The Strypes… Le buzz rock ‘n’ roll du moment. Les superlatifs dithyrambiques foisonnent. « Les nouveaux Yardbirds », « le renouveau du rock ‘n’ roll », j’en passe et des meilleures… A moins de 18 balais, les natifs des vertes prairies irlandaises avaient déjà mis le monde musical branché en émoi… Un premier EP puis l’album Snapshot les ont révélés au grand public et depuis c’est l’avalanche. L’été dernier, les quatre mecs arpentaient déjà les grandes scènes des festivals comme Glastonbury, récemment ils sont passés dans le Late Show pour promouvoir la sortie US de leur album.
La Perfide Albion à leurs pieds, les voila décidés pour ce printemps 2014 à venir conquérir le territoire français. Auteurs d’une prestation saluée par la critique, il y a quelques jours au Printemps de Bourges, bien que programmés très tardivement, on les retrouve ce soir prêts à envoyer du bois dans la capitale.
C’est la Gaité Lyrique qui a été choisie pour leur prestation parisienne. Salle à jauge humaine, le concert est bien évidemment sold-out depuis belle lurette. Après que les Havrais de Dick Voodoo aient allumé un peu les premiers spectateurs avec leur rockabilly déjanté, le public de teenager venu ou plutôt venues en masse, le quatuor irlandais se présente à une salle déjà conquises.
Ross, 16 ans au chant et Josh à la gratte arborent fièrement des costards que n’auraient pas reniés ni les Beatles, ni les Stones des années 60. Attention, la coupe au bol Beatles ne signifie pas pour autant que les gamins s’adonnent à la pop mielleuse, ils ont préféré laisser le créneau aux Arctic Monkeys qui s’en chargent à merveille. Eux, bercés par le blues rock sixties et le punk seventies, c’est bien plus vers les Stones qu’ils se tournent. Et il faut reconnaitre qu’ils font ça bien.
Ces mecs ont une patate phénoménale. Une salle chauffée à blanc par des minettes hystériques omniprésentes dès les premières notes de "What A Shame" pousse les Strypes à se livrer pleinement. Leur set reprenant quasiment l’intégralité de Snapshot est agrémenté de quelques pépites sixties. "She’s So Fine" sonne déjà comme un hit de même que "Angel Eyes".
Le set est toujours de grande intensité et les Strypes semblent prendre leur pied sur scène. Le personnel change parfois de poste. Josh tantôt armée d’une Gibson Firebird, tantôt astiquant le manche de sa Gretsch fait fondre des riffs bluesy gorgés de feeling avant de passer à la basse. Ross manie l’harmonica à la façon d’un Mick Jagger possédé alors que Pete et Evan assurent les fondations de l’édifice en étant d’une rigueur métronomique. Ok… C’est basique, c’est pas du Satriani ou du Steve Vai... Ici, on ne fait pas de la course au nombre de note par seconde, mais putain, quel feeling ? Ces gamins, même pas majeurs, en remontrent à tout un tas de groupe moyens mais sans génie. Les Strypes ont un truc en plus, indéfinissable qui leur permet d’être un peu au dessus des autres. Un quelque chose qu’avaient aussi les Stones ou encore dans un autre style les Ramones. Pas étonnant qu’en rappel, on ait eu droit à un "Rockaway Beach" décapant.
Avant ça, "Blue Collar Jane" avait fini de tremper les petites culottes lycéennes déjà bien humidifiées précédemment par "Angel Eyes". Coté, hype parisienne bien représentée aussi dans la salle, ce sont plutôt "Can’t Judge a Book By Looking At The Cover" et la reprise de "Rolling And Tumbling" en fin de set qui mettront tout le monde d’accord.
Pour un final en apothéose, quoi de mieux qu’un bon standard de rock ? Réponse : « LE » standard du rock ‘n’ roll. "Louie Louie" !!! Ok, les puristes, c’est un doo-wop à la base... Mais le morceau de Richard Berry a connu tellement de repreneurs depuis les Kinks qui l’ont popularisé dans les sixties et les Stooges qui l’ont canonisé au panthéon du roll que ce titre représente un véritable emblème rock. Bien joué, il incarne la philosophie du cool. Fallait avoir les couilles pour proposer ça en fin de set sans se planter.
Mission accomplie dans toutes les largeurs pour ces Strypes dont le début de carrière ressemble à s’y méprendre à celui des Stones. Certains les voyaient morts après le 1er Ep en les considérant comme de pâles copies des groupes sixties mais ils sont toujours là après leur 1er album et ils caracolent en tête des charts de tous les pays. Maintenant, on attend le test du deuxième album… Bon courage les mecs.
Texte : Eric Jorda et Alexandre Colin
Photos : Alexandre Colin
______________________
The Strypes est produit chez Radical Production. Retrouvez leurs infos ici.