Grosse surprise de la scène rock US de ces six premiers mois de 2014, Nothing More semble rapidement et efficacement devenir une nouvelle référence du genre. Pour sa première promotion en dehors des Etats Unis, les Texans ont choisi Paris pour répondre aux questions des médias européens. Pas forcément conscient de cette nouvelle vie, du succès ou encore des attentes que certains ont pour son groupe, Jonny Hawkins, chanteur de la formation, s'est prêté au jeu de l'interview avec cette sincerité et cette touchante naïveté qui peut caractériser certains groupes émergeants.
Merci pour cette interview Jonny. C'est donc la première fois que tu viens en France... Et en Europe. C'est ça le succès?
Je ne sais pas trop. Oui ça commence je pense. Je me sens nerveux, impatient et, tout simplement, très pressé de vivre cette nouvelle expérience. Nous tous sommes très excités pour cette aventure qui démarre très fort et très vite.
En effet! Vous n'êtes pas avares sur le plan communication! Et Nothing More commence à faire pas mal de bruit.
C'est vrai que nous nous mettons bien en avant, mais pas par orgueil, plutôt par passion. Nous voulons surtout pouvoir créer des liens avec ceux qui aiment ou aimeront notre musique. La communication est la chose la plus importante quand tu te lances dans un projet sérieux. Communiquer tes émotions et tes sentiments, c'est humain. Nous aimons travailler les textes que nous allons publier dans la presse ou sur internet. Nous ne sommes pas des musiciens froids (rires).
Il y a une autre personne qui semble beaucoup vous avoir en estime: Alan Korvac, big boss de d'Eleven Seven Music. Comment vous-êtes vous rencontrés?
Un jour nous avons eu un coup de fil de cet éminent label qu'est Eleven Seven Music, une semaine avant de jouer dans un grand festival en Californie. Ce n'était pas le premier label avec qui nous étions susceptibles de travailler, nous avions nous aussi passés des coups de fil pour voir qui serait intéressé par notre musique. Beaucoup de label peuvent te répondre "oui" et te promettre de nombreuses choses. Mais avec Alan, c'était différent. Il avait un côté plus "franc" et "badass". Il était complètement enflammé par notre musique. On a même appris qu'un jour où nous répétions il était venu écouter derrière la porte. C'est un mec qui pèse vraiment lourd dans l'industrie de la musique. On était juste totalement excité à l'idée de faire équipe avec lui.
En fait je te pose cette question car Alan Korvac a tout de même déclaré qu'"un groupe comme Nothing More il n'y en a qu'un tous les dix ans"...
WOW... j'avais entendu quelque chose comme ça mais tu me l'apprends! C'est tellement flatteur, je sais qu'il n'est pas avare en compliment. Ecoute à part te dire qu'après ça je me sens fier et que j'espère que Nothing More sera ce groupe je n'ai rien d'autre à dire... A part que j'espère qu'il aura raison! (rires)
Plus les mois passent, plus Nothing More semble devenir une des plus grosses révélations hard-rock de cette année 2014. Peux tu nous présenter un peu ton groupe?
Nous nous considérons vraiment comme un groupe dans le sens où nous sommes quatre et nous faisons et décidons tout à quatre. Cela comprend l’écriture, la communication mais aussi notre attitude sur scène. Jamais un membre n'a pris de décision sans consulter les autres. Nous nous considérons vraiment comme des frères, pas génétiquement bien sûr (rires), mais souvent on nous définit comme quatre frères. Nous nous battons et nous vivons comme des frères. Et c’est avec cet état d’esprit que nous avons simplement, efficacement et intelligemment assemblé chaque pièce du puzzle. Je pense qu’il y a beaucoup trop de groupe avec un seul leader ou une tête pensante qui porte le groupe à eux seul. Pour nous, chacun dans Nothing More est cette personne. Quand nous écoutons un morceau que nous avons terminé, nous nous regardons et nous disons, c’est vous et moi qui l’avons fait. Nous nous sommes toujours concentrés sur cette vision de la musique et je pense que nous avons atteint notre but.
Nouveau groupe donc question inévitable : quelles-sont vos influences ? Elles semblent très nombreuses.
Vaste question ! Disons que nous aimons tous la musique bien « heavy », bien lourde. On est tous des fans de Deftones, Metallica, Meshuggah et aussi de Tool. Beaucoup de Tool en fait. Ca ne se ressent probablement pas dans notre musique, mais nous essayons d’apporter le même univers pesant, psychédélique et cérébrale qu’eux. C’est un peu pour les mêmes raisons que nous adorons Meshuggah, parce que bien au-delà de l’aspect très brutal de leur musique, nous admirons beaucoup la « trans » qu’elle peut provoquer. Leur technicité et les rythmes incroyables qu’ils produisent sont, nous le pensons, d’abord une sorte de sagesse. Ce n’est peut-être pas la meilleure réponse mais je pense que ce sont bien nos meilleurs influences et inspirations parce que c’est surtout leur état d’esprit que nous retenons. Après dans nos compos, je pense que tu retrouves un peu de tout : du hard rock, du metal, du hardcore, du hip-hop ou même du twist.
Que représente ce premier album pour Nothing More ?
