Non, les finlandais ne font pas que du métal tendance symphonique. Pour preuve, ce premier album de Magic Meredith, rock jusqu'au bout des ongles, qui préfère regarder vers le grunge et le rock alternatif des années 1990, tout en ajoutant une petite touche personnelle. Parce qu'à l'instar de leurs compatriotes, les musiciens privilégient la mélodie à toute autre considération, d'où une musique de qualité. Sérieusement, les gens du nord sont terriblement à l'aise pour pondre des lignes mélodiques marquantes et naturelles, tout en y ajoutant un grain de folie indispensable pour conférer à l'ensemble un aspect véritablement rock'n roll.
"Feed the Fall" ravira sans mal tous les amateurs du rock des 90s : l'ambiance est lourde et un poil sombre, mais également bien décidée à faire la fête. Le maître mot est l'énergie, redoutable, digne des premiers Pearl Jam. Anti Hiettala n'est pas Eddie Vedder,mais il s'en sort avec les honneurs derrière le micro, et ses collègues ne sont pas des manchots non plus. En revanche, la suite de l'album évoque plus volontiers un Alice in Chains en plus brut de décoffrage. Le point commun avec la bande de Jerry Cantrell ? Une incapacité totaleà la joie de vivre. C'est en effet une constante, musicalement, ça respire pas la joie de vivre. Même la semi ballade "Green Apple Scent of Sin" se complaît dans un lent spleen désespéré.
Si les mélodies, parties de guitare lead sont redoutables, on peut d'ailleurs regretter un peu ce côté relativement uniforme dans la noirceur. Heureusement que dans ces cas-là, il reste la violence punkisante pour réveiller tout le monde ("Pastisce"). Autre défaut, plus embêtant celui-ci, le sentiment que si le groupe maîtrise bien ses classiques, il ne parvient finalement pas vraiment à y apporter sa petite touche comme c'était le cas sur son premier titre. Devant la qualité des compos, de l'interprétation et quand on considère qu'il ne s'agit jamais que d'un premier album, on peut aussi considérer que l'essentiel est ailleurs et se concentrer sur la musique en elle-même.
A ce niveau-là, pas de doutes, c'est du bon, voire parfois du très bon, même si on n'aurait pas craché sur quelques refrains plus directement accrocheurs non plus de temps à autres. D'autant que le groupe est capable de varier un peu ses ambiances quand il en fait l'effort ("Scubadive"). Reste que ce premier album long format s'écoute très agréablement. Si Magic Meredith parvient à mieux digérer ses influences et à semontrer un peu plus léger detemps à autres, il pourrait parvenir à un équilibre dévastateur. Mais est-ce là leur objectif ? Affaire à suivre.
