Ce vendredi soir, c'est au bord du Doubs, en compagnie de l'amie Polly, que prenait place la soirée « Les Femmes s'en mêlent » dans la désormais mythique salle de la Rodia à Besançon. Au programme Holy Two, les Catfish mais aussi Rocky, trois groupes menés et entraînés par des chanteuses et musiciennes pleines de talents, de passion, et dotées de superbes timbres donnant ainsi explicitement des explications quant au thème de la soirée. Sur la terrasse surplombant la rivière l'ambiance est détendue, intimiste : à l'image du spectacle qui sera proposé.
Elodie d'Holy Two
Et c'est tout d'abord à Holly Two, un duo formé à Lyon début 2013 que revient la charge d'ouvrir le bal devant une salle loin d'être complête, mais conquise. En effet, c'est un show aérien, planant et soigné que nous proposent les deux amis, mais passant aussi par de réels temps forts plus bruts. Un incontestable charme se dégage des deux musiciens, par l'impression de « compositions spontanées et improvisées » qu'ils donnent mais aussi pour le saugrenu décalage entre la voix d'Elodie (clavier et basse), grave, sensuelle et profonde, et celle d'Hadrien (guitare, beatmaker) ,beaucoup plus douce et aïgue. La voix d'Elodie nous surprendra particulièrement lors d'un morceau quasiment rappé dévoilant les influences beats hip-hop de leur musique.
Le clavier emplit la salle de notes maîtrisées, douces et percutantes qui nous propulsent dans une langueur poétique, largement aidées en cela par l'utilisation particulièrement mélodique de la guitare électrique. C'est une pop teinté d'électro et de rock que nous propose le duo, avec parfois de fortes influences new-wave. Comme un juste mélange entre Phoenix (dont ils reprennent d'ailleurs "Listomania" avec goût), Amatorsky, Lilly Wood And The Prick et une petite pointe de Gorillaz. Et si la foule, bien que séduite, est plutôt restée timide le long du set, elle se lâche davantage sur le dernier morceau de la setlist, mais aussi le plus dynamique.
Holy Two fut donc une agréable et étonnante découverte, tant par les notes clairs et précises que le groupe distille que pour l'univers où il nous entraîne. Dommage cependant, qu'ils ne nous aient pas davantage montré le côté visuel de leur musique. Il paraît en effet que le groupe prône une complémentarité entre image et son menant à une véritable construction cinématographique... Mais bon, le son se suffit largement à lui-même, ils sont donc amplement pardonnés.
Amandine et Damien, "Drag You Down"
D'autant plus qu'ils ont quittés la salle chauffée à la perfection pour accueillir comme il se le doit un autre duo, cette fois-ci franc-comtois et dont on vous a déjà parlé lors du Mont d'Art : les Cafish. Délivrant un blues aux accents rock vintage, Amandine et Damien nous ont soumis un show plein d'émotions. On retient d'ailleurs en particulier un moment fort en mélancolie sur «Drag You Down », l'une de leur chanson phare, chantée en canon et avec une énorme complicité. L'émotion était particulièrement présente ce soir-là puisque de retour dans leur région natale, les deux musiciens jouaient devant leurs proches, familles et amis, qui ont largement participé à l'ambiance de la fosse.
C'est donc remontés à bloc que les Catfish nous ont donné un aperçu de leur premier album Muddy Shiver (dont vous pouvez retrouver la chronique ici), mais ont aussi rejoué des morceaux déjà présents sur leurs deux premiers EP (« Not Alone », « Old Fellow », « Have A Good Time »...), et le moins que l'on puisse dire c'est que le tout fonctionne bien ! Car tout au long de leur concert on ne cherche plus d'influences ou de comparaisons : on ne fait qu'écouter et on en prend plein les oreilles !
Avec leur style tout droit sorti de la vieille Amérique (bretelles, robe vintage et rouflaquettes) les deux amis se sont emparés de la scène de leur rock gras et énergique en donnant l'impression d'être quatre. Ajouté à la performance d'Holy Two on peut décidément dire que jamais scène n'aura été aussi vide mais aussi remplie ! Car Amandine passe du chant, à la basse puis à la batterie où elle éblouit d'ailleurs par son énergie en s'attardant au clavier et en s'accordant même un intermède enflammé au tambour en chœur avec le public tandis que Damien excelle à la guitare, mais aussi au clavier, à l'harmonica, à la grosse caisse, aux percussions, le tout en accompagnant Amandine au chant. : polyvalents ! Il me reste plus qu'à souligner la prise d'assurance qu'ont pris les deux artistes depuis la première fois que je les avais vu en live : au Festival de la Paille il y a de cela deux ans ; sans pour autant prendre la grosse tête ! Un show d'une réelle qualité en résumé, et dont nous avons rapporté un petit souvenir : une interview que vous pourrez lire très bientôt.
Ines de Rocky
Enfin, c'est au concert de Rocky que nous sommes allées jeter un coup d’œil. Peu emballées par leur présentation les décrivant comme passionnés par le baggy sound et la vista synthétique, mais aussi de house chicagolaise et refroidies par la salle se vidant peu à peu, nous ne comptions pas nous y attarder. C'est à reculons que nous en sommes sorties ! Rocky propose en effet une musique originale, créative et saugrenue oscillant entre rock, house et reggae. Menés par Ines, frontwoman habitée par la musique et donnant tout sur scène, les musiciens distillent un rock électro teinté de house et de sonorités exotiques : un délicat mélange invitant inexorablement à la danse. La fosse s'était vidée mais cela ne s'est même pas ressentie tant l'ambiance a été dynamisée. Mention spéciale également au percussionniste qui, une canette à la main, s'est démené en nous lançant des séries endiablées de notes exotiques et rythmées. Une très belle découverte que ces lillois donc, et plus globalement une belle soirée musicale que la Rodia nous proposait là !
Crédit photo : Him-ça Besak et Hubert Rigolot.
