaucoup en tout cas, d’avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions, que souhaiterais-tu faire passer comme message aux auditeurs et lecteurs de La Grosse Radio ?
Z : On est dans une période difficile, de crise, on a tendance à chercher qui est fautif de quelque chose. Souvent les gens se divisent, il faut rester unis et ne pas oublier de faire la fête (rire).
A suivre, le live report de cette soirée et la suite de leur tournée.
19/11 - Cargo - Caen : Jr Yellam / COMPLET !
20/11 - Aéronef - Lille : Skarra Mucci
21/11 - Salle Georges Brassens - Limoges : Wailing trees
22/11 - La Sirène - La Rochelle : Jr Yellam / COMPLET !
26/11 - Transbordeur - Lyon : Mellow Mood / COMPLET !
27/11 - Liberté - Rennes : Mellow Mood
28/11 - Stéréolux - Nantes : Mellow Mood / COMPLET !
29/11 - Médoquine - Bordeaux : Mellow Mood
03/12 - Le Moulin - Marseille : Wailing trees
07/12 - Salle des fêtes de Thonex - Genève : Green System
12/12 - L'Autre canal - Nancy : Skarra Mucci
13/12 - Rockhal - Luxembourg : Skarra Mucci
14/12 - La Laiterie - Strasbourg : Red eyes band / COMPLET !
19/12 - Le Phare - Toulouse : Skarra Mucci
20/12 - Zénith - Paris : Broussai
21/12 - Zénith - St Etienne : Yaniss Odua
Site officiel: www.dub-inc.com