Il y a plus de quinze ans maintenant, les frères Gorman fondaient Kill The Young dans le Nord de l’Angleterre. Après trois albums les ayant faits gravir les marches du succès, les frangins sont de retour avec leur quatrième opus Fingers For Guns. Un album autoproduit, en partie financé par les fans. Le disque a été enregistré en France, pays auquel le groupe est très attaché, et où il possède une solide fanbase.
D’après les commentaires fusant sur internet, on adore Fingers For Guns ou on le déteste. Chez La Grosse Radio, on va dire qu’on est mitigé. Il est vrai que cet album laisse un peu perplexe. Trois ans se sont écoulés depuis Thicker Than Water. Mais qu’ont fait Tom, Dylan et Oliver durant ce break ? Clairement, c’est un laps de temps bien long pour un résultat bien faible. Pourtant, il y avait de quoi se réjouir lorsque la bande a envoyé son premier single aux radios. « Bad Bones » est en effet un titre signant en grande pompe le retour des frangins. Une belle énergie, une rythmique éveillée et entrainante, le tout cadencé par des chœurs rugueux.
Mais c’est un des rares titres se présentant avec une image ravageuse grâce à un rock n’ roll puissant. Une bonne partie des morceaux se contente d’offrir un visage pop/rock sans particularité. Certains titres comme « Pilot Light « peinent à décoller. Tout au long de l’album, on ressent l’envie du trio de nous faire danser. Mais très souvent, les mélodies se font trop faciles et classiques. Des titres comme « Medicine Beach » ou « This Town » tentent bien d’insuffler un brin d’énergie au disque, mais il n’y a rien de vraiment original, novateur ou excitant. « Gotta Move On », lui, se veut plus brut et pêchu. S’il a du potentiel, il reste néanmoins sans prétention, comme le reste de la galette.
Rassurez-vous, il a quand même quelques bons morceaux. A commencer par le divin « Love Is A Lie ». Un titre négativement perçu par des nombreux fans. Mais ici, on clame haut et fort que « Love Is A Lie » est une pépite et une belle surprise. Le trio part dans un délire psychédélique avec des distorsions exacerbées que l’on sent presque physiquement vibrer dans nos tympans. Un hymne majestueux probablement grandiose sur scène lorsqu’il est repris par la foule. De son côté, « Punch Drunk » nous plonge dans l’urgence avec un rythme effréné. « Home Is Where My Heart Is », qui conclue l’album avec une jolie énergie, nous fait espérer que Kill The Young n’est pas complètement mort. Le chant très prenant nous rappelle qu’on reste attaché à ces jeunes gens.
Si de nombreux morceaux ont des mélodies légères et optimistes, d’autres ont un ton beaucoup plus revendicateur à l’image de « Born In The Real World », « Ain't Nobody Gonna Tell Me Why » ou « Money/Power/People ». Des titres que l’on chante en chœur avec une volonté de fer et le point levé. Des morceaux certainement eux aussi très intéressants sur scène. Pour les autres, eh bien espérons que Kill The Young parvienne à leur donner une nouvelle vie en live. Car le problème de Fingers For Guns est que le groupe semble donner tout ce qu’il a, mais malheureusement, il a bien peu à donner. La bande a-t-elle épuisé ses ressources ? Le trio aurait grandement besoin de partir explorer de nouveaux horizons, respirer un nouvel air et pouvoir ainsi se réinventer lui-même. La patte Kill The Young est toujours là, mais s’essouffle petit à petit.
Fingers For Guns laisse donc un goût de déception malgré deux-trois titres en valant la peine. Et là est tout le problème avec Kill The Young. Il y a trop peu de perles pour beaucoup de coquilles vides. Nos esprits et nos doigts croisés passent donc leur chemin et se tournent déjà vers le successeur.
Tracklist :
01.Bad Bones
02.Gotta Move On
03. Born In The Real World
04.Pilot Light
05.Ain't Nobody Gonna Tell Me Why
06.Punch Drunk
07.Fingers For Guns
08.Love Is A Lie
09.This Town
10.Money/Power/People
11.Medicine Beach
12.Home Is Where My Heart Is