"On n’est pas prêts à raccrocher de sitôt !"
A l'occasion de la sortie imminente d'Empire of the Undead, 11e album, de Gamma Ray, Kai Hansen, leader et fondateur du groupe, a communiqué à La Grosse Radio ses impression sur les chansons, et le processus de création de l'album, tout en revenant sur sa carrière, sans oublier d'évoquer son autre projet, Unisonic, qui a son deuxième album sur les rails.
Bonjour Kai et merci de nous accorder cette interview. Quels sont tes impressions après avoir fini l’album Empire of the Undead ?
Très bonnes, je suis très content du résultat.
L’album sort quatre ans après To the Metal, cela n’était jamais arrivé depuis Majestic. Peux-tu nous parler de cette période ?
Nous avions des pauses à cause de nos tournées avec Helloween, du coup on n’a pas pu tout finir d’un coup. En plus, quand on est revenus de notre tournée en Amérique du Sud, notre studio avait brûlé, du coup, on a dû restructurer certaines choses. De plus, il nous restait trois chansons à finaliser, donc on a été retardés dans le processus.
Est-ce que tu penses que ce retard a influencé le contenu de l’album ?
Je ne suis pas sûr, mais il y a des chances que ce soit le cas. Des fois, quand tu prends du temps pour te détacher, tu peux mieux réfléchir sur ce que tu as laissé et recharger tes batteries concernant tes impressions sur la production. En cela, prendre notre temps nous a sûrement aidés.
Les choses ont un peu changé depuis To the Metal, vous avez un nouveau batteur maintenant, Michael Ehré, comment vois-tu l’état actuel du groupe ?
Très stable, en bonne santée et de très bonne humeur. Chacun a envie d’avancer et nous sommes tous très motivés de montrer au monde et à nous-mêmes qu’on n’est pas prêts à raccrocher de sitôt ! [rires]
Ton précédent album, To the Metal, était très direct dans son ensemble. Ici, on a un disque un peu plus varié avec un petit sentiment épique. Était-ce voulu ?
Non, nous ne réflechissons jamais à ce qu’on va faire au préalable. On le fait, c’est tout. Et ensuite, des choses se passent. Je peux dire qu’au moment d’écrire mes chansons, j’avais un certain regain d’agressivité et aussi un sentiment naïf, d’une certaine manière. Rien n’est statique et tout coule de source. Cela est peut-être dû au fait que personne ne fait de démos. Chacun garde des enregistrements de ses idées, mais jamais d’arrangements complets. Une fois qu’on a nos idées de réunies, on jamme et on travaille dessus ensemble jusqu’à ce que le résultat nous plaise. Je pense que cette méthode a porté ses fruits ici.
Il y a une chanson bonus, intitulée "Someday", qui est présente sur l’édition limitée, mais que tu voulais inclure dans la tracklist principale. Peux-tu nous en parler ?
C’est une chanson très différente, du coup, au final on a décidé d’en faire une piste bonus. C’est trop éloigné de ce dont on a l’habitude de faire. Je pense que certains vont dire que c’est la meilleure chanson du disque, il y en a toujours qui adorent quand on fait des trucs complètement inhabituels. Ça reste une chanson que j’adore.
Qu’en est-il des thèmes des paroles, qui semblent assez variés ?
On a beaucoup d’histoire liées au titre "Empire of the Undead", des histoires d’épouvante et assez sombres. Sinon on a "Hellbent". Pour résumer, après une journée pourrie au boulot, je suis libre et je peux écouter du metal tranquille, le monde autour de moi peut exploser, ce n’est pas mon problème ! [rires] Il y a aussi "Time for Deliverance", qui parle des anges qui s’ennuient au Paradis parce que plus personne ne croit en eux, du coup, ils ont besoin de se manifester pour que les gens les reconnaissent à nouveau. Dans "Avalon", on parle de mort-vivants dans un sens, puisque ça parle du Roi Arthur qui se balade seul sur l’ile d’Avalon. Il s’ennuie et veut réunir les chevaliers de la Table Ronde à nouveau pour se remettre en quête du Graal. C’est un mélange entre des histoires d’horreur, de fantasy et de thèmes plus terre-à-terre, il n’y a pas de direction spéciale, on a seulement fait ça pour Land of the Free. Sinon, chaque compositeur peut décider de quoi il a envie de parler. En ce qui me concerne, je ne m’impose aucune restriction sur les thèmes que j’exploite dans mes paroles. Je chante ce que mon cœur me dit de chanter. Je ne réfléchis jamais à ce sur quoi je vais chanter, ça vient spontanément en répétition et le thème se forme de lui-même.
Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as appris que ton studio avait brûlé ?
C’est un sale moment ! J’étais dans ma chambre d’hôtel en Amérique du Sud et j’ai reçu un SMS de Heike, un gars du studio qui s’est occupé du mix, qui disait "s’il te plait Kai, appelle le plus vite possible, le studio est en train de brûler, ce n’est pas une blague". J’ai lu le message, j’ai posé mon téléphone et je suis resté assis pendant une demi-heure à regarder le mur en face de moi. Ensuite, je me suis mis à paniquer et j’ai fait quelques recherches sur internet pour savoir ce qui s’était passé. J’étais atterré par cette nouvelle, j’étais assez vide à l’intérieur à ce moment-là.
Qu’avez-vous fait pour surmonter cette épreuve ?
On s’est tout de suite mis à penser à l’étape suivante. Dans ces cas-là, s’apitoyer sur son sort ne sert à rien, il faut agir. Par chance, une partie de notre équipement a été sauvée. Du coup, quand on est revenus, on a pu se remettre immédiatement au travail sans trop réfléchir aux dégâts qui ont été causés.
D’ailleurs, l’étape suivante pour Gamma Ray est de partir en tournée avec Rhapsody of Fire, qu’est-ce que ça fait ?
J’en suis très heureux. Cette fois, on tourne en tête d’affiche, on est prêts et on espère voir beaucoup de gens aux concerts ! On ne sait jamais cela dit, il nous est arrivés de jouer dans une salle comble et lorsqu’on y est revenus à la tournée d’après, ce n’était pas aussi rempli. Des fois ça arrive sans qu’on ne sache pourquoi. Il y avait peut-être un gros match de football le même soir, ou Metallica avait joué la veille ! [rires]
Pendant votre tournée avec Helloween, vous avez joué des chansons assez rares qui sont incluses dans votre dernier album live en date, Skeletons & Majesties. Comptez-vous articuler la setlist de la même manière pour cette tournée ?
Oui, nous allons mettre des titres que les gens n’ont pas encore entendus en live, c’est sûr. On est en train de faire la setlist en ce moment. Bien sûr, vu que nous adorons notre nouvel album, nous allons en jouer beaucoup, mais nous allons aussi déterrer des chansons que nous ne jouons jamais. Il y aura quelques surprises.
Les anniversaires sont à la mode en ce moment. L’année prochaine, Heading for Tomorrow aura 25 ans. Avez-vous pensé à faire quelque chose pour cette occasion ?
On a déjà manqué un anniversaire, je n’y ai jamais pensé, parce que plus le nombre d’années est élevé, plus tu te trouves vieux ! [rires] Donc on essaie d’éviter ce genre d’évènements, mais peut-être que la prochaine fois, ce sera le moment de faire quelque chose. Quelque part, ça me fait peur parce que l’âge ne facilite jamais les choses, mais d’un autre côté, je ne me laisse pas trop effrayer, je me dis "allez, sois un homme, fais-y face et bats-toi !".
Après avoir passé toutes ces années dans l’industrie musicale, quelle est la chose la plus importante que tu as apprise ?
Suis ton propre chemin. Des fois, tu dois agir comme un tank et écraser tout ce qui se trouve sur ton passage, d’autres fois tu dois te montrer plus diplomate et laisser un peu d’espace pour les gens qui t’accompagnent. Le respect et la bonne volonté sont deux choses essentielles.
Tu es aussi en train de t’occuper du prochain album d’Unisonic. Peux-tu nous en parler ?
Oui, je suis en train d’enregistrer les parties guitares et j’ai un peu de mal à m’organiser avec tout ce que je dois faire à côté ! Il faut finir les chansons, répéter, enregistrer et préparer la tournée qui arrive aussi. Je ne me plains pas cela dit, je suis très reconnaissant de faire ce que je fais ! L’album sera plus heavy et rapide, plus metal en fait.
Comptez-vous faire une tournée en tête d’affiche ?
Je ne pense pas. On compte tourner en première partie d’un groupe, je ne peux pas encore dire lequel. Mais si l’album marche, on pourrait assurer une tournée en tête d’affiche après cela.
Photo live : © 2013 Olivier GESTIN / INTO The PiT Photographe
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