Tout d'abord, je dois vous prévenir. J'ai une affection particulière pour ce groupe hollandais. Je ne sais plus par quel biais leur premier album Summon the core, sorti en 2007, est arrivé jusqu'à mes oreilles, mais j'ai pris une claque. J'étais alors en pleine crise doom, et me gavais de tout ce qui s'apparentait à ce style si étrange et quelque peu souterrain.
J'ai rapidement été séduit par cette puissance si caractéristique d'un premier album, où l'on trouve souvent une énergie sincère et généreuse. La voix de Dirk (Lahar, Lethargy, Crystal Darkness) y évoque le viking accoudé au comptoir après une bataille sanglante. Le rythme est épais comme une hache à deux mains, les riffs évoquent le souffle d'un cheval éreinté. Bref, c'est épique, burné et lourd comme du plomb.
C'est donc avec une logique implacable que je me suis procuré le deuxième album de Tekhton, sorti cette année 2010 chez Church within records.
Dès le premier morceau Clove Hitch, des frissons ont parcouru mon échine fébrile. C'est du bon, du très bon, toujours aussi pesant, tortueux, torturé. Et puis déboule le monumental Tooth and nail, réponse adéquate au Is it death du premier album. Le groupe affectionne la longueur (les morceaux oscillent autour des 6 minutes en moyenne) sans agacer, ni se lancer dans des démonstrations sans fin. C'est que ces gens-là ont dans l'idée de fabriquer des morceaux efficaces, riches et à la hargne redoutable.
Comme dans le premier album, quelques accalmies qui frôlent le post-rock (!) amènent une teneur toute moderne et rendent ce groupe inclassable. Mais ce qui est ici important, c'est que le groupe a gagné en complexité, la voix de Dirk en maturité, les guitares en émotion, la session rythmique en communion.
Il y a de grands moments que je vous laisse découvrir et qui, je l'espère, vous procureront les même intenses émotions.
Un grand disque, toujours pas chroniqué sur le web francophone. Allez comprendre...
9/10