Au Truskel, « microclub celtique » du 2e arrondissement, l'enthousiaste Jean-Louis Brossard nous a gratifié entre deux cigarettes d'une écoute éclair d’une bonne partie de la programmation des 36e Rencontres Transmusicales de Rennes. Et comme d’habitude, ça promet. Du 3 au 7 décembre, plus de 90 artistes investiront cette année les diverses salles rennaises, avec cycles thématiques, conférences, concerts jeune public (!), plusieurs créations scéniques conçues spécialement pour le festival, et toujours une affiche sans tête d’affiche. Si Stromae avait inauguré l’année dernière aux Trans sa tournée bulldozer de 2014, le plus « grand » nom de la prochaine édition serait peut-être l’artiste électronique (français) Rone. Du sang neuf en majorité écrasante donc, avec soulèvement de la chape anglo-saxonne, pour une programmation transcontinentale, transgenre, trans-ce-que-vous-voudrez.
Plutôt que vous noyer sous les noms (dont vous trouverez la liste exhaustive sur le site), deux chroniqueurs de La Grosse Radio vous proposent ici un savant prélèvement. En toute subjectivité bien sûr.
Den Sorte Skole (samedi 6, Hall 9 du Parc des Expos)
Dans la grande lignée des sampleurs-bidouilleurs héritiers de la culture hip-hop puis électronique, il faut désormais compter avec ce collectif danois. « L’École Noire », en bon français, propose un collage musical aux dimensions du monde, puisque leur matériau sonore est exclusivement glané sur des centaine de disques vinyle récupérés sur tous les continents. Entre dub, techno, downtempo et musiques du monde, se croisent cordes frottés, peaux raclées, cuivres patinés, sons 8-bits, chœurs et voix spectrales. Tout cela est à retrouver sur leur album disponible en téléchargement, Lektion III. Peut-être pas une œuvre, en tous les cas un passionnant voyage.
Dead Obies (jeudi 4, L’Ubu)
Du « post-rap », paraît-il. Comprendre, un coup de fouet donné au hip-hop par l’expérimentation et l’élaboration d’atmosphères singulières, parfois progressives. En l’occurrence, tantôt la pesanteur des beats évoque la bass-music, tantôt l’élégance rétro et capiteuse des instrus peut rappeler Buck 65. Mais chez ces Montréalais – cinq MC’s, un producteur – c’est surtout la manipulation ludique et riche en clins d’œil, jouissive et sans scrupule du franglais qui vaut le détour.
Metá Metá (vendredi 5, Hall 8 du Parc des Expos)
Et parce que « des Trans sans Brésiliens, ça n’existe pas » (J.-L. Brossard), nous irons écouter Metá Metá. Le trio emmené par la chanteuse Juçara Marçal renoue avec le métissage afro-latin qui donna naissance au géant de l’Amérique de Sud. Chanson, bossa, punk, jazz et afrobeat convergent vers des morceaux chaleureux, parfois audacieux et accidentés. Jean-Louis, amen.
Montral Sex Machine (dimanche 7, l'Ubu)
La disco c'est bien, c'est festif, c'est dansant. Mais le punk aussi c'est bien, c'est énergique et revigorant. Pourquoi devoir choisir entre crête et pattes d'eph' ? Les New-Yorkais (malgré leur nom) commettent là une disco-punk qui réconciliera tout le monde et vous emportera très loin.
Money for Rope (Samedi 6, Hall 8 du Parc des Expos)
L'Australie, pays du rock. Avec les Money for Rope, on se régale ici d'un hard-rock potache aux grands élans de bonne humeur et de tendresse. On retrouve des accents soul entre les accords de basse, et des solos marquants dignes de figurer à côté des plus grands.
Vaudou Game (Samedi 6, Hall 8 du Parc des Expos)
On s'éloigne ici du rock, mais le sextuor porte bien son nom et sert des rythmes groovy ensorcelants. Peter Solo conduit son public sur une soul dynamique et percutante revisitant l'afro-funk des années 70 aux sons de gammes vaudou, et on ne peut qu'être envoûtés !
Le meilleur est d'aller découvrir ce festival fourmillant par vos propres oreilles.
Par Benito Monolithe et Gregor Samsa