Il y a des ovnis méconnus qui gravitent autour de la belle et agitée planète métal. Panzerballett fait clairement partie de ceux-là, étant parmi les pionniers à avoir fusionné avec succès deux genres a priori antagonistes : le métal et le jazz. Cette fusion se retrouve d’ailleurs à la fois dans les compositions et l’attitude, puisque ces allemands sont de vrais jazzmen devant l’éternel, improvisant et reprenant des « standards » d’un répertoire hétéroclite allant de AC/DC à Dirty Dancing en passant par les Brecker Brothers ! Ils ont sorti l’année dernière un deuxième dvd live, voyons ce que ça donne.
Boum, sans aucune espèce d’introduction, le concert commence. Voilà qui surprendra tout visionneur malgré la surprise gâchée par cette chronique, tant nous sommes habitués à plus de fioritures et de transitions dans un concert filmé. Panzerballett zappe cette étape et entre directement dans le vif du sujet : la musique. Et sacrebleu, ça suinte de groove et de classe ! Evidemment, les compositions et reprises bizarroïdes du quintet bavarois, fortement inspirées par Meshuggah, ne plairont pas à tout le monde, car elles sont complexes et pas forcément accrocheuses à la première écoute. Mais vous savez bien que certains groupes demandent de l’investissement, mettant plus de temps que d’autres pour être appréciés à leur juste valeur et révéler tout leur sel. On peut sans complexe mettre Panzerballett parmi ceux-là, mais l’effort en vaut la chandelle !
Au programme principal de ce DVD, on trouve donc une heure de concert débridée, enregistrée en plein air dans un amphithéâtre à Munich. Le set est axé sur le dernier album du groupe, Tank Goodness, et comprend donc les morceaux de bravoure que sont « Mustafari Likes di Carnival » ou le surpuissant « Vulgar Display of Sauerkraut », au titre très évocateur. Le son est bien produit et propre, même s’il manque parfois de puissance, ce qui est aussi dû au fait que Panzerballet aurait sans doute besoin d’un troisième guitariste pour exploiter pleinement son potentiel en live. L’image est elle aussi bonne, mais on peut relever que la caméra en face du batteur est quasiment toujours trouble à cause des tremblements du kit, et que les changements de caméras sont trop fréquents, rendant parfois le visionnage un peu frustrant. Heureusement ces défauts ne sont pas rébarbatifs.
La qualité d’interprétation fait bien sûr partie des principales qualités de ce concert filmé. Ca joue excessivement bien, et vous aurez du mal à trouver un groupe à la technique aussi impressionnante dans la scène métal, même en cherchant bien. Ce concert a une authenticité remarquable du fait qu’il n’a, a priori, pas été retouché en studio, ce qui est rarissime dans l’industrie de la musique ! On vous laisse donc entendre les quelques erreurs des musiciens, excusables du fait de l’improvisation et de la complexité des arrangements musicaux de Panzerballett. Ce Live at Theatron Munich vous révèle aussi les difficultés diverses auxquelles un groupe peut être confronté. Ici, ce sont les ayants droits qui ont empêché deux titres de figurer sur le DVD. Prenant cette tuile sur le ton de la blague, le groupe a en retour mis les chansons litigieuses sur Youtube. Keine problem !
Ah oui, le groupe n’a pas pu se payer le luxe d’avoir des sous-titres en français, vous devrez donc regarder le concert avec les sous-titres anglais pour comprendre ce que Jan Zehrfeld raconte, à moins d’être à l’aise en allemand. Ce dernier est un joyeux luron n’hésitant pas à tourner en dérision sa propre musique, et ponctue les temps morts de blagues et anecdotes. Evidemment, on pourrait trouver qu’une heure, c’est bien court pour un live, mais rassurez-vous, le DVD a pas mal de contenus bonus dont 40 minutes de concert supplémentaire, une interview avec le monstre cuisinier Mattias Eklundh et un documentaire sur la tournée américaine de Panzerballett.
En conclusion, même s’il n’est pas exempt de défauts, ce DVD a largement de quoi satisfaire tout fan du quintet, ou le métalleux grognon en manque de nouveauté dans son genre favori. Voilà qui permettra d’attendre patiemment le prochain album du groupe, et peut être un concert en France ?
Chronique rédigée par Tfaaon