Panthère des neiges
Révélé en 2011 grâce à un premier album éponyme convaincant et sympathique, Death Destruction sort du bois armé de II, une excellente surprise qui ravira les amateurs de metal efficace, simple et addictif. Une production bien maitrisée que l'on peut déjà résumer en un mot: évolution.
N'étant pas le groupe le plus médiatisé de la scène metal suédoise, une petite présentation de Death Destruction peut s'avérer nécessaire. Sur le papier, c'est en 2004 que DD voit le jour sur cette sainte terre qu'est la ville de Göteborg. Mais c'est en 2011 que le groupe perse réellement en diffusant un premier EP, Fuck yeah. Une mise en lumière étonnement tardive lorsque l'on constate que les musiciens sont d'anciens membres de la formation prog-ambiante d'Evergrey , le bassiste d'Hammerfall et le chanteur de Dead By April. Toujours en 2011, Death Destruction voit le jour et, malgré certains défauts, se présente comme un premier essai sympathique et assez efficace où éléments punk, death mélodique et death tout court côtoient des influences quelque peu "groovy".
C'est donc en cette année 2014 que Death Destruction revient en force avec une nouvelle galette sobrement intitulé II. On va vite le comprendre chez les suédois c'est d'abord la musique, on voit le reste après. Premier constat: Jimmie Strimell n'est plus derrière le micro. Evincé pour des raisons aussi peu clairs que, probablement, classiques le chanteur voit sa relève assurée par Tony JJ Jelenchovich, connu pour officier au même poste chez les Russes d'Icon of Me.
Mais bien plus qu'un nouveau chanteur, c'est une toute autre vision de sa musique que propose Death Destruction. Concrètement, le groupe a procédé à un grand "nettoyage" pour ne garder que le meilleurs de son premier album. II propose donc un metal bien lourd, avec beaucoup de mid tempo, et très groovy qui souvent rappelle du bon Pantera et parfois quelque chose de grunge façon Soundgarden.
Ce constat n'apparait pourtant pas sur la première compo, "Divine Justice" qui s'inscrit dans la ligné de ses prédécesseurs. Sympa sans plus, cette ouverture est d'autant plus vite oubliée lorsque l'on découvre "Dead Pilot": une intro qui sent bon le post-rock laissant place à un death gentillet pour arriver sur un refrain néo sublimé par un excellent riff. Dès cette deuxième piste on se rend compte que Tony JJ possède d'importantes capacités vocales, passant de bons growls bien gras à un chant clair vraiment crédible et loin de certains clichés.
La véritable claque débarque juste après avec le tube en puissance (et premier single de II): "Money, Blood, Crucifixius". Tout est là: un riff ultra efficace, une basse chaude soutenue par une une grosse caisse généreuse et des roulement franchement inspirés. Sur le plan technique on remarque que non seulement Jonas Ekdahl (batterie), Fredrik Larsson et Henrik Danhage maitrisent leurs instruments avec brio mais surtout les progrès monstrueux qu'ils ont fait depuis Death Destruction.
Et c'est dans cette optique d'évolution, de maitrise et de confirmation que se poursuit l'écoute de II. Entre la mi-funky mi-expérimentale "Iam the Plague" et ses (bons) arrières goût de Meshuggah et la complètement barrée "Epilogue" rappelant certaines heures sombres de Slipknot, ce nouvel album s'avère aussi surprenant que convaincant. Sur les treize pistes proposées, seuls deux ou trois présenteront un intérêt limité car déjà entendues ailleurs des dizaines de fois.
II est ce genre d'album où l'excellent est entaché par des défauts minimes mais malheureusement immanquables, à commencer pour ce manque d'originalité souligné plus haut. Si DD livre ici une musique carrée, énergique et carrément burnée, son manque de personnalité pourrait bien le desservir. En revanche ceux qui avaient été satisfaits par Death Destruction seront ravis de retrouver leurs marques et de découvir une approche beaucoup plus évoluée de leur musique. Et rien que pour avoir acquis cette maturité, II, Death Destruction et leur metal alternatif fortement groovy méritent certains honneurs. Un album qui donne le smile.