Aaron Beam et David Sullivan de Red Fang

À l'occasion du Cabaret Vert de cette année, Red Fang nous a accordé un moment pour parler avec eux de leur musique et d'eux-mêmes. Nous avons donc rencontré Aaron, bassiste et chanteur du groupe, et David, l'un des deux guitaristes.

Un fois les présentations faites, nous sommes entrés dans le vif du sujet :

DonMendelo :
Êtes vous satisfait des retours sur votre dernier album ?

David :
Oui dans l’ensemble on est assez content de ce qu’on a fait et de ce que les gens en ont pensé, même si parfois ce qu’on entend n’est pas à la hauteur de nos attentes. Quoiqu’il en soit, j’essaye d’ignorer tout ce qui est écrit sur nous en ligne ou dans les magazines, je lis les critiques de temps à autres mais je ne veux pas être affecté ou influencé par ce que les gens pensent de notre disque. Notre musique n’est pas directement faite pour plaire, c’est avant tout un truc qu’on veut exprimer. Mais tout ça reste mon avis personnel. Je sais que pendant un moment notre batteur lisait tout ce qui sortait sur nous et quand les critiques étaient mauvaises, il était pas bien. J’essaye simplement de ne pas regarder ça.

DonMendelo :
C’est votre musique, ce que vous voulez faire. Ça paraît logique !

David :
Oui ! Heureusement pour nous, le public a apprécié l’album et les gens viennent à nos concerts. Ça me fait vraiment plaisir.

DonMendelo :
Vous pouvez me parlez de vos inspirations ? Ce qui vous plait, ce qui déteint dans vos compositions d’aujourd’hui… 

Aaron :
Bien sûr. Y’a pas mal de choses. Les derniers Mastodon en font partie.

DonMendelo :
Y compris Once Round The Sun ?

Aaron :
Je pensais plutôt à celui sorti avant The Hunter. C’était à l’époque de celui-ci qu’on a tourné avec eux. À force, ça rentre en tête ! Concernant nos autres principales influences… Soundgarden, Nirvana, pas mal d’autres classiques. Ty Segall nous influence beaucoup aussi. Mais peut-être que tu l’entendras moins que les autres dans nos morceaux.

DonMendelo :
Ty Segall vient de la scène de San Francisco, et vous venez de Portland. Quand tu diras Portland à des français, beaucoup vont répondre Dandy Warhols ou des trucs du genre. Manifestement il y’a un peu plus que ça. Vous pouvez me parler de la scène musicale de Portland ?

David :
C’est une scène assez riche en fait. La scène Electro est bien présente, tout comme la scène Folk, aussi beaucoup de Hard Rock et de Metal. Il y’a beaucoup de genres différents.

Aaron :
Des tonnes, ouais !

David :
Aucun genre n’est vraiment dominant par rapport au autres, en tout cas pas en ce moment. Beaucoup de musique, beaucoup de salles… Musicalement c’est vraiment un bon coin

Aaron :
Glass Candy
, les Dandy Warhols comme tu l’as dit.

DonMendelo :
Donc au final, c’est assez simple de trouver son public à Portland

David :
Ouais, c’est ça.

Aaron :
En fait on y trouve un aspect de compétition entre tous ces groupes et ces genres, parce que pendant un moment, Portland était une petite scène, donc les groupes se battaient un peu pour obtenir une salle sur convoitée par plusieurs d’entre eux. Le plus souvent, le soutien vient de tes amis qui te diront qu’ils adorent ce que tu fais, alors qu’ils veulent seulement être sympas et pensent que ton groupe est nul.

DonMendelo :
Ok, je vois. Certains disent qu’il existe deux types de groupes sur terre : ceux qui préparent leur jeu de scène de manière millimétrée, et ceux qui laissent l’improvisation diriger leur concert. Red Fang se classe où ?

Aaron :
Y’a un moment où le show doit être un minimum préparé, mais tout vient de l’improvisation, on ne prépare pas notre jeu de scène. C’est drôle que tu poses la question, parce que ça nous arrive de refaire les mêmes mouvements à certains moments du concert, mais c’est simplement lié à ce qu’on ressent qu’on on joue, c’est naturel. J’ai fais un jour un mouvement sur scène pendant une chanson, et ça allait bien avec la musique à ce moment là, je me sentais super bien et qu’on rejoue la chanson, ça me paraît bizarre de pas le faire.

