*Entretien réalisé par M'Sieur Seb*
C’est avec un excellent nouvel opus sous le bras que le groupe Lorrain DEFICIENCY se décide à battre le pavé. En effet, le bien nommé « The Prodigal Child » ne manquera pas de surprendre son auditoire par la maturité de ses compositions ainsi que par la folle prétention de son concept. Entretien avec Jérôme, guitariste zen et passionné :
Jérôme, peux tu nous dire quelle est ta fonction au sein de Deficiency ?
Je suis dans le groupe depuis mai 2012, originellement comme bassiste mais comme Vianney joue déjà de la guitare et de la basse, il y a eu un retournement de situation, Vianney est resté à la basse et je me suis collé à la guitare.
Qu’est ce qui t’a amené à la musique ?
La musique est une histoire de famille. J’ai un oncle qui est également bassiste et guitariste et on peut dire que c’est grâce à lui que j’ai commencé à jouer quand j’ai dû avoir 15 ans. En fait, à la base, mon oncle avait offert une guitare à mon père et quand je l’ai eu entre les mains, je n’ai plus voulu la lâcher. Au début, j’étais un vrai autodidacte, j’achetais des magazines et j’essayais de reproduire ce que j’entendais et puis les choses sont venues naturellement. Je suis longtemps resté sur l’apprentissage de l’instrument et c’est en écoutant ACDC et Metallica que j’ai eu envie d’approfondir ce style.
Y’a-t-il eu un déclic particulier dans ton envie de former ou d’intégrer un groupe ?
Je dirai aucun, j’ai joué quasiment quatre ans seul. Les choses sont venues petit à petit. C’est peut être pour avoir vu ACDC en live que j’ai voulu faire pareil. Après, j’ai joué avec des copains pour m’amuser, on s’est essayé à la compo mais rien de sérieux. Par contre, je n’ai jamais connu la période ou on monte un groupe, on cherche des musiciens, j’ai toujours intégré le projet des autres.
Deficiency est-il ton premier projet musical ?
Non, j’ai intégré en 2004 NAGSNAIL, un groupe Lorrain formé en 1997. Nous avons enregistrés plusieurs démos avant d’enregistrer notre premier album en 2009. Autoproduit soit mais c’est mon premier album, il comportait 11 titres. Aujourd’hui, j’ai deux albums à mon actif avec le nouveau DEFICIENCY « The Prodigal Child ».
Peux-tu me raconter ta rencontre avec les autres membres de DEFICIENCY ?
Avec NAGSNAIL, nous avons partagé très souvent des scènes avec BLACK AGE, le groupe pré DEFIENCY. C’est à cette époque que j’ai rencontré Laurent, le dénominateur commun de BLACK AGE devenu DEFIENCY. Et puis les années passant nous sommes devenus des amis. Avec le split de NAGSNAIL en 2011, j’étais totalement disponible quand DEFICIENCY m’a contacté.
En quelle proportion as-tu participé à la composition des morceaux ?
En règle générale, c’est Laurent qui revient avec des idées, parfois des bribes, parfois des titres entiers et totalement finis. L’idée peut démarrer d’un riff que Laurent nous envoie par le net. Chacun de nous ramène ses idées quand vient le temps de la répète, ensuite ce n’est que question d’agencement. Chacun apporte sa patte au travail majoritairement effectué par Laurent.
Et concernant les textes?
C’est toujours Laurent qui s’y colle. Il lui arrive de coécrire certains titres avec sa compagne aussi.
« Prodigal Child » étant un concept album, peux-tu nous expliquer quel en est son sujet ?
Il s’agit d’un questionnement sur l’origine de l’humanité. Chacun des titres offrant des éléments de réponse. Nous ne donnons pas de leçon, nous ouvrons des pistes qui restent à l’interprétation de chacun. En règle générale, ce sujet est abordé d’un point de vu religieux ou scientifique, nous nous sommes donc attachés à trouver un angle différent, un autre point de vue.
Musicalement, en quoi consiste l’accompagnement du récit d’un concept album ?
Dans notre cas, la musique a été composée avant l’écriture. Nous nous sommes surtout intéressé à faire correspondre nos thèmes avec notre musique. L’idée d’une couleur musicale en fait…
Votre disque dure une heure, il est ouvertement très long, pourquoi ? Pour un jeune groupe, ça semble un peu casse-gueule non ?
Nous sommes pour la plupart d’entre nous des fans des premiers albums de METALLICA. Il y avait dans leur jeu à l’époque quelques chose de très progressif, à l’exception bien sûr de « Kill’Em All ». Ils étaient très jeunes durant « Ride The Lightning » et « Master Of Puppets ». Ce modèle de composition est une de nos références musicales, nous n’y pouvons rien. Après, nous ne composons pas des titres longs à dessein, nous n’avons pas le sentiment de broder non plus. Nous prenons le temps de poser des ambiances, d’amener un riff, tout ça prend du temps… Je trouverais dommage de trancher dans la musique pour une question de temps…
Votre concept parle des origines de l’humanité et votre pochette est futuriste, pourquoi ce grand écart ?
Tu te trompes, le sujet des origines de l’humanité est intemporel. De tout temps, ce sont des questions que l’ont peut se poser, hier comme demain. Dans le livret de notre album, nous avons essayé d’illustrer chacun de nos titres par un dessin. Parfois nous suggérons le mouvement et quand Laurent notre chanteur est prit en photo dans une bibliothèque à l’ancienne, nous ne datons pas non plus, nous faisons référence à l’Histoire.
Puisque nous causons pochette de disque, avec qui avez-vous travaillé sur « Prodigal Child » ?
Il s’agit de Ludovic Cordelières qui a aussi dernièrement réalisé la pochette du groupe français T.A.N.K. Nous avons collaboré de longs mois à l’élaboration de la pochette en même temps que nous composions. On peut vraiment dire que son travail et le notre ont évolués ensemble. Les croquis que l’on retrouve dans le livret, nous les devons aussi à Ludovic. A la base, il s’agissait du travail de Laurent mais Ludovic les a repris pour rendre l’ensemble plus cohérent. Quant aux photos, c’est le travail de Frédéric Macieri, un ami à nous. Il avait d’ailleurs déjà travaillé avec nous pour les photos du premier album de DEFICIENCY « State Of Disillusion »(2011).
Vous êtes basés en région Lorraine, Penses-tu être influencé par la proximité de l’Allemagne dont on sait qu’il est un pays hautement plus metal que le notre ?
De façon indirecte, oui. Je ne te cache pas que c’est une question que l’on nous pose souvent. Par contre, nous n’avons jamais joués chez eux, les allemands ont une scène locale très riche et doivent être assez chauvins en la matière.D’un autre côté, c’est clair que l’on assiste à plus de concerts à l’étranger, que ce soit au Luxembourg ou en Allemagne, ce n’est qu’une question de proximité mais l’influence du public doit y jouer, c’est certain…
Interview réalisée par M’sieur Séb, le 29 novembre 2013 au Hard-Rock Café Paris.