Le Forum de Vauréal, c'est une salle sympa à la programmation incroyable, mais qui pour moi a un léger défaut : elle est juste un peu plus loin que le bout du monde ! En ce mercredi, les spectateurs venus en masse (le concert affiche complet, malgré la concurrence d'autres gros concerts pouvant capter une partie du public, Avenged Sevenfold au Zénith et Nickelback à Bercy) vont largement profiter des joies de la circulation en région parisienne. Pour ma part, 3h30 pour faire 75 km, j'aime autant vous dire que j'avais environ 42 de tension et que Venrez qui ouvrait la soirée avait intérêt à assurer pour me calmer (les pauvres, ils n'y sont pour rien, mais c'est parfois un truc difficile à gérer pour les groupes de première partie).
Venrez, donc. Groupe américain (le chanteur nous explique qu'ils viennent de "Los Angeles, California", comme si cela allait nous faire pleurer de joie) officiant dans un registre assez proche et pourtant si éloigné de Buckcherry. Je vais faire court, sans être déshonorante, leur musique est tellement insipide que je profite de leur prestation pour me restaurer ! Des chansons sans réelles lignes mélodique, un chant plus que douteux (on entend davantage les chœurs d'un des guitaristes que le chanteur – et c'est tant mieux car il est bien meilleur vocalement), une implication proche du zéro absolue du chanteur et un jeu de scène frôlant parfois le ridicule pour l'un des six-cordiste, bref, pas grand-chose à retenir de cette prestation terne qui permettra simplement de refaire connaissance avec les lieux (ah ce bar faisant face à un écran retransmettant ce qui se passe sur la scène, quel superbe agencement !) et de discuter avec bon nombre de têtes connues.
Soyons honnête, l'évènement du soir, c'était bien la venue de Buckcherry, trop rare dans nos contrées et dont le dernier opus Confessions constitue un de mes musts de l'année. Quand le quintet américain investit la scène, l'accueil est des plus chaleureux. Josh Todd, dissimulé derrière son bandana et ses lunettes de soleil joue à fond son rôle de rock star alors que derrière lui, Kelly LeMieux démarre son rôle d'intérimaire de luxe avec les atours adaptés au poste (on a presque envie de lui attribuer le titre d'employer du mois tant il ne ressemble en rien au bassiste qui accompagné Paul Gilbert au printemps dernier. J'ai beau savoir que c'est un métier, ce côté caméléon me gênera pendant tout le concert, malgré l'évident savoir-faire du bonhomme). De chaque côté de la scène, les guitaristes Keith Nelson (casquette vissée sur le crâne) et Stevie D sont déjà au taquet, tronçonnant des riffs bien hargneux. Le set s'ouvre sur "Lit Up", le sulfureux single du premier album répétant à l'envie "I Love The Cocaïne".
Stevie D (Buckcherry)
Le groupe enchaîne avec "Rescue Me" puis "All Night Long" (titre éponyme du précédent disque) qui reçoit un franc succès. Les chansons défilent (dont l'excellent "Everything"), Josh Todd se dévêt petit à petit jusqu'à se retrouver torse nu (et donc total tatouage apparent), mais il y a, pour moi, quelque chose qui cloche. En plus de souci sur le chant (Todd a l'air très fatigué), il faut attendre la neuvième chanson pour avoir enfin un extrait de la dernière galette. Et à en juger par l'impact de "Gluttony", on peut vraiment émettre de gros doute sur le bienfondé d'une telle setlist ! Parce que là, ça tabasse vraiment et le public redevient dingue, alors qu'il a parfois semblé décrocher. Non pas que le show soit mauvais, mais les moments où "ça le fait" sont aussi entrecoupés de passages plus anodins.
Pourtant, en vieux briscards, Buckcherry sait ranimer la flamme avec des clins d'œil qui font mouche. Un couplet du "Big Balls" d'AC-DC ou bien une petite jam sur "Miss You" des Stones (et là, l'apport de Kelly LeMieux est indéniable) et hop, le tour est joué. Côté gratte, on baigne dans une orgie de Les Paul au son ultra chaud. La deuxième partie du set est bien plus efficace et je me dis que tout aurait été parfait en attaquant par les six dernières chansons (pourquoi avoir fait la promotion du best of sorti en 2012 plutôt que celle de Confessions ? Mystère !).
Josh Todd (Buckcherry)
Après deux titres en rappel qui achèvent brillamment cette prestation, c'est clairement un sentiment mitigé qui s'impose à moi tant j'ai le sentiment que le groupe peut faire mieux, qu'il manquait ce soir la hargne, le sentiment de danger et d'urgence, et peut-être aussi que Buckcherry n'est pas la légende que j'attendais (peut-être tout simplement en espérais-je trop !). Un concert sympa, mais sans plus (et qui ne vaut pas 3h30 de route, désolé de vous importuner avec ça, mais ça pique !)
