May the dragons be with you forever!
Des dragons, un groupe italien estampillé power épique sympho, un guitariste compositeur prénommé Luca, Fabio Lione au chant... oups, mais on a un retour du vieux Rhapsody d'antan ou quoi ? Que nenni, le Luca ici se nomme Gagnoni et non Turilli, Fabio n'apparait qu'en guest sur un morceau (en ce moment il est partout, c'est Mickey à Eurodisney !), et le groupe a pour nom Astral Domine. Un nouveau venu sur une scène locale déjà bien saturée, pour un premier album studio intitulé Arcanum Gloriae et paru en ce début d'année 2014 chez Bakerteam Records.
Une voix elfique, Arwen invitée à la narration ? On se sent plongé en plein Enya opératique dès l'intro éponyme de cet opus, une ambiance baroque et sombre s'empare de nos oreilles au fil des secondes, ce qui a le dont de nous plonger directement dans une ambiance qui ne faiblira pas tout au long 57 minutes composant l'album. Et si Fabio apparait sur une seule chanson de l'album, on se demande parfois si son fantôme n'habite pas les autres pistes tant la voix du chanteur Marco Scorletti semble s'en être inspiré ! C'est pas compliqué, sans savoir où se situait le guest lors de ma première écoute, j'étais persuadée l'entendre dès le premier titre "Holy Knights" (rien à voir avec les compatriotes du même nom). Le mimétisme semble parfois total sur certains vibratos ou poussées aigues, quant à Luca G. on le sent aussi très imprégné du maestro guitaristique de (LT's) Rhapsody (of Fire). Les choeurs aussi, ma foi, mais l'atmosphère globale est plus sobre, plus soft aussi, le mix masquant la batterie et laissant globalement les riffs rythmiques en retrait. Quant à la basse... il y en a une ?
Bon, parti comme ça, vous vous attendez certainement à ce que je descende l'album en flèche. Et bien pas du tout, car voilà un CD tout en paradoxe... super léger dans la prod, très calme pour du metal (même du genre, c'est dire), mais on sent que l'accent a été mis sur un côté orchestral noir et des passages plutôt folk touchant parfois au dark néofolk baroque ("Tale of the Elves and Pain" en tête, qui se pare aussi d'une certaine influence Stratovarius façon "Black Diamond"). Cela semble très étrange, on peut très vite s'égarer, mais au final si l'humeur est là on se laisse transporter par une oeuvre à mi-chemin entre un concerto et une BO de film. Plus du symphonique folk metallisé que du metal symphonique, en somme.
Evidemment, la production, aussi volontaire soit-elle, reste assez amateure et on sent que Luca et ses amis se débrouillent surtout avec les moyens du bord. L'aspect parfois brouillon et opaque (intro de "King of the North" par exemple) peut laisser sceptique, cela sonne démo ou très 90s d'époque, faisant presque passer Legendary Tales pour une production de Sascha Paeth. Bon, j'exagère un peu, et si cela ne nuit pas à l'écoute (SI on accepte cela dès le départ), cela en rebutera plus d'un c'est certain. Après tout, il s'agit là d'une galette sortie signée par un label, donc...
Heureusement les compos sont soignées avec un côté majestueux, on sent qu'il y a du bon travail de mise en place et les musiciens semblent fort compétents. Les différentes voix et arrangements en ce sens sont classieux, on se laisse prendre au jeu et une grosse vague de nostalgie s'empare de nous. Memories back to ces vieux groupes peu connus comme justement le premier Holy Knights, les Domine ou autres Highlord, bref ma jeunesse power qui a aussi touché je le sais mon rédac chef préféré. Il y a donc un côté fort attachant dans ce premier effort de Astral Domine, malgré quelques défauts correctibles.
Globalement, le disque s'écoute donc d'une traite sans qu'on ait véritablement à encenser ou descendre un morceau en particulier (hormis peut-être un "My Lord" assez poussif), comme une certaine cohérence prouvant que sa construction a été assez méticuleuse. Relevons tout de même en son centre l'équipe "Where Heroes Die" où Fabio Lione fait justement son apparition, le très aérien et agréable "I Am the King" ou le final "Falsi Dei" qui conclue les débats sur une très bonne note.
Ainsi, Astral Domine propose une vision assez personnelle et quelque peu originale d'un power symphonique plus axé sur les ambiances et atmosphères que sur la mélodie accrocheuse ou le speed à tout crin. Si les références au maître Rhapsody sont légion, nous ne tombons cependant pas dans le cliché ni le plagiat, et cela en soi est fort intéressant. Une forte personnalité se dégage donc, sauf peut-être au niveau d'une voix trop classique pour le genre même si fort bien maîtrisée, il ne reste donc plus qu'à transformer l'essai sur un second album où on espère que le son sera un peu plus péchu, moins épais et mieux équilibré. En attendant voici un groupe à suivre de près.
La Folle Fougère
Note : 7.5/10