Mais oui, il faut une première partie avant d’apprécier les Maîtres.
Costard de rigueur, Uncle Acid & The Deadbeats montent sur scène visiblement pas du tout impressionnés d’ouvrir dans une grande salle. Il faut dire qu’ils peuvent se la jouer car leur musique est bien en place avec de belles envolées vers des contrés très 70’s rythmées par la chevelure dense de ses musiciens. Malgré une scène réduite et des lights assez légers ils nous prennent par la main pour nous faire remonter dans le temps d’une musique que n’auraient pas reniée les 4 gars de Birmingham. C’est lourd, pesant et ça fait du bien !
Place au grand moment... Ah là là, on en a entendu des trucs sur Black Sabbath et Ozzy. Bercy qui ne se remplissait pas pour différentes raisons : Ozzy ne sait pas chanter, sa précédente prestation dans cette même salle était calamiteuse, Bill Ward ne fait plus partie du groupe parce qu’il a peur de prendre l’avion, Black Sabbath va jouer au Hellfest alors pourquoi y aller maintenant ? Ozzy ne chante pas ce sont des bandes enregistrées…
Et bien désolé mais Black Sabbath reste et restera Black Sabbath (bon 75% des membres originaux) car Bill Ward ne fait plus partie de la tournée pour différents raisons mais remplacé par un Tommy Clufetos mis en avant et loin d’être ridicule.
La scène est sublime, genre de structure en pierre comme l’entrée d’une grotte encadrant 3 écrans géants, deux plus petits latéraux et un central beaucoup plus grand. Sur ceux des côtés apparaissent le logo du groupe, « Henry », le Démon volant qui était apparu pour la première fois sur l’album Never Say Die, soit le dernier album enregistré avec Ozzy Osbourne…
Tony Iommi sourit derrière ses lunettes fumées, tout va bien, le show peut commencer. La qualité des images diffusées sur les écrans sont sublimes, grosse qualité. Ozzy a pris un peu de bedaine, mais la voix est là et c’est le principal. On a beau scruté les gros plans réalisés sur lui, il chante bien et sacrément bien. Sa voix toujours aussi reconnaissable nous fait vibrer sur les anciens titres du Sab comme avec « War Pigs » (et ses images de guerres) et « Into the Void » qui entament le show pour mettre les choses au clair.
Ozzy grimace, le rimmel coule, tout roule ! Le public est aux anges (démons), chantant sur les riffs du guitariste. Quant à Geezer Butler, il est sublime. Ses lignes mélodiques structurent chaque morceau, les rendant complexes et enivrants. Il faut voir les gros plans réalisés sur ses doigts lorsqu’il caresse à vive allure ses 4 cordes.
La vieilleSG vintage de Tony sur laquelle sont scotchés quelques médiators sort encore tout ce qu’elle a au fond de ses tripes. Les prothèses en silicone des doigts de l’un des plus connus des gauchers sont filmées en gros plans accentuant les riffs inimitables de Black Sabbath. Toute la musique du groupe est décuplée en live. On y est, on voit la légende. Ce groupe qui a influencé toute une scène.
Bien sûr les râleurs diront que Bill Ward n’est pas là. Mais Tommy Clufetos est époustouflant, maîtrisant les rythmes pachydermiques des morceaux tout en ne les dénaturant pas. Au contraire, sa frappe juste et lourde nous permet d’admirer les finesses de son jeu et ce pendant un solo de batterie juste avant « Iron Man » loin d’être ennuyeux comme souvent on peut nous en imposer lors de certains concerts.
Les nouveaux titres du dernier album 13 s’en sortent très bien en live comme « God Is Dead? » ou « End of the Beginning » avec la voix d’Ozzy qui nous susurre à l’oreille sa phrase déjà mythique « Is this the end of the beginning? - Or the beginning of the end? »…
Les solos de Tony sont fluides, logiques et s’enchaînent au fil des titres. Ozzy harangue le public en leur demandant de crier « Tony, Tony… ». La foule réagit mais finit en scandant « Ozzy Ozzy ». Le Mad Man bouge plus qu’à l’accoutumée, n’hésitant pas à aller de gauche à droite de la scène, prenant parfois un saut d’eau pour le balancer dans le public ou se le déverser sur la tête, classique mais toujours drôle. Sur « Dirty Women » on a le droit à un joli défilé de poitrines sur les écrans toutes plus grosses les unes que les autres pendant qu’Ozzy astique son pied de micro comme un forcené réagissant aux images diffusées… c’est kitch, drôle à la Ultra Vixen (pour les connaisseurs) avec des images de bonnes sœurs tirées d’un film X qui devait être assez intéressant au niveau des dialogues…
Ensuite pour se calmer, Ozzy se remet un seau d’eau sur la tête en scandant le fameux « I can’t hear You » avant que « Snowblind » vienne nous mettre le nez… dans la poussière. Les crinières de la foule s’agitent dans tous les sens créant une jolie houle au sein de la mer des chevelus de la fosse.
Nouveau gimmicks, Ozzy, remonté comme une pendule suisse, nous pond quelques « Cou-cous » de temps en temps déclenchant l’hilarité du public et le sourire de Tony.
Sabbath, ça rend fou et ce n’est pas les images d’un hôpital psychiatrique dans lequel Ozzy a dû faire de nombreux aller-retour qui illustrent «Age of Reason » qui diront le contraire.
Le public scande « Ozzy Ozzy » mais le maître nous propose « Geezer Geezer » avant de nous clouer au sol avec « Black Sabbath » où apparait le logo couleur rouge sang éclairant une grande salle pendant que le nom du groupe apparait flouté sur le plus grand des écrans, suivi du solo de basse « Bassically » qui annonce l’une des pierres angulaires du Metal qui n’est autre que « N.I.B. ».
A la fin d’un extraordinaire « Children of the Grave », Ozzy en Maître de cérémonie nous explique avant le rappel qu’il faut crier « Oh-o-Oho-Ooo » et que l’on doit dire « One more song »…Merci Ozzy de nous l’apprendre, on ne le savait pas !
Et effectivement, ils reviennent avec (on s’en doutait) « Paranoid » mais agrémentée en intro du riff de « Sabbath Bloody Sabbath ». Une merveille.
Bref vous l’aurez compris, Black Sabbath n’a rien perdu de sa superbe et si vous n’étiez pas à Bercy ce 2 Décembre 2013 il y aura une séance de rattrapage à Clisson pour l’édition 2014 du Hellfest le 22 Juin. Après cela, si vous ne venez pas vous serez impardonnable.
Lionel / Born 666
Setlist:
War Pigs
Into the Void
Under the Sun/Every Day Comes and Goes
Snowblind
Age of Reason
Black Sabbath
Behind the Wall of Sleep
N.I.B. (avec en intro le solo de basse “Bassically")
End of the Beginning
Fairies Wear Boots
Rat Salad
(solo de batterie de Tommy Clufetos)
Iron Man
God Is Dead?
Dirty Women
Children of the Grave
Rappel:
Paranoid (précédé de l'intro de Sabbath Bloody Sabbath)
Photo : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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