On dit qu'après une chute de cheval (ou de vélo, ou de balançoire ou de ce sur quoi vous grimper, bande de pervers libidineux) il faut tout de suite se remettre en selle. Eh bien, c'est exactement ce qui va se produire avec l'arrivée rapide des suédois de Hardcore Superstar.
Pour résumer brièvement ce set, c'est simple, comme le disait récemment Christelle (à qui on doit les photos illustrant cet article) sur un réseau social bien connu, avec HCSS on n'a l'impression de n'entendre "que des hits" ! Du début à la fin, c'est un rouleau compresseur balançant pêle mêle, refrains larger than life, rythmiques simples mais imparables et surtout, une bonne humeur hyper communicative !
On attaque avec "Moonshine" et la machine ne s'arrêtera que quasiment 90 minutes plus tard, devant un public rincé, n'ayant plus de voix, mais arborant un sourire radieux ! Contrairement au set de l'Empreinte il y a deux ans, aucun souci technique ne vient contrarier Jocke, le chanteur, véritable héros de la soirée. Alors que je l'avais vu donner à L'Empreinte un excellent concert, mû par une rage difficilement contrôlée, ce soir, c'est un mec heureux d'être là, incroyablement positif et charismatique qui mène les débats.
Chaque chanson est l'occasion d'une véritable communion avec le public (Jocke signalant à plusieurs reprises que c'est toujours un plaisir pour HCSS de jouer à Paris tant l'accueil y est chaleureux). Ca groove, ça remue. "One More Minute", " Kick On The Upperclass", " My Good Reputation" quell que soit l'album mis à l'honneur, c'est carton plein !
Vic Zino (Hardcore Superstar)
Outre ses compos, ce qui fait aussi le charme de la prestation, c'est le contraste entre les trois de devant. A la basse Martin Sandvik est un gros poupon toujours souriant, le metal kid trop content d'être sur scène pour le dissimuler. Vic Zino à la six-cordes, c'est typiquement le genre de petit teigneux qu'on imaginerait plus volontiers dans un groupe de thrash allemand qu'à dégainer des riffs sleazy à tour de bras. Véritable pile électrique, il harangue constamment la foule et maintient la pression. Beaucoup plus grand et impressionnant, Jocke, c'est un frontman acrobatique et théâtrale dans sa gestuelle, doublé d'un vocaliste hors pair. Car la vraie révélation pour moi ce soir, c'est que le bougre arrive à faire sur scène ce que Sebastian Bach n'arrive plus à simuler en studio, même avec l'aide de Pro-Tools !
Et si le début du set a été un succès, la seconde est, elle, un triomphe ("Above The Law" mais bordel, quoi !) avant que les rappels ne virent à l'apothéose !
Jocke Berg (Hardcore Superstar)
Après une version superbe de la ballade "Run To Your Mama" (Jocke tout seul chantant accompagné, c'est le seul regret, de bandes, mais pour une prestation magnifique, surtout en fin de set), le coup de grâce arrive avec les deux méga-supra hits intersidéraux de la mort qui tue que sont "Last Call For Alcohol" et "We Don't Celebrate Sundays" ! Le pit devient totalement dingue, les mouvements de foule vont d'un bord à l'autre de la salle, et honnêtement, à part pour Iron Maiden à Bercy, je crois que je n'ai jamais entendu un public gueuler aussi fort (j'attends toujours le retour de mes capacités vocales normales depuis). L'impression de sentir le souffle de la foule pousser dans le dos tellement c'était puissant et la réaction des musiciens ne laissait aucun doute sur l'ampleur de ce qu'ils ressentaient sur scène !
Voilà, comment une soirée démarrée dans les affres de la circulation parisienne avec l'énervement qui va avec, se termine dans la joie, l'insouciance et le sentiment que finalement, cela en valait largement la peine. L'affiche Buckcherry/Hardcore Superstar promettait d'être événementielle, elle le fut, mais pas sur le groupe attendu.
Setlist Buckcherry :
Lip Up
Rescue Me
All Night Long
Fall
Everything
Sorry
Slamin
Next 2 You
Tired Of You
Gluttony
Nothing Left But Tears
For The Movies
Crazy Bitch
Greed
Wrath
Setlist Hardcore Superstar :
Moonshine
One More mInute
Kick On The Upperclass
My Good Reputation
Into Debauchery
Guest List
Long Time No See
Dreamin In A Casket
Wild Boys
Someone Special
Above The Law
Run To Your Mama
Last Call For Alcohol
We Don't Celebrate Sundays
Un grand merci au Forum (et Aurélie en particulier) pour son accueil et à Christelle Bouguermouh pour ses photos prises au coeur de la mélée !
