Alors que la queue de festivaliers se fait pressante en attendant l'ouverture des portes, nous avons le plaisir de pouvoir discuter avec tous les membres de Fejd.
L'ambiance est détendue et la discussion très sympathique, dans la joie et la bonne humeur !
Le concert qui va suivre de quelques heures cette entrevue nous prouvera qu'effectivement, nous sommes bien en présence d'un groupe de metal, malgré leurs instruments quelque peu originaux...
Thomas: Votre groupe est très impliqué dans le monde du folk, est-ce que vous avez à titre individuel une implication particulière dans l'univers de la reconstitution historique ?
FEJD: Oui, mais pas dans le sens où l'on participe à des événements, mais tu sais, on vit en Suède ! (rires) Vivre en Suède, c'est comme être dans un endroit préhistorique de toute manière.
Thomas: Est-ce que vous avez un intérêt particulier à tout ce qui touche au paganisme ?
FEJD: Je pense que ce sont Patrick et Niklas qui sont les plus intéressés par l'Ancienne Voie et ce genre de chose.
Thomas: Vous ne voyagez pas beaucoup à travers l'Europe, en France notamment. Pourquoi ? N'aimez-vous pas notre pays ? (rires)
FEJD: On aime votre pays, mais le fait est qu'on a notre booker en Allemagne et pas mal de facilités dans ce pays. Et du coup, on se rend surtout en Allemagne. On a pas beaucoup d'offres pour la France, mais si on reçoit des propositions françaises, on viendra.
Thomas: Peut-être que cela vient du fait qu'il y a finalement peu de festivals orientés pagan/folk ici.. Votre musique est assez ambiante...
Lionel / Born 666: Plus douce que la plupart de ce qui va se jouer ce soir ici.
Thomas Orlanth: Vous jouerez avec beaucoup de groupes plus bruyants que vous. Cela ne vous dérange-t-il pas ?
FEJD: Non, ce n'est pas un problème pour nous. C'est probablement plus un problème pour le public. Nous ne nous occupons pas de savoir si nous jouons dans une soirée purement folk ou s'il s'agit d'un festival metal ou autre chose. Si on veut qu'on joue, on vient. Ce n'est pas un problème pour nous.
Thomas: Vous arrive-t-il de jouer dans des fêtes médiévales ou ce genre de chose ?
FEJD: Oui.
Thomas: Qu'est-ce que vous préférez ?
FEJD: On préfère les festival metal.
Thomas: Quels sont vos groupes favoris ?
FEJD: Il y a tellement de groupes de metal... On a tous joué dans des groupe de metal auparavant et on a grandi en écoutant Black Sabbath, Iron Maiden et Slayer. On écoute du heavy metal dès le début. Judas Priest, Kiss. (rires)
Non pas Kiss, on n'aime pas Kiss ! (rire) On a grandi aussi avec de la musique folk.
Thomas: Peut-on imaginer, un jour, vous voir faire une chanson totalement heavy ?
FEJD: On fait déjà des chansons très heavy, seulement avec des instruments différents (rires) Mais, effectivement, on a déjà discuté pour introduire des instruments électriques, des guitares avec distorsion. Voyons ce que le futur nous apportera...
Lionel: Allez vous jouer dans de gros festival cet été ?
FEJD: Le seul truc qu'on fera, c'est un festival en juin en Allemagne puis peut-être en Estonie en août. C'est tout ce qu'on a de planifier pour le moment. Et le mois prochain en Norvège.
Lionel: Quelles sont les réactions sur votre dernier album ?
FEJD: Les critiques sur notre dernier album étaient excellentes (Nagelfar). Le seul truc, c'est que les magazines qui écrivent sur nous sont des magazines de metal, et qu'ils s'attendent toujours à ce qu'on joue du heavy metal, mais en fait pas, en tout cas pas encore.
On est heavy metal, mais on n'utilise pas les instruments traditionnels du heavy metal.
Lionel: Comptez-vous revenir un jour à vos sources, en regardant en arrière ?
FEJD: Peut-être qu'on regardera en arrière, vers les débuts, mais on s'en moque. On joue notre musique parce qu'on aime la façon dont elle sonne. Notre choix d'instruments vient du fait qu'on veut jouer quelque chose de neuf. Si on remplace nos instruments anciens par une guitare électrique, on va sonner comme plein d'autres groupes.
