Le Zénith de Paris reçoit la fine fleur des groupes à chanteuses en provenance du pays des tulipes et des moulins à vents.
Quels souffles vont-ils envoyer ce soir ?
Voyons cela avec ce report écrit à 4 mains…
Delain (par Maxallica)
En ce vendredi 25 avril et quelques jours après la sortie de leur 4ème album, The Human Contradiction, les néerlandais de Delain investissent la scène du Zenith de Paris pour nous offrir 45 minutes de show avant la tornade Within Temptation. Flanqué d’un immense backdrop, d’une batterie et d’un clavier en hauteur, les 4 musiciens font leur entrée sur scène avant que la magnifique Charlotte (cette tenue, mon Dieu) ne se joigne à eux. Le groupe entame son concert par "Go Away", le seul morceau d’April Rain qui sera joué ce soir. Chose étonnante, seul 2 chansons de The Human Contradiction seront joués ce soir-là alors que "We Are The Others" aura le droit à 4 titres puisés dans son répertoire.
Le groupe est en grande forme, Charlotte harangue la foule, se promène de droit à gauche sur la scène et sa joie de vivre est communicative. Etant placé au 1er rang, je n’ai pu me rendre compte de la réaction du public mais de mon côté, cela bougeait bien ! Quelques soucis de sons ont émaillés le show avec notamment un son trop fort de la basse sur les deux premiers morceaux et le micro de Charlotte qui disparaissait par moment au milieu du set, mais rien de bien grave. Timo (guitare) et Otto (basse) jouent avec justesse et sont très actifs sur scènes, arpentant la scène de gauche à droite, headbanguant en rythme avec cette même joie communicative que Charlotte. On sent Delain heureux d’être là et c’est ce qui compte.
En définitive, un très bon concert des néerlandais avec une version de "Sleepwalkers Dream" absolument magistral, les envolées lyriques de Charlotte couplés à une base rythmique d’enfer. Delain mérite son statut de groupe qui monte et c’est avec impatience que j’attends une date en headliner afin de profiter d’une heure trente de show.
Setlist :
1. Go Away
2. Get the Devil Out of Me
3. Army of Dolls
4. Stardust
5. Electricity
6. Sleepwalkers Dream
7. The Gathering
8. Not Enough
9. We Are the Others
Within Temptation (par Ananta)
Au tour du plus célèbre groupe néerlandais à prendre place pour mettre le feu au Zénith devant un public déjà acquis à sa cause et pourtant…
Le feu ne prendra finalement que lors du 1er morceau "Let Us Burn" avec de vrais flammes et tout, plus des fausses crachées sur l’écran en arrière plan par deux têtes de dragons reprenant la cover d’Hydra, découpé sur des toiles géantes. Mais l’écran s’avère assez petit et cela n’a pas dû être facile de voir quelque chose du haut des tribunes. Sharon et sa troupe on depuis quelques temps maintenant les moyens de ce produire sur de grandes scènes et y mettre des décors les remplissant ainsi qu’une avant scène pour s’approcher de la foule en grande forme.
Les morceaux s’enchainent avec en deuxième position le single d’Hydra "Paradise" avec Tarja présente en sample et sur l’écran. Suivra un "Faster" assez poussif vocalement, Sharon ayant besoin de ce chauffer mais cela s’arrangera au court du set. On a quand même l’impression que parfois les samples vocaux prennent pas mal de place sur certains titres mais bon c’est peut-être une mauvaise perception, enfin espérons…
Le concert mettra en avant pas mal de morceaux d’Hydra dont un titre très dancefloor "And We Run" avec un rappeur présent de façon virtuelle (no comment)… Un "Dangerous" avec là aussi un guest sur l’écran, le chanteur Howard Jones. C’est littéralement des morceaux sans grand intérêt et une véritable bouillie sonore comme pour pas mal d'autres titres ce soi malheureusement. Par exemple l’habituellement très bon "Jillian" passe moyen dans le Zénith avec un son graillant et étouffé ou les samples des orchestrations sont tout simplement calamiteux et ruinent le rendu. Idem sur "Angel" qui suscite pourtant un engouement énorme du public dès les premières notes. Cris de joies. A la fin gros tapement de pieds dans les gradins après son célèbre final en moulinets de bras.
