Le 7 mai dernier, le jam band de l’australien John Butler a fait vibrer le Trianon à l'occasion de sa tournée en l’honneur de son nouvel album, Flesh & Blood, accompagné par le songwriter américain Brett Dennen.
Après un tournant électrique plutôt rock bien engagé avec April Uprising en 2010, le trio revient aux fondamentaux : de la folk-music, de la vraie. Le groupe, manifestement très attendu, a fait salle pleine, et a su satisfaire ses spectateurs, qui attendaient devant la salle depuis déjà quelques heures.
Brett Dennen
Si l’ouverture en douceur de l’américain n’a pas provoqué d’euphorie collective, elle fût très appropriée pour assurer la montée crescendo de l’ambiance, notamment avec "Wild Child", qui a su attirer l’oreille des spectateurs, et les a préparés à "When We Were Young", sur laquelle certains ont même poussé la chansonnette. La formation est particulière, puisqu’elle ne se compose que d’un guitariste soliste et ambiant, et d’un chanteur guitariste. Malgré l’absence de batterie, le tout est bien rythmé, mais l’intérêt principal se trouve néanmoins dans le chant et plus précisément dans le timbre vocal très particulier de Brett Dennen : sa voie aigue, se situant a peu près entre vieille femme et jeune homme se prête tout à fait au genre qu’il exploite.
John Butler Trio
On se souvient du désormais mythique live de Red Rocks, qu’a enregistré le groupe en 2010. On savait donc de quoi le groupe était capable : gérer l’ambiance et l’humeur du public, c’est son truc.
Avec "Revolution", excellente composition d’April Uprising, John Butler remet au gout du jour les morceaux de son album précédent. Alors que l’ambiance tantôt planante, tantôt énergique, laisse progressivement le public se mettre en mouvement, "Used To Get High" vient consolider les fondations d’un concert déjà bien lancé. Le son est de bonne qualité, bien équilibré et le jeu de lumière plutôt beau, mais classique.
Revenant sur Flesh & Blood, le groupe enchaine "Cold Wind" et "Bullet Girl", nous laissant admiratifs sur la qualité de sa prestation, quelque peu différente de la version studio. On sent que malgré son talent, le nouveau batteur est moins énergique que son prédécesseur, Nicky Bomba. Retour de l’énergie électrique sur "I’d Do Anything" suivi de "Only One", aussi attendue que bien accueillie. Le public se réveille d’un seul coup, suivant le rythme en claquant des mains.
Sur "Hoe Down", le bassiste, passe à la contrebasse, et John Butler troque sa guitare contre un banjo, qu’ils garderont tout deux pour jouer "Better Than". Force est de constater qu’elle fonctionne toujours aussi bien en live : le public reprend le refrain sans hésiter.
Le trio nous plonge ensuite petit à petit dans le bush australien avec "Blame It On Me", suivie de "Pickapart", une des nombreuses chansons sur lesquelles le guitariste utilise sa fameuse douze-cordes, ou onze-cordes… ou douze-cordes avec une corde en moins. Nos scientifiques étudient la question.
Belle surprise sur "Losing You" : John Butler reste seul sur scène, rejoint par sa compagne, Mama Kin. La séquence émotion ne s’arrête pas ici : malgré une version quelque peu écourtée, "Ocean" comble l’auditoire, ne se répétant presque jamais, ce morceau reste la pièce unique et personnelle de chaque concert de JBT.
Le groupe donne un coup de fouet avec "Don’t Wanna See Your Face" d’April Uprising, "Devil Woman" et "How You Sleep At Night", de Flesh & Blood. Final sur "Zebra", pour lequel le trio reçu un Australasian Performing Rights Association Award en 2003 en tant que Song of the Year. L’interaction avec le public se précise, mais hélas un peu tard dans le concert, lorsqu’il propose à la fausse de reprendre les chœurs du refrain.
Acclamé pour l’excellent concert qu’il vient de donner, le groupe ressort de l’ombre du backstage et GRAND final avec "Livin’ In The City", et "Funky Tonight". Malgré un public un peu mou, mais tout de même motivé, on en redemande, mais épuisé, le groupe s’éclipse après de chaleureux remerciements. On regrettera néanmoins l'absence de "Treat Yo Mama", dont on dut se passer, ainsi que celle des jams et impros, souvent plus présents en open air. Un passage au lap steel ou au didgeridoo comme on en a déjà pu le voir avec le John Butler Trio n’aurait pas été de refus non plus.
Pour les malchanceux n’ayant pu assister a cette chouette soirée, sachez que rien n’est perdu, le groupe reviens pour trois dates françaises : le 2 juillet à L’autre Canal (Nancy), puis 9 juillet au Bataclan, et même le lendemain à l’Olympia !