La spirale montante !
Un concert de NIN, c’est toujours un évènement. Déjà parce que l’œuvre de Trent Reznor a tout ce qu’il faut d’unique et de puissant pour exciter les foules, mais aussi parce que le groupe est connu pour ne pas lésiner sur les effets visuels lors de ses prestations en public. Ajoutez à cela la tournée de reformation entamée l’année dernière, avec un nouvel album encensé par la critique et les fans, et vous aviez tous les ingrédients pour un cocktail explosif au Zénith de Paris. Voici notre bilan de la soirée, avec ses tenants et ses aboutissants.
Cold Cave
En guise de première partie, nous avions droit au duo américain Cold Cave, mené par Wesley Eisold, occupant la fonction de compositeur et chanteur au sein de la formation. A l’écoute, on peut tout de suite déceler la période visée : les années 80, qui ont vu fleurir la new wave, le rock gothique et ses multiples sous-genres, qui ont eux mêmes influencés le père Reznor. Pulsations puissantes et entêtantes, sons de synthés oscillant entre le kitsch et la modernité, voix au timbre mélancolique, vous avez le tableau en tête ?
Il semblerait que Cold Cave vise à mélanger ses différentes influences des années 80, pour ensuite les associer à des palettes de sons plus modernes, idée plutôt bonne en théorie. Mais assez vite, on se rend compte que le duo penche plus du côté nostalgie que du côté nouveauté. Au cours du set, on a donc l’impression de passer de Clan of Xymox aux Sisters of Mercy, sans oublier The Cure. De bonnes et saines influences, me direz-vous ? Sauf qu’il ne suffit pas de reproduire les codes de composition des aînés pour réussir son coup, un peu d’apport personnel permettrait au tout de se démarquer. Et force est de constater qu’il est difficile à déceler ce soir.
Wesley Eisold va même jusqu’à singer les intonations de voix de ses illustres prédécesseurs, point sur lequel il réussit plutôt bien, mais encore une fois, on regrette que le bougre ne s’affirme pas un peu plus. Et pourtant, le groupe est très bien accueilli par la foule, qui lui offre de belles ovations entre chaque morceau.
Reconnaissons-le, Cold Cave aura eu le mérite de nous replonger dans une époque pleine de sonorités et de tics de compositions qui sont aujourd’hui passés de mode. La musique était assez bien orchestrée et le chanteur avait l’attitude nonchalante qui sied au genre. Le groupe quitte la scène sous les vivats, après avoir distillés quelques mélodies pas désagréables à l’écoute : que demande le peuple qui attend impatiemment que Nine Inch Nails monte sur scène ?
NIN
Les lumières s’éteignent, une silhouette d’homme musclé s’avance sur scène pour lancer un beat électro’ bien accrocheur, et le public chaud bouillant hurle de contentement lorsque les lumières révèlent que nous sommes face à Trent Reznor ! Il est ensuite rejoint par ses acolytes pour un set qui gardera un fort niveau d’intensité et d’adrénaline pendant toute sa durée. On peut remercier le personnel technique de NIN : le son est très précis et tranchant, chose à laquelle un habitué du Zénith n’est pas accoutumé, clairement. Il n’est pas non plus trop fort, permettant de percevoir les nuances et multiples couches de la musique pensée par Reznor.
Les tubes s’enchaînent, avec une setlist qui fait la part belle au grand classique The Downward Spiral et le plus récent Year Zero, lui aussi fourbi de pépites. « March of the Pigs » détruit tout sur son passage, tandis que « Piggy » fait généreusement monter la température du Zénith avec sa ligne de basse sexy et ses paroles lascives. Côté spectacle, on est servi, avec un énorme écran placé derrière les musiciens, avec un rendu impressionnant qui permet de voir, au travers, Ilan Rubin marteler son kit de batterie quand il n’est pas à la programmation ou à la basse. On le verra aussi prendre une guitare sur « Copy of A », bien qu’on puisse être plus que dubitatif quant à son apport dans le morceau. En effet, celui-ci repose bien vite sa guitare, sans qu’une réelle différence sonore se fasse sentir.
Le rendu visuel de l’écran et des spots placés au dessus des musiciens est très réussi, avec une mention spéciale pour « Gave up », avec un rendu bleu, blanc, rouge du meilleur effet. Il y a aussi un côté amusant quand on se dit qu’habituellement, en France, cette association de couleurs est présentée dans des circonstances bien moins rock n’ roll. Vous avez compris.
La setlist balayant large, cela permet au groupe de déployer tout son spectre musical, avec des passages très ambiant et hypnotiques (« Sanctified »), qui sont suivis par des rythmiques lorgnant plus vers le rock ou le métal (« Reptile). Et de temps à autre, paf : un classique apparaît et redonne un coup de jus au concert. On peut notamment penser à « Closer » avec une très belle projection rougeoyante qui colle parfaitement à l’ambiance de la chanson. Nous aurons également droit à un duo de programmation entre Trent Reznor et Alessandro Cortini, révélant de la part des deux hommes une maîtrise impressionnante de cet amas technologique, et presque toujours au service d’idées musicales réussies.
On constate tout de même que, lorsque les choses se calment et qu’on entend Trent chanter seul, il a beaucoup de mal, et particulièrement dans les aigus. On est un peu gêné pour lui pendant le rappel avec « The Day the World Went Away » et « Hurt », dont l’intensité souffre de cette faiblesse vocale. Enfin, c’est probablement le seul point noir à relever de cette soirée rondement menée, avec un public hystérique du début à la fin. Vivement la suite !
Photos : remerciements à Hardforce