Des points positifs avec les quelques vidéos sympas durant l’interlude/changement de tenue, très bonne intro pour "See who I am". Un des seuls léger retour en arrière dans la discographie du groupe avec un "The Cross" ou vocalement ça roule, de plus agrémenté d’un bon clip.
Sharon nous fera également un petit speech sur la tolérance avant le très Evanescencien "Stand my Ground" (début de la fin du groupe pour certains) ainsi qu’une déclaration d’amour à la France pour son soutien depuis leurs débuts il y a 20 ans déjà…
Oui 20 ans justement et les choses ont bien changé. Finies les crinolines, maintenant les tenues de Sharon sont plus modernes en cuir moulantes noires pour plus "coller" à leur musique actuelle. Ils sont loin également, les fabuleux concerts de La Loco en 2001 (ils y jouèrent une deuxième fois "Ice Queen" en rappel devant l’insistance d’un public ne voulant pas voir s’arrêter ce concert mémorable, si certains d’entre vous l'ont ils comprendrons) ou de l’Elysée Montmartre et bien d’autres encore ou l’on avait le plaisir d’écouter une musique bien plus inventive et orchestrale avec une voix aussi belle que son interprète (elle l’est toujours c'est vrai) à vous faire frissonner. Dorénavant, en particulier depuis The Unforgiving (pas inintéressant de par son concept et ses court-métrages), le cap du "dancefloor" est pris et très présent sur les nouvelles compos d’Hydra comme on le constatera ce soir avec un très pauvre "Covered by Roses" et cette reprise de Lana del Rey (?!) où Sharon demandera que l’on danse avec elle… L’ouverture au très grand public est consommée, cela c’était entendu sur cette déconcertante galette de reprises The Q-Music Sessions avec tout de même du David Guetta, Bruno Mars et Enrique Iglésias ... ouch, ou comme le dirait Homer : Toh !
Pour le décorum aussi il y a encore quelques temps il y en avait très peu, là c'est outrancier, limite kitsch, voir cheap malgré les plus gros moyens et les panneaux Oui FM. L'habit ne fait pas le moine...
Bref pour en revenir au show, un dernier classique du groupe arrivera avant le rappel après 1h15 avec un "Ice Queen" totalement inaudible mais plein de hohohoho repris en coeur dans la salle jubilante et sautillante. Puis vient le rappel/moment d’émotion avec un "Sinead" en acoustique peut-être le meilleur de la soirée car bien audible et enfin, pour conclure cette épreuve, l’indéboullonable "Mother Earth" sans surprise, ni risque.
Le constat est donc amer, on est définitivement plus proche d’un music for the masses que d’un Enemy of Music Buisiness et le "c’était mieux avant" tragiquement inéluctable. Le "avant" des grandes salles, de l’argent, du "metal" pour ados et la ménagère de moins de 50 ans chère à TF1 (Elle était d’ailleurs là avec ses ados justement…) et surtout le "avant" de la perte de créativité et d’identité.
Le concert de ce vendredi soir fait la douloureuse preuve que l’on ne peut pas être et avoir été… Alors désolé cher Within mais en ce qui me concerne c'est adieu, merci pour ces bons albums passés et ces concerts mémorables, bravo pour ta réussite actuelle et tant pis pour la musique et l’émotion. A titre personnel je quitte le navire à regret, mais visiblement ce genre de spectacle plait puisque sold-out… C’est donc à chacun de savoir ce qu’il recherche lorsqu’il va voir un concert.
Setlist :
1. Dragon (Short Movie) Ӭ
2. Let Us Burn Ӭ
3. Paradise (What About Us?) Ӭ
4. Faster Ӭ
5. Iron Ӭ
6. Edge of the World Ӭ
7. In the Middle of the Night Ӭ
8. Jillian (I'd Give My Heart) Ӭ
9. Angels Ӭ
10. Dangerous Ӭ
11. And We Run Ӭ
12. Elements Intro Ӭ
13. See Who I Am Ӭ
14. Stand My Ground Ӭ
15. The Cross Ӭ
16. Covered By Roses Ӭ
17. Mother Earth
Encore:
18. What Have You Done Ӭ
19. Summertime Sadness Ӭ(Lana Del Rey cover)
20. Sinéad ”¨(Acoustic)
21. Ice Queen
Photos : © 2014 Nidhal Marzouk / Yog Photography.
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