Thomas: C'est pour ça qu'il y a pas mal de gens à l'extérieur qui sont venus aujourd'hui surtout pour voir Fejd.
FEJD: Je pense que même si on utilisait des guitares électriques, l'atmosphère de la musique aurait encore cette ambiance folk, tu reconnaîtrais encore nos chansons et tu aurais les mêmes émotions. En fait, l'ambiance est tellement proche des guitares électriques que tu pourrais confondre.
Lionel: Cette année, vous allez jouer sur la grande scène. Je me souviens de la dernière fois, c'était en bas...
FEJD: Oui, on va pouvoir se mettre debout ! (rires)
Thomas: Comment pourriez-vous définir votre groupe, en un seul mot ?
FEJD: Eblouissant (rires). Unique. Authentique.
Si on compare la Suède avec d'autres nations européennes, en Suède, on est trop "folk" pour qu'on se mélange avec le metal. Mais ils prennent Fejd en référence quand ils écrivent sur d'autres groupes de folk metal en disant "ça sonne comme Fejd". Cette année, avec notre nouvel album, c'était la première fois que le plus gros magazine metal de Suède avait écrit sur nous.
Thomas: C'est difficile de trouver une place...
FEJD: Si tu regarde vingt ans en arrière, ou trente ans, si tu écoutes un groupe qui avait un clavier, tout le monde disait "putain, non c'est pas du metal !" (rires). Un jour, Iron Maiden est arrivé avec "Somewhere in Time" et du clavier. Aujourd'hui, c'est pareil. C'est pas parce que tu joues dans un groupe sans guitare... Il faut être capable de voir d'autres horizons. Ce qui compte, c'est qu'on arrive à avoir les mêmes émotions avec nos instruments que d'autres groupes très heavy avec leurs instruments... On est beaucoup plus hard que Kiss (rires)
Lionel: Vous allez peut-être créer les nouvelles émotions du metal pour les dix prochaines années...
FEJD: Tu sais, le paysage de la musique change tout le temps. Si tu remontes aux années 70, et que tu écoutes Black Sabbath ou Deep Purple, tout ce qui sonnait autrement était étrange. Arrive ensuite le punk, Iron Maiden et Judas Priest. Les gens disaient "non, c'est trop heavy, c'est trop différent". Et d'autres disaient "ça, c'est génial". Pareil pour le thrash, le death metal, le grunge... C'est une passion, et on en a besoin. Si on l'avait pas, ça serait tout le temps la même chose. Je peux aimer AC/DC, je peux écouter AC/DC pendant cent ans, et ça sonnera toujours pareil. C'est la manière que ça doit sonner. Je veux pas qu'AC/DC sonne comme Slayer. En même temps, je veux pas que Slayer sonne comme AC/DC, car ça serait de la merde.
Lionel: Allez-vous écouter certains groupes présents ce soir ?
FEJD: Je veux écouter tous les groupes.
Je veux écouter Månegarm, ils viennent aussi de Suède, et Primordial.
Lionel: Avez-vous quelque chose à dire à vos fans français ?
FEJD: C'est toujours un plaisir de jouer en France, c'est un gros truc de jouer ici, ça sera la seconde fois et on espère qu'il y en aura plein, plein d'autres. On espère que les promoteurs et les organisateurs de gros festivals nous reconnaissent et nous invitent à venir jouer. On aime la France et je ne comprends pas pourquoi on ne vient pas plus souvent. (rires).
Lionel: On espère que ça va changer. Merci beaucoup !
Thomas: Merci !
Un intrus s'est glissé parmi les membres de Fejd, saurez-vous le reconnaître ?
Remarque : La plupart des réponses ont été données par Esko Salow, le batteur et porte-parole de fait du groupe pendant cette entrevue. Dans un soucis de clarté pour le lecteur, nous avons fais le choix de ne pas transcrire toutes les petites remarques individuelles qui allaient dans le même sens générale de la réponse.
Lionel / Born 666 et Thomas Orlanth
Photos :
© 2014 Lionel / Born 666
© 2014 Thomas Orlanth - site internet: www.thomasorlanth.com
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