Les thrashers jouent la sécurité
De retour en 2013 avec Legions, les thrashers danois d’Artillery peuvent se présenter sous un nouveau jour, notamment avec un nouveau chanteur, Michael Bastholm Dahl, qui signe ici son premier album studio avec le groupe. Sans être mauvais, il a parfois du mal à se fondre dans le paysage thrash des chansons du groupe, à cause d’un léger manque de rage. Reste qu’Artillery arrive à pondre un album de bonne facture qui pourra plaire aux fans.
Depuis sa seconde reformation en 2007, Artillery continue son bonhomme de chemin avec Legions, troisième album depuis le retour. Si When Death Comes (2009) et My Blood (2011) s’étaient illustrés avec un son plus moderne et une rage accrue dans les compos, Artillery a décidé ici de revenir à un aspect plus mélodique, qui avait participé à la construction de son identité, notamment avec By Inheritance (1989), pierre angulaire de la discographie des danois.
Pour cet album, ce n’est plus le vociférant Søren Adamsen qui tient le micro, comme c’était le cas sur les deux disques précédents, mais Michael Bastholm Dahl. Le petit nouveau se place dans un registre plus mélodique et plus heavy metal. Si Artillery ne s’est jamais tenu éloigné de ce genre malgré son appartenance assumée à la famille thrash, on remarque que Michael manque un peu de niaque par rapport à ses illustres prédécesseurs. Si sa voix est parfaitement adaptée aux morceaux de bravoure comme "Global Flatline" ou "Enslaved to the Neither", on remarque que ce manque de rage fait défaut sur les titres plus incisifs, notamment "Wardrum Heartbeat".
Heureusement pour lui, cet album est plus mélodique et le groupe assume une certaine parenté avec By Inheritance, qui se ressent notamment avec l’utilisation de riffs mélodiques typiques d’Artillery, comme ceux de "Chill My Bones (Burn my Flesh)" ou de "Dies Irae". Le groupe n’oublie pas néanmoins d’insuffler de l’agressivité dans ses compos, comme sur "God Feather" ou "Anno Requiem", qui semblent taillées pour la scène. On regrettera cependant une fin d’album peu heureuse, avec un "Doctor Evil" niais et un "Ethos of Wrath" banal.
Côté instrumental, les musiciens sont dedans et arrivent à faire vivre les titres comme il faut, à commencer par l’autre petit nouveau de la bande, Josua Madsen, qui se démène plutôt bien à la batterie. Peter Thorslund le soutien discretement à la basse pendant que les deux frères guitaristes et membres fondateurs Michael et Morten Stützer servent riffs incisifs et solos soignés, dans le shred comme dans la mélodie. Leur goût pour les riffs mélodiques et les arpèges lacrymaux ne s’est pas estompé, notamment sur la power-ballade réussie "Enslaved to the Neither".
En somme, Artillery arrive à pondre une fois de plus un album de thrash mélodique bien fait, avec sa signature sonore reconnaissable malgré le changement récent de chanteur. Si ce dernier est bon, on peut regretter un léger manque de niaque dans son interprétation, qui tirerait les compos les plus directes vers le haut. On voit tout de même que les Danois n’ont pas dit leur dernier mot, reste maintenant à savoir comment tout cela rendra sur scène.