Lag I Run – Sunlight Scars

En ces temps troublés, il est rare d’avoir de vraies surprises. Nombre de zicos préfèrent coller à un courant en vogue, ou se référer à leurs glorieux aînés pour expliquer leur volonté assumée de ne faire preuve d’aucune originalité. Pourtant, comme nous le rappelait une publicité récente, un type comme John Lennon (on en pense ce qu’on veut, mais tout sauf un tocard) affirmait qu’il ne comprenait pas ce qu’il pouvait y avoir de rock’n roll à rester scotché au passé, et qu’il trouvait ça tellement plus cool de faire son propre truc en s’inspirant de son époque. On ne sait pas si Nay Windhead, le compositeur de LAG I RUN, a eu vent de ce crédo, pourtant il l’applique à la perfection. Ce jeune homme basé dans le sud ouest de la France a bourlingué durant un certain temps, multipliant les expériences musicales au cours de pérégrinations qui, au vu du résultat final, ont considérablement enrichi ses perspectives. Il est en effet rare de rencontrer une telle maturité, une telle originalité dans un premier album. Car c’est bien d’un premier album qu’il s’agit, injustement chroniqué à la bourre dans nos pages. Après avoir pondu une démo, notre ami s’est dégotté des zicos de folie (tous ont des CV qui font peur) pour apporter leur grain de sel aux 13 titres de ce « Sunlight Scars » qui est sorti le 17 mai dernier chez PERVADE PRODUCTIONS.
 

LAG I RUN, quel nom étrange me direz-vous. Certes, ben décrire la zique de ces frappadingues n’est pas chose aisée non plus. Toujours énergique, jamais vraiment agressive (à l"instar des influences citées, leur affiliation au métal n'est là que par défaut) bien que basée sur des gros riffs, une voix claire et puissante, des passages déjantés à la FREAK KITCHEN, un gros mix d’influences diverses et variées et une maestria technique à la EXTREME (y a clairement du Bettencourt sur « Mascara », funky à souhait, les deux grosses influences sur les lead étant Nuno et « IA » Enklundh de FK), et des transitions hautement improbables qui témoignent d’une volonté de sortir des sentiers battus inspirée du progressif, LAG I RUN fait partie de ces ovnis musicaux sortis de nulle part qui déboulent sans crier gare et qui s’imposent à la seule force de leur musique. Rajoutez quelques choeurs et une pincée de QUEEN, vous aurez une idée relativement complète de l’ensemble. Cette approche explique sans doute les comparaisons répétées avec MUSE. Enfin, un MUSE débarassé de ses tics énervants, de sa voix de canard horripilante et de son ambiance « je me la raconte mélancolique ». Vous l’aurez compris, votre serviteur n’a jamais accroché à la musique de Bellamy et ses sbires (encore moins à la voix du premier cité). Et si musicalement, les similitudes ne sont pas si évidentes que cela, on retrouve des points communs dans l’approche artistique. La zique en elle-même, en grossissant le trait, se rapproche plus d’une version très modernisée d’EXTREME, moins hard rock, Nay ayant clairement biberonné à tout ce que le rock a pu offrir depuis.

 

La pression ne retombant jamais vraiment, on apprécie les quelques intermèdes instrumentaux bienvenus proches du post-rock (EXPLOSIONS IN THE SKY en tête) et des tentatives plus foncièrement mélodiques, « First Night for the Leading Part » et surtout « Inward Sin », qui lorgne par moments du côté de RADIOHEAD, permettent de souffler un peu. Bah, vous connaissez le dicton, si c’est trop fort, c’est que vous êtes trop vieux ! D’autant que cela n’enlève rien aux multiples qualités de brûlots comme « The Ceiling is Grey » au refrain imparable qui débouche sur un court passage de scratch (!!!), avant un solo monstrueux de fluidité et une outro bien rentre-dedans parce que finir normalement c’est chiant, à la bonne humeur imparable et l’énergie communicative d’«Adrifted », qui ouvre les hostilités, au groove incendiaire omniprésent (toujours l’influence de Nuno et compagnie), à la diversité proprement hallucinante, aux nombreuses trouvailles qui, pour la plupart, s’intègrent parfaitement aux compositions... La liste des qualités est trop longue pour être énumérée de façon exhaustive. Tout ce que l’on peut souhaiter à ces jeunes loups, c’est que cette excellente galette leur permette de décrocher une première partie intéressante (Matthias si tu nous lis !!!). Au vu du savoir-faire impressionant étalé ici, il paraît évident qu’ils sauront transformer l’essai sur scène. Et que l’expérience accumulée leur permettrait d’accoucher d’un album encore meilleur, tout aussi déjanté et plus efficace, le tout, avec un peu de chance, produit par un sorcier des manettes qui saura tirer le meilleur des possibilités du quartet. Une chose est sûre : on tient là une pépite, une des découvertes de l’année, et avec un tel potentiel, tous les espoirs sont permis.

Ma note : 8,5/10

http://www.myspace.com/lagirun
http://www.pervade-productions.com/

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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