Beaucoup de choses. C’est notre premier album avec un label et pour certains d’entre nous le premier enregistrement tout court. Pour ma part c’est la première fois que j’enregistre en tant que chanteur. Mais ça représente surtout la solidité de notre line up. On a eu beaucoup de désistement et Paul (batterie) était la dernière pièce manquante de notre puzzle. C’est pour ça que nous avons fait un album éponyme, pour marquer le coup. Cet album représente aussi quelque chose de très fort pour moi. Quand tu portes encore les cicatrices de projets passés qui n’ont pas aboutis, voir un tel album naître, c’est quelque chose de très fort. Tu es comme un gamin à Noël. C’est le genre de chose qui te fait grandir. Tu sais il y a cinq ans, j’ai perdu ma mère à cause d’un cancer et ma sœur avait des gros problèmes d’addiction à l’alcool et aux drogues. C’est très cliché mais c’est dans la musique que j’ai trouvé un certain refuge. Ce sont ces cicatrices qui m’ont fait avancer dans la musique. Et quand tu vois cet album naitre tu regardes derrières toi et tu te dis « putain toutes ces merdes c’est terminé » maintenant place à l’avenir. Et quand je repense justement à ces heures en studio, quand je me revois seul dans mon appartement à écrire les textes et à m’entrainer à
chanter, quand je regarde ces cicatrices qui sont maintenant complétement fermées, je me rends compte que cet album est au final un véritable remède. Oui c’est ça qu’est Nothing More, un véritable remède.
A propos du studio, comment avez-vous travaillé ? Je suppose que du coup il n’y a pas eu de tête pensante ?
C’est ça, nous avons travaillé et écrit tous ensembles. En fait nous avons travaillé dans un studio composé de deux pièces différentes : l’une en bas pour jouer de la musique, l’autre du dessus pour se détendre et écrire les textes, c’était aussi une salle de repos avec des jeux vidéo et des choses comme ça. Il faut absolument te détendre quand tu composes. On est pratiquement jamais sorti de cet endroit. Après bien sûr chacun avait ses idées de son côté et nous les partagions dès que nous étions ensemble.
Revenons à l’album, les médias ont reçu successivement deux versions : une de onze pistes et une autre de 17 pistes. Du coup quelle version sera disponible le 23 juin ?
En fait lorsque nous avons commencé à travailler avec notre label, nous n’avions pas terminé l’écriture de Nothing More. Mais nous avions déjà édité quelques albums promos avec onze pistes, mais on avait tellement d’idées que pour nous le job n’était pas encore tout à fait terminé. Après avoir signé, et avoir été un peu « pressés » par notre label, nous avons dit ok pour une promo de onze morceaux. Il y aura une version deluxe. Mais pour être honnête, je ne peux pas trop te dire ce qu’elle contiendra au final. Tu sais les packagings, les versions deluxe, les royalties et toutes les choses comme ça, cela se passe au niveau du label, nous sommes un peu indépendants de tout ça. Vous aurez la surprise (rires) !
Pour promouvoir l’album vous avez choisi de regrouper l’introduction "Ocean Floor" avec "Ballast" et de renommer le tout "This is the Time". Pourquoi ce morceau ?
A l’origine, une ballaste est un compartiment que tu peux trouver dans les sous-marins et qui permet son équilibre et évite qu'il coule. Le but de cette chanson c’est un peu d’expliquer notre vision de l’équilibre de la vie. Cet équilibre que tu peux être amené à perdre comme tout être humain. Comment t’en sortir ? A quoi t’accrocher ? Comment être assez fort ? Comment remonter à la surface ? Cette chanson c’est notre vision et notre interprétation de ce moment où tu perds cette ballaste et donc ton équilibre. Après si nous l’avons renommé "This is the Time" pour le single c’est parce qu’il fallait être réaliste, "Ballast" est un mot trop peu commun et quand tu es en pleine promo, mieux vaut utiliser des termes plus usuels pour les gens. Donc on a changé en "This is the Time" pour que les gens puissent le trouver plus facilement. Et ça a marché je pense, on appelle ça du marketing (rires) !
Que représente la scène pour Nothing More ? Que voulez-apporter à votre public ?
Tout ce que nous pouvons leur donner. Nous voulons qu’il sente cette énergie et cette passion qui nous animent. Ce que je ressens quand je suis sur scène ? L’impression de conquérir le monde. Plus on avance plus les scènes deviennent grandes, et tu vois, je ne veux pas que les gens en face de moi ressente que je suis à l’aise. Je veux qu’il ressente la peur qui me prend et le plaisir que j’ai à la surmonter.
Les derniers mots sont pour toi, tes fans, tes futurs fans, le public français…
Je suis impatient de rencontrer le public français, surtout que notre premier show en France le 10 juin prochain aura lieu avant la sortie de notre album. Nous allons tout vous donner en espérant que cela vous plaise, comme nous le faisons à chaque concert. C’est une nouvelle et très belle vie que nous commençons avec Nothing More. C’est un challenge que nous ne pouvons relever qu’avec vous. Paris sera surement une occasion de nous faire de nouveaux amis avec ce public. Et d’une façon générale, et même si je sais que c’est un peu stéréotypé, n’oubliez pas que lorsque nous sommes loin de notre pays et de nos familles, c’est vous qui nous apportez la chaleur dont nous avons besoin.