La sortie de ce second EP pour Down est l'occasion ou jamais d'aller à la messe. Oui, la messe, parceque cela paraîtrait censé deux ans après un "Down IV : part 1" un brin décevant et d'un niveau bien inférieur à un "NOLA" ou encore un "Over The Under".
Rajoutons à cela le départ de l'emblématique Kirk Windstein (member fondateur & guitariste du groupe) qui cède ainsi sa place à Bobby Landgraf ; ainsi qu'un Phil Anselmo qui a visiblement développé un don d'ubiquité puisqu'on le voit un peu partout en ce moment ; vers quoi le groupe se dirige-t-il donc ?
La formation américaine nous avait prévenu ; cette série de quatre EP serait plutôt disparate, chaque disque aurait ainsi sa propre personnalité, son propre style, et se détacherait du précédent. L'occasion pour nous de vérifier la véracité de ces dires, en somme !
Otons de suite tout suspens, ce "part II" contient du bon mais aussi quelques parties un peu trop lentes et d'apparences pas trop recherchées ; il est cependant nettement au dessus de l'opus précédent.
"Steeple" lance d'une belle manière cet EP et le résume également très bien ; c'est lourd, il y a du riff et ça braille !
Ca continue avec les sonorités plutôt malsaines de "We Knew Him Well" un brin plus tourmenté que le titre précédent ; suivi d'un "Hogshead Dogshead" assez déroutant en ce sens qu'il est le titre le plus court mais également peut-être le plus déroutant de part son côté très brouillon et la voix très abrupte d'Anselmo.
"Conjure", d'une noirceur frappante, nous soumet un rythme super massif et constitue un véritable petit bijou de plus de huit minutes duquel on se délectera sans retenue, avant un très bon "Suffer's Years" qui fera sans doute très mal à la nuque en live et dont les soli et riffs sont tout bonnement jouissifs. "Bacchanalia" et ses six minutes vingt de noirceur et de lenteur alliées à son final très éthéré de deux minutes trente, vient finalement clôturer cet album. Sa partie finale donne une touche légèrement mélancolique et pour le moins dérangeante au tout, au vu de l'atmosphère générale de cet album ; assez surprenant à la première écoute !
A travers des titres aux durées très variées (du simple au double !), on constate - une fois de plus - que Down est bien une machine à groover ! Le groupe délivre un son bien gras et baveux, dans une pure lignée sludge. Les riffs (citons par exemple "Conjure" ou "Sufferer's Years") sont vraiment accrocheurs, et Anselmo semble en bonne forme et use intelligemment son organe (!), en développant une alternance vocale qui lui permet ainsi de créer des ambiances différentes sur des riffs pourtant peu changeants (cela lui permettra surtout aussi d'économiser sa voix en live !).
Ce que l'on peut regretter, c'est le manque d'originalité dans les compositions ; alors certes c'est entraînant, ça gueule, il y a du riff mais ce qui est un peu handicapant pour l'album, c'est l'absence de prise de risques ! On a parfois l'impression que les musiciens de réfugient dans une recette qui marche au détriment de leur liberté de jeu, et qu'ils subissent les contraintes du style qu'ils se sont donnés alors qu'à la base, quand ils ont rejoint ce projet, c'était avant tout pour faire quelque chose "d'à part", pour libérer leur rage et leur côté créatif.
La production aurait quand à elle tout de même pu être un poil plus soignée ; c'est dommage !
Certes, ce "IV part II" n'est pas un nouveau NOLA (d'ailleurs, est-ce tout simplement faisable de refaire une bombe pareille ? et est-ce aussi le but, après tout ..)
Il n'empêche que Down en live est une valeur sûre, et que cet EP nous propose tout de même quelques petites perles qui vont pour sûr envoyer du steak sur scène ! On attend donc de voir cela avec impatience.