Plus de 20 ans de carrière et pratiquement toujours au top. Un bon moyen de résumer la carrière incroyablement riche de cet indéboulonnable groupe de rock alternatif anglais, qui n'a jamais commis de véritable faux pas. Deuxième album depuis la mort du bassiste Simon Wring, dont le groupe s'est relevé la tête haute. Car quel meilleur hommage à lui rendre que de poursuivre avec panache ? Sur ce nouvel album, le groupe a la rage au ventre et se sort les tripes histoire de nous montrer ce que ça donne.
Viscéral, le rock alternatif de The Soul of the Hour l'est assurément. Rock alternatif, c'est vite dit, mais il est difficile de décrire le style de Gallon Drunk précisément tant le groupe a toujours pris un malin plaisir à brouiller les pistes. Une fois de plus, les morceaux forment un kaléidoscope tout en ayant le chic pour rester terriblement cohérent. Les anglais sont décidément imbattables quand il s'agit de brouiller les pistes sans pour autant partir dans tous les sens. Dur de trouver des équivalents, à part peut-être Nick Cave and the Bad Seeds, avec qui le groupe a toujours eu une relation très forte : le leader James Johnston, après avoir déjà joué avec eux, est devenu un membre permanent entre 2003 et 2008, période durant laquelle Gallon Drunk a fait un break. On retrouve cette influence notamment sur la ballade "Dust and the Light". Killing Joke peut également être cité, autre groupe de touches à tout géniaux dont la musique ne saurait être réduite à une seule de ses composantes. Le son du cor, peu utilisé dans le rock, contribue à cette identité si particulière.
Histoire de mettre les points sur les "i", l'album démarre avec ce qui est probablement son meilleur titre. Les presque 10 minutes épiques de "Before the fire", qui démarre doucement avec un faux rythme accompagné de notes de piano avant de virer au tourbillon hypnotique (mention particulière au batteur Ian White, impeccable pour placer de légères accélérations et variations quand il le faut), placent d'entrée de jeu le niveau d'intensité très haut. Le rock rugueux et lourd de "The dumb Room" ou l'énergie garage de "The Exit Sign" (sur laquelle les Stooges ne sont pas loin) ne font rien pour le faire redescendre. Peut-être certains fans de la première heure regretteront-ils ce côté plus concentré (encore que les éclairs de cor et les claviers sont là pour ajouter une dose de psychédélisme, comme sur le morceau-titre qui va réveiller King Crimson), mais le fait est que Gallon Drunk, en plus de toujours avoir la foi, a bouffé du lion.
Cela dit, le groupe n'a pas viré rock bourrin tout du long non plus. Outre la ballade "Dust and the light", "Over and Over" et "The speed of fear" sont là pour rappeler à tous que le quatuor reste un des dépositaires et fers de lance de cet esprit si particulier né dans les années 1980, à l'origine du post-punk, de la new wave, et de tous ces courants étranges qui refusaient les mélodies faciles pour partir explorer les bas-fonds du punk psychédélique. Maintenir un tel niveau de qualité au long d'une carrière aussi longue est d'ores et déjà un tour de force, et Gallon Drunk de montrer qu'il a encore l'avenir devant lui avec un album d'une énergie et d'une vitalité à faire pâlir tous les jeunes loups. Pas de doute, les vieux lions ont plus que de beaux restes !