David :
Dans un sens on y pense, puisqu’on prépare une setlist, tu te dit que, par exemple, cette chanson là sera trop lente à ce moment du concert, il en faut une plus rapide. On y pense simplement parce qu’on veut que le public s’éclate, saute ou lève leurs poings en l’air ! L’ambiance doit rester énergique.

DonMendelo :
Ça met un peu de piment dans le show !

David :
Tout a fait ! De temps en temps, pendant le set, je me rend compte qu’une chanson qui n’est pas dans la liste irait très bien dans la continuité du concert, on change pas le set comme ça sinon ça devient trop dingue. En tout cas on a pas de chorégraphie où de trucs de ce genre.

DonMendelo :
Vous avez le même set pour les festivals et pour vos dates isolées ?

Aaron :
En général ils sont très peu différents, il arrive qu’on change une chanson ou deux en fonction du contexte, de l’ambiance, du lieu… Mais quelque part, notre setlist fait aussi partie de l’identité du groupe, elle évolue avec lui plus qu’en fonction des dates qu’on fait.

DonMendelo :
Concernant votre travail sur vos albums, avez-vous travaillé de la même manière sur Whales and Leeches et sur les albums précédents ?

David :
Oui Plutôt ! Ça a toujours été globalement la même chose.

Aaron :
On a été plus rapides sur celui-ci par contre.

DonMendelo :
Grâce à votre expérience ?

Aaron et David :
À cause des tournées !

David :
On a fait beaucoup de tournées, et on avait pas le temps d’écrire. On voyage dans… C’est même pas un bus… C’est un petit truc. Donc pas possible de s’asseoir tous ensemble pour écrire, et personnellement, j’ai pas la force de faire un concert pour après m’asseoir et composer. J’ai besoin d’une séparation entre l’écriture et les tournées, donc je fais tout ça à la maison. On avait quelques choses comme 2 ou 3 mois sans tournées, et on s’est dit qu’on allait composer et enregistrer pendant ce laps de temps. Avant que les chansons viennent, on a pas eu de deadline a respecter, donc on a simplement écrit, et quand on a estimé avoir assez de morceaux pour faire un album.

DonMendelo :
Tu penses que vous auriez fait mieux si vous aviez eu plus de temps ?

David :
Difficile à dire… J’aurais voulu pouvoir écrire, puis partir en tournée, tester les chansons en live et s’y habituer, puis les enregistrer après les avoir retravaillées. Malheureusement ça pouvait pas marcher de cette façon. Il s’agit plus d’un temps de prise de recul et d’habitude, puis d’appréciation personnelle, que d’un temps d’écriture supplémentaire.

DonMendelo :
Donc vous avez pris le risque d’enregistrer sans avoir d’idée claire sur les retours potentiels.

David :
Exactement !

DonMendelo :
Vous pouvez me raconter une histoire de tournée sympa ou marrante ?

Aaron :
Y’a bien quelque chose qui me vient en tête, plus bizarre que marrant. On a joué à Besançon (ndlr : prononcé avec beaucoup de talent et de classe), il y’avait deux scènes, une au sous-sol et une au rez-de-chaussée, on jouait sur celle du rez-de-chaussée, et pendant le soundcheck, un mec de l’autre groupe, apparemment satanique, a commencé a crier au visage de David. C’était vraiment bizarre… On est retourné se changer pour le concert dans le dressing et les fringues étaient mouillées, on savait pas ce qui s’était passé et notre manager nous a dit plus tard que ce mec était allé dans le dressing de la salle pendant qu’on faisait le soundcheck et avait tout aspergé avec un extincteur.

DonMendelo :
Y’a des tarés partout…

David :
Il avait probablement eu un mauvais jour et il s’est défoulé sur nous !

Après de courts mais chaleureux remerciements de notre part, les deux comparses ont du s'eclipser pour mettre leur discours en pratique sur la scène des illuminations du festival. 

Pour savoir ce qu'on en a pensé, c'est ici.
 



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