Du Death Métal hollandais à l’honneur ! Hail of Bullets remontre le bout de son nez avec un troisième album studio nommé III The Rommel Chronicles et sorti chez Metal Blade Records.
Ayant la particularité de retracer des périodes de la seconde guerre mondiale à travers ses opus, la bande d’Utrecht ne manque pas à l’appel et nous propose un voyage historique à travers les combats du général Allemand Erwin Rommel. « Le renard du désert » (surnommé ainsi après sa compagne en Afrique du nord) vient donc habiter ce nouvel album assez brutal pour nous faire vivre son parcours jusqu'à sa mort.
Un univers qui nous pose au milieu des combats, retraçant notamment la campagne en France 1940 de la 7ème Panzer division (commandée par Rommel), mais aussi la période de guerre en Afrique du nord avec l’Afrika Korps, incluant la bataille de Tobrouk lors de l’offensive en Libye en 1941.
Bon, la musique à bien sûr sa place et ces sources d’inspiration historiques n’annoncent évidemment pas de la pop ! Un album riche en riffs bien grassouillets et agressifs à souhait a vu le jour. L’atmosphère respecte un univers guerrier et apocalyptique, enveloppant doucement nos curieuses oreilles. Hail of Bullets revient pas mal même si l’on peut sentir comme un manque de puissance sonore au fur et à mesure que les compos s’expriment. Comme un sentiment d’essoufflement, la voix de Martin Van Drunen (Asphyx) reste fidèle mais peine malgré tout à apporter cette force de frappe qui scotche.
Cependant, nos hollandais savent rebondir et connaissent quelques bottes secrètes pour en envoyer plein la gueule. Quelques notes, quelques secondes, quelques minutes suffiraient à réchauffer un public sortant d’un congélateur. Exemple avec "To the Last Breath of Man and Beast" à 1 minute 19… Un riff tout simplement monstrueux qui fait littéralement exploser la chanson. Seulement voilà, il dure moins d’une minute et ne réapparait pas…
Quel dommage ! Preuve qu’ils sont vraiment capables d’enflammer un morceau ! Alors que la batterie d’Ed Warby se mue en char d’assaut, on sent l’ambiance lointaine des tirs, des corps croulants sous les balles. L’aspect Death Métal gras reste un côté que certains aimeront et d’autres détesteront ! Il y’a d’ailleurs un passage plutôt intéressant qui rappelle très (trop ?) fortement non pas l’esprit mais une composition de Rammstein dans la chanson "DG-7"… Et oui évidemment c’est très bon mais… c’est dommage d’associer trop facilement un riff à un autre groupe qui plus est aussi majestueux. Bref, Le contexte est quand même plutôt respecté sur l’ensemble de III The Rommel Chronicles qui se démarque d’ailleurs par des intros assez réussies. Mettre dan le bain et accrocher l’auditeur n’est pas chose aisée mais Hail of Bullets sait le faire quand il veut ! Prenez "DAK", le lancement est juste énorme, ça donne envie de sauter en secouant ses cheveux jusqu'à épuisement et puis ben… Uniquement la nuque pour ceux qui n’ont pas (ou plus) de longs tifs ! "The Desert Fox" n’est pas mal non plus dans le genre Groovy Trash Death Métal. Une ligne mélodique simple, efficace et une explosion des guitares qui en fait une arme de destruction.
Entre solos à la Slayer, un char d’assaut en forme de batterie, des guitares qui traversent l’histoire et un chanteur à bout de souffle, cela fait un condensé assez homogène.
Il faut bien constater que ce troisième album monte progressivement en pression. La deuxième partie de l’album est plus dynamique et largement plus offensif au fur et à mesure que nous nous approchons de la fin. Au rythme de l’histoire, la violence se fait de plus en plus forte, de plus en plus présente et de plus en plus sanglante. "The final front", qui retrace l’épisode du mur de l’atlantique en 1943 où Erwin Rommel avait pour mission d’empêcher le débarquement des alliés, marquera la dernière vague de violence avant la mélancolie : "Death of a Field Marshal".
Une mélancolie doucement et lentement exprimée à travers une ligne mélodique sombre et magnifique. La batterie a enlevée son costume de char d’assaut pour proposer un rythme bien plus soutenu et lourd de sens. Comme une descente aux enfers, cette compo nous entraîne dans un univers morbide et suicidaire pour conclure sur ces notes de mort, nourries par une reverbe dérangeante et addictive. Ces dernières notes suivent les derniers souffles d’Erwin Rommel, qui se donna la mort le 14 octobre 1944. Un suicide qui lui a été ordonné, suite à son implication dans l’opération Walkyrie (qui prévoyait entre autre l’assassinat d’Hitler). Ayant le choix entre son accusation ainsi que celle de sa famille et le suicide, Le Renard du désert a opté pour le poison.
Ainsi se referme III The Rommel Chronicles… Un album brutal, riche en histoire, assez pauvre en mélodies, pas mal fourni en riffs sentis mais dans l’ensemble il reste malgré tout un goût d’inachevé. Dommage car avec un certain Dan Swanö à la baguette…
Certains passages ne sont pas assez exploités et c’est dommage. Le chant manque vraiment de puissance pour redonner un nouveau souffle par moments.
Cela reste du bon Death Métal agrémenté d’un thrash qui n’est absolument pas déplaisant mais peut-être pas assez creusé en cette année 2013. Hail of Bullets est quand même un bon groupe, qui a maintenant sept ans d’existence, et c’est tout à leur honneur.
Gros coup de coeur pour la chanson "Death of a Field Marshal". Une ballade tourmentée dans les entrailles mortes, embellie par une atmosphère à la fois pesante et magique.