Subrosa – More Constant Than the Gods

Certaines sorties mettent du temps à se faire apprécier. Des efforts, des écoutes répétées, c'est avec ces petites choses que la magie commence à prendre et qu'une fois que la musique s'est totalement emparée de vous, il est difficile de résister à l'envie d'écouter cette œuvre en boucle. En tout cas, les albums qui sont parvenus à faire le même effet à votre serviteur que celui dont il est question aujourd'hui sont rares. Et pourtant, la formation américaine Subrosa y est parvenue. Si No Help for the Mighty Ones marquait déjà une incroyable progression par rapport à Strega, More Constant Than the Gods l'enterre six pieds sous terres. Je ne vais pas faire un long discours pour présenter cette offrande, tant il est nécessaire de l'écouter et de se l'approprier avant tout.

Peut-être est-ce plutôt leur musique qui s'approprie nos pensées, notre sensibilité. Sous ses airs simplistes se cache une force émotionnelle d'une énorme puissance. Le doom mené par Subrosa est bien loin des terres de la tristesse larmoyante à coup de paroles clichés et du jeu Ô combien classique et revu de la belle et de sa bête. Chez nos américains, la chanteuse n'est là ni pour jouer à l'un, ni à l'autre. Pour toucher sa cible, la manière employée est plus subtile, fine et tellement plus intéressante. More Constant Than the Gods est poignant grâce à son aspect contemplatif, aux images que le quintette renvoi, aux paroles cohérentes avec la musique, ne tombant jamais dans le cliché. Les mots sont toujours justes, aussi bien dosés que la composition. Les compères de Salt Lake City nous prouvent que l'écriture est essentielle.

Ce qui est étonnant, c'est qu'ils parviennent à créer un véritable mur de son compact dans lequel, pourtant, chaque instrument possède sa place et avance en unisson avec ses congénères. Les guitares, massives, sont bien sûr la pièce centrale et définissent bien souvent le corps des morceaux, offrant ainsi cette somptueuse consistance aux pistes. Mention toute particulière à « Fat of the Ram », illustrant à la perfection cette symbiose des éléments. La lourdeur de l'ambiance est pourtant facilement contrebalancée par une forme de douceur singulière, et c'est ce mélange si spécial qui donne sa couleur à la musique. On pense aussi au titre d'ouverture, « The Usher », qui possède une facette rassurante, paisible. Il en va de même pour « Cosey Mo », le titre le plus court des six mais tout aussi marquant que les autres !

Subrosa

Chez Subrosa, on respire la joie.

On ne voit pas le temps passer à l'écoute de More Constant Than the Gods. Les morceaux ont beau être très longs, ils n'en restent pas moins captivants de bout en bout, grâce à une formule très simple. Le groupe joue de son côté linéaire, usant pendant de longues durées de sonorités similaires dans un même titre mais sans se répéter réellement. Tout devient à chaque fois plus intense, plus puissant et prenant, avant de soudainement passer sur un autre plan puis de revenir à ce thème, tout en douceur. C'est cette formule qui rend l'écoute à la fois difficile les premières fois, puis addictive par la suite. La contribution du violon n'est pas étrangère non plus. Si celui-ci est discret, il ne se fait jamais oublier, et devient une aide précieuse à l'établissement de ces superbes pièces. Sur « Affliction », très dense, il remplit son rôle à merveille, et fait de cette piste une véritable merveille. L'intensité de ce morceau est impressionnante, grimpant sans s'arrêter et ne laissant jamais sur sa faim. Une marque des grands à n'en point douter.

Subrosa, au long de la traversée, continue tranquillement sa course, imperturbable. La chanteuse, dégageant une remarquable puissance au travers de sa voix, lance un fil conducteur, qui aide ainsi le pauvre auditeur à ne pas se perdre dans ces dédales. Son panel large contraste avec son timbre de voix presque linéaire mais chaleureux. Elle sait toujours s'adapter à l'atmosphère, loin de la surenchère et de la démonstration technique. Tout comme la musique, elle reste simple mais c'est ainsi qu'elle offre toute l'étendue de ses capacités à la foule.

Est-ce vraiment utile de se pencher encore davantage sur cette œuvre ? Le meilleur moyen d'apprivoiser More Constant Than the Gods reste de l'écouter, de laisser ces superbes mélodies s'imprégner dans votre esprit pour ne plus jamais en sortir. Le travail réalisé est ici colossal et Subrosa enterre la concurrence avec grâce et délicatesse.

Je n'ai pas l'habitude de parler à la première personne dans mes chroniques, mais cela me semble ici une nécessité. Rarement un disque ne m'aura autant touché et conquis que cette troisième offrande du quintette américain. Je ne crois pas avoir déjà donné une telle note, mais celle-ci me semble parfaitement méritée. Quelle claque tout de même … !

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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