Le premier morceau nous ramène en terrain connu : "See My Home" est du FORGET pur jus, immédiatement reconnaissable. Un petit coup de violon qui se fait virevoltant quand nécessaire, une voix chaude entre Norah Jones et les divas de la Soul capable de faire naître l'émotion avec une facilité déconcertante, et une section rythmique tout en groove. Le groupe n'a rien perdu de ses qualités et a réalisé de gros progrès au niveau des arrangements, affinant encore son écriture, bien aidés par leur ingé-son Franck Redlich (Arthur H, Stevie Wonder, Plasticines entre autres) qui a en partie joué le rôle de producteur et les a semble-t il encouragé à intégrer de nouveaux éléments dans leur musique. C'est sûr que même s'il n'en contient pas beaucoup plus, cet album aurait eu du mal à s'appeler "we don't need guitar", louchant davantage vers le rock que n'osait le faire son prédécesseur. La musique n'est pourtant pas fondamentalement différente, il s'agit toujours d'un délicieux cocktail de sonorités Jazz/Soul/Funk dans des chansons aux structures Pop/Rock. Pourtant, l'intensité est ici bien plus appuyée, presque palpable. Le gros travail sur les arrangements a porté ses fruits, chaque élément est à sa place, la sophistication extrême étant parfaitement dissimulée par une apparente simplicité : la musique évolue de façon on ne peut plus naturelle, en devient évidente. La palette de couleurs présentées n'en devient que plus chatoyante et agréable à l'écoute. Rien n'est forcé, tout est fluide et coule de source. C'est donc avec bonheur que les titres défilent sans que l'on puisse les séparer précisément, ni que le besoin s'en fasse jamais sentir.
Outre le gros travail réalisé sur le son (le mastering de Raphaël Jonin, habitué des grosses pointures avec à son actif Téléphone, Jane Birkin ou Lily Allen, y est ptêtre pour quelque chose,) et les arrangements, on sent que les Forget ont considérablement mûri et gagné en expérience, n'hésitant plus à aller au bout de leurs idées et de leurs envies. Tantôt loufoque (le gros délire "OhOohAhAha"), intimiste (l'enchaînement entre la superbe chanson titre "atomized", qui touche une corde sensible, avec "ten memories"), langoureux (la magnifique ballade "your name"), ou plein d'espoir ("on the moon"), les chansons présentes sur cet opus font rarement dans la demi-mesure. Virginie et son violon font toujours merveille, tantôt discret (légèrement mixé en retrait sur "just a shame") ou franchement débridé, comme sur le tube "distinct is your life", funky à souhait, qui fait écho à l'irrésistible "my number" du premier opus. Tout juste pourrait-on regretter une fin d'album un peu mollassonne. Non pas que les 2 derniers titres soient mauvais, loin de là. Il aurait toutefois peut-être été plus judicieux de remettre un petit coup d'accélérateur, un titre supplémentaire plus énergique qui aurait conféré plus d'équilibre à l'ensemble. On peut de toutes façons parier sans prendre trop de risques que les choeurs du final de "the one", qui conclut cet "atomized" de fort belle manière, ne pourront laisser qu'une irrépressible envie à l'auditeur d'enclencher à nouveau la touche "play" de son lecteur. Un signe qui ne trompe pas, celui d'une franche réussite. Les connaisseurs peuvent se jeter sur cet album sans hésiter, quand aux autres, on ne peut que leur conseiller de découvrir un groupe talentueux qui le mérite. La meilleure bande-son qui soit pour le retour de la belle saison.
8,5/10
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