Les cendres étaient encore trop chaudes...
Renaître de ses cendres, voici une métaphore du Phénix utilisée plus d'une fois et pas seulement dans le paysage du hard rock/metal, c'est pourtant avec ce thème assez éculé que Silent Force nous revient avec un cinquième album quasi inattendu. Pas surprenant au final, 2013 étant l'année des comeback, car le groupe allemand n'avait plus donné de nouvelle depuis un Walk the Earth assez moyen paru en 2007 et qui amorçait déjà une certaine perte de vitesse pour Alex Beyrodt et sa troupe. Pourtant les trois premiers étaient convaincants, surtout le fameux Wolds Apart de 2004 avec un DC Cooper au sommet... mais voilà, ce dernier est parti et a rejoint son groupe phare Royal Hunt, laissant la place à l'obscur Michael Bormann déjà habitué aux remplacements (sur Powerworld récemment où il a suppléé le regretté Andy McDermott).
Bref, Silent Force revient, avec un line-up changé aux 3/5èmes puisqu'un claviériste italien du nom de Alessandro del Vecchio intègre aussi le quintette, de même pour l'illustre bassiste Mat Sinner (grand ami du leader Alex) qui s'engage ainsi dans un 15464ème groupe ou projet. De quoi raviver la flamme ? Ce Rising from Ashes à paraître le 13 décembre chez AFM Records en avait en tout cas sur le papier tous les ingrédients.
Et pourtant... recréer le duo Beyrodt/Sinner comme sur le dernier Primal Fear plutôt agréable paru début 2012 ne suffit pas. La magie ne va jamais véritablement prendre et ce malgré l'envie flagrante de chaque musicien au sommet de leur art. Encore fallait-il bien mélanger ces différents talents pour en faire un opus de qualité, or on sent que celui-ci a été quelque peu réalisé à la va-vite.
Oublié le côté power néoclassique qui faisait la qualité du groupe, même si on retrouve celui-ci sur un morceau d'ouverture qui laissait présager le meilleur, "Caught on Their Wicked Game" étant à ranger du côté des meilleures réussites d'un groupe à la Iron Mask par exemple pour ne citer que celui-ci. Cependant ce sera la seule folie du genre malgré quelques sympathiques coups d'accélération ici et là, l'album s'inscrivant au final plus dans une tonalité hard rock FM à la Gotthard d'antan, mais sans le brio de ces derniers.
Alors certes, dans le genre, certains morceaux pulsent bien et font taper du pied avec en tête "Before You Run" qui est clairement la réussite de l'album à ce niveau, bon point également pour "You Gotta Kick It" (qui aurait pu faire un bel hymne à la Mötley Crüe voire Steel Panther plus récemment) et son hallucination auditive "you've got a ticket" sans ommettre "There Ain't No Justice" qui confirme d'ailleurs les quelques touches à la Gotthard. Tout n'est cependant pas à ranger du côté de la réussite, "Living to Die" frôle par exemple le ridicule sur ses paroles ("We're just dust in the wind, dust to dust ashes to ashes... Living to die, rise and fall, Living but why but why we die? ... vive la philo) et s'avère relativement mou malgré son chorus agréable, idem avec ce "Turn Me Loose" dédicacé à une certaine Sarah et un peu trop glamouze. Le "pire" restant quand même ce "Born to Be a Fighter" à l'intro clavier improbable et au refrain profondément raté, dommage car les riffs étaient là.
Alors on ressort mitigé de cette écoute, malgré un très bon morceau de conclusion "Kiss of Death" et sa tonalité plus sombre sur des arrangements plus aériens. Michael Bormann fait le boulot derrière le micro mais ne fait pas oublier DC Cooper, on peut également regretter la sous-utilisation d'André Hilgers (Rage) derrière les fûts et un apport bien minimaliste de Mat Sinner sur sa 4-cordes. Reste de bonnes inspirations guitares/claviers, une prod irréprochable, mais cela ne suffit pas : un opus qui sera donc écouté sans mal mais rapidement oublié. A voir quand même sur la durée, si ce lineup s'imprègne d'un certain feeling nous auront peut-être droit à un prochain album bien plus convaincant.
La Folle Fougère