Les princes d'Egypte
Amon Sethis, groupe français fondé en 2007, officie dans un registre Prog Metal mélangé à des influences orientales. Projet assez conceptuel, le quintet nous raconte à travers ses albums l’histoire de la 7e dynastie égyptienne. Après un premier album (Part I : The Prophecy) plutôt bien accueilli par la critique et débordant d’invités, Amon Sethis nous présente aujourd’hui la deuxième partie de son récit avec Part II : The Final Struggle.
L’ambiance de l’album est donnée dès l’intro "Prelude to Chaos", aux orchestrations très cinématographiques nous plongeant dans l’Égypte antique et mythologique. Ce son « égyptien » est donc la marque de fabrique du combo que l’on retrouve dès les premières secondes de clavier du morceau suivant, "Shadow of the Light". Ce qui marque ensuite l’auditeur, c’est la composante extrêmement mélodique des compositions, évitant ainsi l’écueil du Prog Metal élitiste ou tout n’est question que de technicité. Ici, la musique nous fait rappelle plutôt celle de groupes comme Vanden Plas, Queensrÿche ou certains morceaux de Dream Theater tout en sonnant plus moderne et original grâce à cette composante orientale déjà mentionnée plusieurs fois. N’allez cependant pas en déduire que la musique d’Amon Sethis n’est pas technique. Chaque solo ou partie lead est un vrai bonheur autant pour les auditeurs musiciens que profanes, les premiers y trouvant leur lot de démonstration de maîtrise tandis que les autres peuvent se régaler des mélodies omniprésentes tout au long de l’album.
Une des grandes forces de The Final Struggle est sa diversité. Tout en développant une continuité dans le son et l’histoire, chaque titre arrive à développer des émotions et couleurs qui lui sont propres. Pour cela, Julien Tournoud (chant), très à l’aise dans son registre puissant, mais mélodique, est secondé par des chœurs massifs et par moment des voix féminines. Cette diversité permet à Amon Sethis de se hisser parmi les groupes de Prog Metal qui arrivent à maintenir l’attention de l’auditeur sans effort (ce qui n’est quand même pas si courant dans le style). Une diversité se retrouvant aussi musicalement. L’enchaînement entre la fin atmosphérique de "Hope" et ses guitares acoustiques et le riff d’intro de "Aissem Tenemrâ" qui ravira les heabangers en est un exemple plutôt marquant.
Moment d’accalmie en plein milieu de l’album, "Eyes of the Sun" est remarquable pour son ambiance bien plus posée et délicate grâce à des parties de guitares acoustiques et de chant féminin. Respiration bienvenue au milieu de déluge de claviers, de chœurs et de riffs épiques que l’on retrouve à nouveau dès "Atevaris the Commander". Mais ces deux titres ne servent en réalité qu’à nous préparer pour "Exterminate the Earth" (cette intro aux claviers !) et "Far Beyond Death", morceaux apportant encore une nouvelle composante au son du groupe : du chant death !
Tout l’album menant finalement à la pièce épique de plus de 25 minutes qu’est "The Final Struggle". Apothéose sur laquelle se retrouvent tous les éléments entendus plus tôt dans l’album, la durée de cet ultime titre pourrait rebuter les moins courageux d’entre vous, mais vous auriez bien tort. Commençant de façon plutôt calme, le morceau monte en puissance jusqu’à la fin du combat contre le dieu Seth. Prouvant toute la force narrative du combo grenoblois, "The Final Struggle" est véritablement l’élément clé et le gros point fort de l’album.
Part II - The Final Struggle est donc un album à conseiller autant aux fans de Metal progressif qu'à ceux de Metal épique et narratif qui se feront un plaisir de suivre l’histoire en lisant les paroles tout en écoutant le disque. Digérant parfaitement ses influences, Amon Sethis parvient à éviter la bouillie sonore en plaçant chaque élément de façon à servir son propos et son récit et non pas juste pour en mettre plein la vue. Ajoutez à cela des refrains qui pourraient faire un malheur en live devant un public dévoué et vous avez un groupe montrant déjà une très grande maturité sur ce deuxième album qui vous révélera un peu plus ses secrets au fil de chaque écoute. Nous attendons le troisième opus, censé clore l’histoire, avec impatience.
8/10