The D Project – Making Sense

Quatrième album pour le groupe canadien de progressif The D Project. Malgré des instrumentistes doués, des collaborations prestigieuses et un certain talent, le groupe ne s'est jamais imposé, la faut avant tout à des albums toujours en demi-teinte qui ne lui ont jamais permis de s'extirper de la multitude de formations "bien mais pas top". Ce défaut est d'autant plus rhédibitoire dans un genre comme le progressif, qui ne dispose que d'un public restreint. Dès lors, soit on propose quelque chose de vraiment original, ce que sont parvenus à faire des gens comme Steven Wilson, Frost*, From Uz et tant d'autres, soit on reste dans les clous définis par les grands anciens, et là, la barre a déjà été placée terriblement haute par les Transatlantic, The Tangent etc... Or, le problème de The D Project est bien de ne pas trop savoir quelle direction emprunter. Du coup, le groupe propose des compositions agréables, mais des albums qui manquent d'un vrai parti pris artistique.

Sur ce 4e effort, tout commence plutôt bien avec "Rearview Mirror", qui évoque un Pink Floyd énervé (le mastering a été confié à Andy Jackson, qui a officié sur les deux premiers albums post Roger Waters du Floyd, Lapse of Reason (1987) et The division Bell (1994)). Assez sombre, proposant des mélodies étranges avant un superbe break et un long solo de sax qui emmènent sur un beau final, cette bonne entrée en matière est malheureusement suivie par le morceau-titre, qui quant à lui est largement trop inspiré par le géant anglais pour être honnête. On a là un autre problème récurrent dans The D Project, qui n'est jamais vraiment parvenu à prendre ses distances avec ses principales influences. Ajoutez à cela des capacités d'écriture bonnes mais sans plus, et vous comprendrez que même de bonnes idées comme les parties de violon endiablées de "What is real" ne suffisent plus à sortir l'auditeur de l'ennui poli dans lequel il tombe peu à peu.

Ces écueils auraient pu être évités si le groupe avait au moins un vrai propos artistique à défendre. Las, il se contente de vouloir faire vivre le style qu'il aime en posant ça et là une petite touche personnelle, trop diffuse pour vraiment peser dans la balance. Il n'y a certes aucun mal à ce que des musiciens cherchent à se faire plaisir en jouant le style qu'ils apprécient ; mais dès lors, seuls les acharnés du prog' à l'ancienne pourront y trouver un intérêt. Le chant n'est pas génial (un défaut récurrent dans bon nombre de groupes du genre), les mélodies peu marquantes, l'instru sympa sans plus, et le tout souffre d'un gros manque d'originalité. Reste un album interprété de façon professionnelle qui pourra satisfaire les mordus. Pourtant, ce n'est pas non plus comme si les groupes de prog' étaient une espèce en voie de disparition. Concernant The D Project, si une fois de plus il n'y a aucune raison de crier au scandale, le groupe semble malheureusement condamné à rester en 2e division.

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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